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Perdus en pleine forêt canadienne après l’atterrissage, Léon Givaudan & Messner rentrent à pied (1910) [vidéo]

 

Lors de la 5ème Coupe Gordon Bennett de Ballon de 1910, au départ de Saint-Louis (USA) le vent entraîne les ballons vers le nord du continent américain, au-dessus de l’immense forêt canadienne sauvage. Pour ne pas finir sur la banquise le Genevois Léon Givaudan et Emil Messner se posent en pleine forêt, loin de tout. Il leur faut plusieurs jours, à pieds, mal équipés et sans nourriture, pour rejoindre la civilisation, croisant lacs et rivières. Pendant des semaines on ne sait pas qui a gagné la course et où sont les éventuels survivants !


A St-Louis, le 17 octobre 1910, le ballon Azurea emporte Léon Givaudan et Emil Messner et s’apprête à courir dans la 5ème coupe Gordon Bennett, sans se douter de l’aventure risquée à laquelle ils vont devoir survivre.

Léon Givaudan, ingénieur chimiste, collectionneur et aérostier

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Léon Givaudan (1875-1936) fondateur de l’entreprise de Vernier (GE).

La célèbre usine Givaudan, aujourd’hui à Vernier (GE), est fondée en 1895 par l’ingénieur chimiste Léon Givaudan (1875-1936) pour la fabrication de parfums et d’arômes synthétiques. Léon s’installe avec l’appui financier de son frère Xavier, directeur d’une société de produits pharmaceutiques à Lyon. L’entreprise déménage à Genève en septembre 1898 et va grandement se développer avant d’être intégrée dans le groupe Hoffmann-La Roche en 1963. Léon Givaudan, outre son talent de parfumeur pratique 2 passions : entre 1924 et 1930, il collectionne des accessoires de toilette datant du 18ème siècle constitués d’objets en matières précieuses luxueusement ornementées, réunissant l’une des plus importantes collections d’Europe.

Avant cela, c’est le ballon à gaz qui captive Léon Givaudan. Il passe son brevet d’aérostier en 1909 (brevet suisse no.27) et possède rapidement un volumineux ballon de 2.200m3, "l’Azurea", construit en 1908. Il participe dès 1909 à la Coupe Gordon-Bennett avec Emil Messner, capitaine dans la Troupe d’aérostiers militaires et vainqueur de la course de 1908 (voir : Récit). Après un départ de Zurich leur ballon aboutit en Haute-Silésie et se classe à la 3ème place après 22h23’ de vol. On verra ce ballon régulièrement dans les courses locales jusqu’en 1925 et sa carrière compterait quelque 28 ascensions. L’ancien réfectoire du personnel du site industriel de Vernier est longtemps resté décoré de photographies de ces ascensions. Quant à Léon Givaudan, 35 ans "il est un homme nerveux et calme, de grand sang-froid et de décision rapide. Tous deux sont faits pour se compléter mutuellement et pour composer une équipe d’autant plus redoutable. Nous donnons ci-après le compte rendu de cette équipée invraisemblable ..."

Au-dessus des vastes plaines nord-américaines en direction des grands lacs.

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Givaudan et Messner, prêts au départ.

Léon Givaudan : "L’Azurea" ne devait pas participer à la course. Outre la grosse perte de temps liée an départ de St-Louis (USA), il y a aussi la question financière à considérer alors que les Américains laissent bien entendre qu’en dehors de l’honneur de la victoire, il n’y aura pas d’autre prix. Mais pour celui qui a déjà participé à une telle course il est bien difficile de rester impassible et de laisser d’anciens concurrents se disputer la victoire. Le 18 septembre 1910, je téléphone à Messner et nous nous rencontrons à Neuchâtel. Il nous faut 10’ pour nous convaincre que nous brûlons du désir de partir. Le ballon est examiné dès le lendemain. Le 21 j’embarque au Havre sur le "Provence" et 2 jours après Messner est à bord du "Kaiser Wilhelm". A New-York et St-Louis nous pouvons constater le peu ou mieux le manque d’organisation que nécessite pourtant la plus grande épreuve aéronautique de l’année. Nous avons d’ailleurs à plusieurs reprises à nous plaindre du manque total de caractère sportif des Américains."

[NB : Messner dira : que les Américains sacrifièrent tout pour un meeting d’aviation auquel l’ex-président Roosevelt prit un intérêt tout particulier. St-Louis, 600.000hab, non favorisée par son installation d’usine à gaz fut incapable de débiter les 22.000m3 nécessaires aux 10 ballons en quelques heures. Les pilotes durent rester sur place, debout, toute la nuit pour obtenir leur gaz, ce qui ne les prépara pas à la fatigue du voyage et à l’effort considérable qu’ils devaient fournir. Pourtant, pour la 2ème fois la ville organise la course en 3 ans ! Mais quand pilotes et matériel y arrivent, tous regrettent réellement que la course y débute. Nulle part on n’obtient d’information, personne ne peut être joint ou ne connait rien au sujet de la course. C’est comme si l’on arrivait dans une autre et fausse St.-Louis. Finalement, le samedi 16 octobre, tous découvrent une notice dans le bureau des organisateurs disant que le lundi après-midi, le gonflement pourrait commencer, le lancement est programmé dès 16h30, ainsi que l’ordre des ballons et que chaque équipage bénéficierait de l’aide de 7 nègres.]

L.Givaudan : "La course part le lundi 17 octobre au Forest Park. Quatre nations sont présentes avec un total de 10 ballons [USA x3, Allemagne x3, France x2 ; Suisse : "Helvetia" & "Azurea"]. Le tirage au sort nous donne le No.3. Le 1er départ doit avoir lieu à 4h30 et les autres se succéder toutes les 5 minutes. Par suite d’un mauvais fonctionnement de l’usine à gaz, nous sommes obligés de commencer le gonflement dès 4h du matin pour être prêts vers 17h. L’on ne nous donne guère le temps de préparer notre départ. Toutes nos provisions et appareils sont pêle-mêle au fond de la nacelle, nos 46 sacs de lest mal assujettis lorsque l’on nous oblige à quitter le sol exactement à 17h07’. Nous prenons la direction du N-E d’ailleurs très favorable, avec un bon vent c’est la perspective d’atterrir à l’embouchure du St-Laurent, distant de plus de 2.200km. Peu après nous passons le Missouri, puis le Mississipi. Nous voyageons avec un merveilleux clair de lune. Notre aérostat est équilibré presque au ras du sol et c’est au guiderope que nous traversons les fertiles régions de l’Illinois, du Wisconsin, peuplées d’immenses exploitations agricoles. Nous entendons sur notre passage le hennissement et le galop des chevaux effrayés. De temps à autre quelques vastes fermes, quelque voie ferrée, mais aucune ville pour interrompre notre voyage. Au lever du jour [mardi, 18 octobre] et toujours au ras du sol nous apercevons quelques paysans qui nous indiquent notre situation : Etat du Wisconsin à 100m de Madison, tout en nous avertissant que nous marchons droit sur le lac Michigan."

La traversée des grands lacs, de véritables mers

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Le ballon, gît déchiré, en pleine forêt canadienne, loin de tout.

"A 6h33’ du matin nous abordons le lac Michigan, à faible hauteur, à 20km de Milwaukee, visible au loin. Le soleil venant, nous sommes aspirés et montons à environ 1.000m ; puis nous redescendons à 9h suffisamment bas pour que le sillage de notre guiderope, plongeant dans le clapotis des vagues, nous indique notre vitesse approximative et surtout notre direction. Nous glissons environ 1km sur l’eau puis remontons à 1.000m. Nous sommes en plein lac et avons depuis longtemps perdu toute côte de vue. Nous voyons derrière nous un ballon concurrent que nous perdrons de vue au coucher du soleil. A 12h20 nous quittons le lac pour entrer dans l’Etat du Michigan à 10km au nord de Muskegon. Nous avons mis presque 6h pour traverser le Michigan en largeur. Notre direction a quelque peu changé et comme nous marchons plein nord, nous décidons de monter plus haut à la recherche d’un meilleur courant. Notre direction est rétablie à 3.000m. Il nous faut toute l’après-midi et une partie de la soirée pour traverser le vaste état du Michigan, certainement moins cultivé que l’Illinois ; la forêt abonde déjà avec, de temps en temps, quelques petites villes ou villages. Nous entrons dans le lac Huron à 22h et sommes alors à 3.800m. Nous avons éprouvé quelques difficultés à nous équilibrer, nous nous laissons descendre jusqu’à avoir une partie de notre guiderope dans le lac. Nous sommes alors en parfait équilibre à 60/80m au-dessus de l’eau et ne jetterons plus de lest jusqu’au lendemain matin. A 23h nous passons la Duke-Island et avons le même et magnifique clair de lune que la veille. A 23h40 nous entrons dans la grande île de Manitoulin, puis, à minuit passons le North-Channel. Nous voyons à droite, comme un chenal avec une quantité de lumières, sans que notre carte, très incomplète d’ailleurs, ne nous en donne la moindre indication."

"A 3h45’ [mercredi 19 octobre] après avoir passé une multitude d’iles, nous quittons le lac Huron, nous voyons une petite ville à gauche que nous guideropons en partie, puis un chemin de fer que nous guideropons également au moment même ou passait un train. Heureusement pour les voyageurs, notre guiderope glisse sur le train sans incident ! A partir de là nous entrons dans la forêt vierge et nous ne verrons plus trace de civilisation ; nous traversons toujours au guiderope des régions qui ne sont que bois, lacs et rivières. Sans exagération, nous avons vu défiler des lacs par centaines. Notre carte ne nous sert plus à rien dans ces régions inexplorées. De notre merveilleux observatoire, nous voyons défiler toujours le même panorama, lugubre si nous étions forcés d’atterrir ; aucune trace d’habitation. Nous savons toutefois que nous devons rencontrer la voie du "Canadian Pacific", seule chance d’atterrissage."

"A 8h du matin [jeudi 20 octobre] nous sommes pris par le soleil qui dilate le gaz de notre ballon et nous montons à 3.000m. Une légère brume masque un peu le paysage, mais aussi loin que nous puissions voir, c’est toujours le même terrifiant paysage. Nous avons parcouru plus de 300km de forêt sans voir âme qui vive. Il nous parait impossible qu’un chemin de fer puisse passer dans ces régions, quand tout à coup nous entendons le sifflet d’une locomotive ! En examinant plus minutieusement au-dessous de nous nous apercevons la voie ferrée. Sans ce train passant par hasard dans notre direction plein Nord, nous allions surement nous perdre dans les parages de la Baie d’Hudson ! Nous décidons de descendre illico bien que nos 20 sacs de lest, nous offrent encore 24h de vol au moins. La soupape est maintenue grande ouverte quelques instants et nous commençons à descendre terriblement vite, toutefois en reprenant notre chemin à la boussole. Nous passons une 1ère rivière, une 2ème, un bras de lac et enfin l’atterrissage a lieu en pleine forêt, quelque peu amorti par une dizaine de sacs de lest."

En pleine forêt vierge canadienne, non cartographiée et inhospitalière

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La cabane du trappeur Phillips, 1er être humain rencontré.

"Notre souci est de rejoindre de suite la voie ferrée et, pensant que nous l’atteindrons le jour même. Nous ne prenons que très peu de vivres et partons avec révolvers, boussole, hache et scie. La température est alors de +20 degrés. Pour être certain de retrouver le ballon, tous les 10m nous entaillons à la hache et de chaque côté, quelques gros arbres Au bout de 1h30 de marche nous arrivons au petit lac des Renards que nous devons contourner, puis reprenons notre direction Sud-Est pour arriver vers 15h auprès de la 1ère rivière que nous saurons plus tard être le Dead River. De notre mieux nous construisons un radeau avec 2 arbres abattus à la hache ; mais, mal assujetti, il nous permet juste de quitter le bord de la rivière. Nous n’avons que la ressource de nous jeter à l’eau et de traverser à la nage ou de nous noyer. Une fois de l’autre côté nous continuons notre chemin sans vêtements de rechange, sans arrêt et commençons à être terriblement fatigués. Ces forêts sont très différentes des nôtres. Le sol, recouvert de mousse, est très marécageux et souvent nous nous embourbons jusqu’au genou. Nos vêtements sont en lambeaux, nous avons la figure et les mains en sang. Nous avons perdu notre hache en passant la rivière et devons dès lors marquer notre chemin au couteau."

"Avec l’approche de la nuit, nous essuyons un orage épouvantable vers 18h, alors que nous sommes à peu près secs. L’orage est si violent que les arbres défeuillés ne nous abritent guère. Une heure de pluie et nous voilà de nouveau mouillés jusqu’aux os ; puis c’est la grêle et enfin la neige. Nous sommes partis avec le vent du Sud, et avons maintenant un glacial vent du nord. A 22h nous arrivons auprès de la 2ème rivière et sommes très surpris de voir un véritable torrent qu’il nous est impossible de passer au point où nous sommes. Nous descendons la rivière et essayons un passage mais sans succès. L’eau est véritablement glacée et la température est descendue bien au-dessous de zéro. Nous décidons d’attendre le matin pour mieux envisager la situation. Nos vêtements commencent à geler et pour éviter un engourdissement mortel, nous montons et descendons le long de la rivière, nous nous boxons l’un l’autre, nous sommes tellement fatigués après 3 nuits sans sommeil que nous avons toutes les peines du monde à nous tenir éveillés. Nos allumettes sont mouillées et nous ne pouvons songer à allumer un feu."

[Vendredi 21 octobre] "Entre 6 et 7h du matin nous tirons au révolver 40 coups pour attirer l’attention de quelque chasseur, mais en vain. Messner qui essaye de passer la rivière à la nage est pris d’une crampe et est obligé d’y renoncer. Il est vrai qu’avec nos estomacs vides nous ne risquions aucune congestion. Nous essayons de constituer un radeau avec quelques vieux arbres, mais faute de clous et de cordes nous devons y renoncer après 2h de travail. Nous décidons pour nous sécher un peu de descendre le long de la rivière dans l’espérance de trouver soit un meilleur passage, soit un canot. Nous marchons pendant 6h, toujours dans les mêmes pénibles conditions. J’aperçois un indien se cachant derrière un arbre et l’interpelle en anglais. N’ayant pas de réponse, je vais au devant de lui, mais je ne réussis qu’à le faire fuir ; il se faufile derrière les arbres et je le perds bientôt de vue. Nous décidons de passer encore cette nuit sur le bord de la rivière pour tenter, le lendemain matin, une dernière fois le passage de la rivière, et comme nous cherchons un endroit favorable pour camper nous apercevons 2 canots et à quelques pas de là la cabane d’un chasseur." [NB : Lorsqu’ils ils arrivent à la hutte du capitaine Phillips, ils sont presque sans chaussures et couverts de plaies faites par leurs vêtements humides et par les lianes épineuses de la forêt.]

Retour vers la "civilisation" locale au rude pays des trappeurs

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Enfin la "civilisation", à Bisco !

"Je laisse deviner la joie qui s’empare de nous à cette découverte. Nous nous approchons et découvrons un superbe type de trappeur canadien occupé à préparer une fourrure de rat musqué. Il écoute notre récit avec un véritable flegme anglais. Nous le laissons à sa fourrure pour nous occuper un peu de nous. Nous faisons dans cette pauvre cabane un feu d’enfer et ne trouvons rien de mieux que de nous déshabiller entièrement. Puis, nous trouvons un plat de haricots et de lard qui complète notre bonheur et sur lequel, peu de temps après, nous apprenons ce jour-là ce qu’est l’hospitalité canadienne. Réchauffés, restaurés, roulés dans une couverture, nous nous allongeons, Messner et moi sur le plancher de la hutte et ne tardons pas à goûter un profond sommeil. Le lendemain matin [samedi 22 octobre] notre hôte nous fait traverser la rivière, grâce à son canot et nous reprenons notre chemin, toujours dans la direction sud-est. Après 5h de marche et un ruisseau pour nous mouiller de nouveau jusqu’à la ceinture nous arrivons enfin à la voie ferrée tant désirée : le Canadian Pacific. Au bout d’une heure de marche, nous entendons le bruit d’un train marchant dans le même sens que nous. Nous nous mettons tous deux au milieu de la voie ferrée, avec le drapeau suisse qui, jusque là, avait servi de pardessus à mon compagnon, mais que nous avons bien emporté avec l’intention de nous en servir de signal. Le conducteur respecte notre drapeau et le train stoppe. Vingt minutes après nous sommes dans la petite station de Bisco, agglomération de chasseurs et de trappeurs d’où nous pouvons envoyer notre premier télégramme."

"Nous prenons un jour de repos et le lendemain [dimanche 23 octobre] nous partons à la recherche de trappeurs pour nous aider à plier et à rapporter notre ballon. C’est alors une partie idéale. Nous nous sommes équipés entre temps comme de vrais chasseurs : bottes, flanelle, molleton, nous pouvons lutter contre le froid. Nous partons à 4 avec 2 canots, des fusils et tout un matériel de campement. Grâce à nos marques, nous retrouvons notre ballon sans difficultés. Nous le plions et comme ma présence n’était plus indispensable, je laisse mon ami Messner se débrouiller avec les trappeurs, pour le transport en lieu sûr du ballon. Ainsi finit notre équipée dont nous gardons le plus émouvant souvenir". Signé L.Givaudan.

Difficultés annexes : rapporter le ballon et faire le classement de la course !

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Givaudan, à droite, parti récupérer l’Azurea.

Messner ajoutera, malgré ses 7 porteurs, que le rapatriement du ballon fut très difficile. Il a fallu couper l’étoffe de l’enveloppe en morceaux pour pouvoir la rapporter. L’hiver arriva tôt cette année là, les fleuves à traverser gelèrent entre temps mais insuffisamment pour supporter le poids des hommes. Sur la voie de chemin de fer, le train ne s’arrêta pas aux signaux de l’expédition. Les porteurs continuèrent à pied pendant 30km, sur la voie ferrée, jusqu’à la prochaine station, y attendent plus d’un jour, sans manger, que des ordres officiels soient transmis au chemin de fer qui embarque finalement hommes et matériel. Il fallut 16 jours pour rentrer à Bisco. Mais l’Azurea est en lieu sûr et revolera !

Sept des 10 ballons de la course se risquèrent à passer les grands lacs et à voler au Canada. Il fallait beaucoup d’énergie et de passion pour poursuivre la compétition au-dessus de ces régions inhospitalières ! Le ballon allemand "Harburg III" chuta dans le lac Nipising, quand l’équipage rejoignit la rive à la nage, il y fut accueilli par des Indiens. Le ballon "Germania" se perdit aussi dans la jungle durant quelque 10 jours. Leur ballon fut retrouvé 3 mois plus tard par des Inuits. L’Aéroclub américain et le club local de St.-Louis envoyèrent des représentants à Ottawa et Toronto, pour organiser des expéditions de sauvetage depuis là. Il fallut des semaines pour pouvoir établir le classement final de cette course !

Finalement, la distance parcourue par l’Azurea est de 1,216km (772 miles). Son point d’atterrissage est fixé à 2 miles au NE du lac des Renards ; 22 miles NE de Biscotasing, comté de Sud-Burry, district d’Algoma, province d’Ontario, Canada, et s’est classé 6ème. Léon Givaudan : "La course en elle-même, du départ à l’atterrissage, avec la traversée des grands lacs vastes comme des mers, des effrayantes forêts canadiennes peuplées seulement d’animaux sauvages, fut superbe et restera dans le souvenir de tous ceux qui y ont participé, comme une des plus belles randonnées jamais faites." Et Givaudan, pas impressionné, participera encore à la Coupe Gordon-Bennett de 1912, entre autres.

Résultats de la 5ème course Gordon-Bennett de 1910

RangPaysAérostiersBallonDestinationDistance en KMDurée
1 USA Alan R.Hawley, Augustus Post America II Peribonka/Lac Tschotogama/Québec 1.887,6 44h25
2 GER Hans Gericke, F. Perkins Sanil Düsseldorf Kiskisink 1.814,5 42h30
3 GER Hugo von Abercron, August Blanckertz Germania Coocoocahe/Québec 1.720 39h07
4 SUI Théodore Schaeck, Paul Armbruster Helvetia Lake ( ?)Temiskaming 1.330,1 36h28
5 GER L.Vogt, W.F.Assmann Harburg III Gull Insland/Ontario 1.220,5 32h16
6 SUI Emil Messner, Léon Givaudan Azurea Biscotasing/Ontario 1.203,6 38h53
7 FRA Alfred Leblanc, Walter de Mumm Ile de France Pogamasing 1.156,6 35h00
8 USA Harry E.Honeywell, J.W.Jolland St.Louis IV Hillmann/Michigan 887,3 28h00
9 FRA Jacques Faure, E.G.Schmolck Condor Two Rivers/Wisconsin 657 22h20
10 USA Louis V.Phul, J.M. O’Reilly Million Population Cl. Racine 509miles 14h35

 

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Avant le départ de l"Azurea" à Saint-Louis (USA) le 17 octobre 1910 : Le capitaine Messner (4ème) pilote de l’Azurea et son aide Louis Givaudan (5ème) avec leur casquette d’aéronaute.

Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  mercredi 13 décembre 2006
  • Pour plus d’information, voir : La Suisse Sportive du 31.12.1910, no.518, pp:1070-73, 5 ills n&b, à la "Librairie ".
  • L.Givaudan au Canada, 1910 (vidéo-diaporama, n&b, musical, 2,5’, ≈46 Mo), nécessite le plugin QuickTime 7.1.3 minimum.

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