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Collex-Bossy : le 1er aérodrome permanent du canton de Genève (1910-1917) [vidéo]

 

Fin 1910, à l’initiative du Club Suisse d’Aviation, la famille Maréchal loue un terrain situé à la Vieille Bâtie, à l’écart du village de Bossy. Ce sera le premier champ d’aviation fixe du canton de Genève jusqu’à la 1ère Guerre mondiale. Il est dédié alors à l’aviation civile et deviendra plus tard un petit golf.


Le terrain de la Vieille-Bâtie aujourd’hui dédié au golf et à l’agriculture.

Création du champ d’aviation de la Vieille Bâtie (Collex-Bossy)

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Armoiries de Collex-Bossy.

A la fin septembre 1910, le Club Suisse d’Aviation (CSA) genevois, grâce au président communal de Collex, M. Antoine Maréchal, s’assure d’un ensemble de terrains présent sous sa possession, entre Bâtie et Bossy, pour l’utilisation par ses membres et pour l’organisation de manifestations aériennes. Le terrain est loué gratuitement et sera complété, dès mai 1911, d’un hangar également offert par M. Maréchal. Le pilote François Durafour aménage l’aérodrome au début juin 1911. Avec son collègue Paul Wyss ils s’entraîneront sur ce terrain ainsi qu’à Avenches où ils s’occupent de l’Ecole d’aviation d’Ernest Failloubaz, et pilotent des avions biplans Failloubaz-licence-Dufaux (voir : Appareil) dont ils doivent démontrer les capacités. L’altitude du terrain est de 473m et un second hangar en bois y sera aménagé.

Un point de départ de records aériens en 1911

Dès le 14 juillet 1911, Durafour (voir : Biogr.), se rend d’Avenches à Genève, suivant les routes et la topographie du pays, dans un vol de 110 km, effectué en 1h04’. A Genève, dès 6h30 du matin, une foule énorme attend Durafour sur les jetées, le pont du Mont-blanc et ailleurs. Mais un problème technique interrompu prématurément ce raid. Après Nyon, le moteur se met à toussoter et Durafour quitte les rives du lac et se dirige vers Collex-Bossy (CB), où il se pose sans difficultés. Son tuyau d’arrivée d’huile s’est rompu. A 9H, son appareil est remisé dans le hangar et la Vieille Bâtie retrouve son calme. Le public n’aura rien vu.

Le lundi 17, décollant de CB, Durafour est enfin le 1er à survoler Genève, dont il fait le tour complet avec son Dufaux à moteur Gnome de 50cv. Il contourne également les tours de la cathédrale St.-Pierre, puis réalise le trajet CB—Divonne—Nyon—Collex en 37’. Il gagne ainsi le Prix Perrot-Duval, de 3.000F, offert à l’aviateur qui doublerait les tours. Le 20 juillet il compte disputer le Prix de la Rade de Genève (2000F) mais un accident, au décollage de CB, sans gravité, l’en empêche. Comme à Avenches, il fait à nouveau connaissance avec la cime des arbres, dans un terrible bruit de branches cassées auquel se mêle celui moins réjouissant encore des quelques côtes brisées.

De son côté, le 22 juillet, le CSA, décide de créer à CB une piste de décollage, large de 20 m, un hangar pour une cantine et un garage pour les automobiles, avec le téléphone dans les hangars. Le 23 juillet, Durafour a un raté de moteur au décollage, suivi d’un accident qui l’empêche à nouveau de tenter le Prix de la Rade qui n’est ouvert que jusqu’au 29 septembre. Durafour vole néanmoins encore sur Genève le 27 juillet, depuis CB.

Durafour et Wyss sont concurrents pour le Prix de la Rade

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Le hangar de F.Durafour toujours existant, mais à l’entrée de Collex-Bossy, à Vireloup.

Le 16 juillet, Paul Wyss (voir : Biogr.), sur monoplan Blériot à moteur Gnome 50cv (voir : Appareil), quitte Avenches et rejoint CB en 1h20’. Le 26 il fait un beau vol sur Genève et le lac. Durafour est handicapé par une chute à Viry et Wyss tente à son tour le Prix de la Rade depuis CB. Le dimanche 27, dès 9H, un public nombreux se trouve à la Vieille Bâtie, attendant avec le pilote la fin de la bise pour un départ effectué après 17H. Wyss est chronométré par le CSA en un vol de 23’ qui a fort bien réussi au 1er essai. Wyss, effectue encore le 2 septembre, un vol CB—Viry. Le 3, il réussit un record d’altitude au-dessus de Collex, avec 770 m, validé par l’Aéro-club de Suisse. Il atterrit finalement à Gd-Saconnex, d’où il repart le lendemain pour CB. Le 8, il fait à nouveau un vol CB—Gd-Saconnex—CB.

C’est en septembre que Durafour reprend de l’activité à la Vieille Bâtie. Dès le 14, volant sur Genève, il tente à nouveau le Prix de la Rade. Mais la ligne de départ n’a pas été prise et le vol n’est pas comptabilisé. Quant à Wyss, il ne peut s’élever à cause de remous. Le 24, Durafour et Wyss concourent à nouveau ensemble pour ce Prix et font chacun un bon vol sur Genève et le lac. Le Prix est finalement attribué à Durafour.

Wyss vole ensuite de CB à Neuchâtel pour le meeting (12 novembre). Quand à Durafour, il bat le record suisse de hauteur de 950 m, le 23 novembre, sur biplan Dufaux, événement contrôlé par les commissaires du CSA.

Le meeting de Collex-Bossy de 1912

Un vol Avenches—CB est effectué le 29 septembre 1912. Durafour donne des exhibitions publiques lors du meeting des 12, 13 et 20 octobre, avec son biplan Dufaux. Le 1er jour se déroule devant les membres invités du CSA. Les frères Dufaux y font aussi 3 vols d’entraînement les 12 et 13. Durafour tente de battre un record d’altitude détenu par A.Maffei (1.250 m) avec son avion Dufaux. C’est un échec après 5 vols et un total de 1h de vol. Le 23 novembre, Durafour essaie à nouveau ce record d’altitude et vole jusqu’à 650 m, en 22’, de Avenches à CB (110 km).

On vole rarement de novembre à mars. De plus, Durafour et Wyss sont en tournée en Amérique du Sud, (décembre à mai) et Failloubaz, leur patron, a entre temps été amené à la faillite.

1913, une année calme

Le 21 février 1913, le CSA autorise l’Avion Genevois S.A. successeur du Club Genevois d’Aviation, à faire usage du terrain de CB, à bien plaire et pour ses expériences, à la condition que cette société devienne membre collectif du CSA. Le 18 avril, le CSA crée un nouveau Prix doté de 1200F et 800F, pour un parcours CB—bouée de l’hôtel-National—bouée du Port-Noir—CB, en un minimum de temps, à effectuer par un pilote suisse sur un avion suisse et dicte son règlement. Le CSA institue un Prix de la hauteur (altitude), une coupe en argent, et son règlement, à courir jusqu’au 30 mai, depuis Collex ou depuis Avenches.

Les 2 et 3 juillet, Attilio Maffeï survole Genève à 2 reprises sur son Blériot à moteur Gnome et fait un court séjour à CB (voir : Récit). Il repart le 3 juillet à destination de Lausanne. René Vidart, le héros des grands raids à travers l’Europe, ami de Durafour, fait son habituel séjour à Divonne, d’où il a accomplit souvent des vols sur la région. Le 2 novembre, il atterrit à l’aérodrome de CB où il est reçu par le président du CSA qui lui remet une coupe en argent. Vidart survole ensuite la rade de Genève.

Le 11 février 1914, le grand événement de la Vieille Bâtie est lié au départ du Genevois Agénor Parmelin, qui réalise l’exploit de survoler le Mont-Blanc et de se poser à Aoste. (voir : Récit).

Des pionniers de l’air à l’aviation commerciale, ou presque

Vient la 1ère Guerre mondiale (août) et le terrain ne convient pas aux militaires suisses, car proche de la frontière d’un pays en guerre (France) et pas assez long pour les nouveaux avions. Les hangars y abritent toujours quelques planeurs, mais il n’est plus utilisé car les civils ont l’interdiction de voler jusqu’à 1919. L’activité aéronautique résiduelle se déroulera maintenant sur le terrain de Saint-Georges (Petit-Lancy, GE).

En juillet 1919, le canton de Genève propose un crédit pour l’établissement d’un champ d’aviation au sud-est de Collex-Bossy (127ha) qui est accepté en novembre (là où existe l’actuel élevage de bisons). Certains exploitants font opposition aux expropriations de l’Etat, l’obligeant à effectuer des formalités juridiques qui risquent de prendre des années. En avril 1920 c’est Cointrin qui est alors envisagé comme le futur aérodrome de Genève.

Après la 2ème Guerre mondiale, 2 à 3 petits meetings aériens se sont tenus sur la commune, dont l’un un certain dimanche de 1947, avec 8 avions et les pilotes Henri Golaz (voir : Biogr.), Jean Binggeli et Hans Muhlebach (1937-2008), essentiellement orientés sur les baptêmes de l’air. Un autre se tient le 7 août 1949, avec 2 Piper L4 (HB-OGT, HB-OEL) et les pilote H.Golaz, Georges Gorgerat et Alfredo Habib sous la houlette de Mme Sudan (6 atterrissages, 3 passagers).

J’ignore quant le terrain de la Vieille-bâtie, à Collex-Bossy, est définitivement rayé de la liste des aérodromes et quand il a vu décoller son dernier avion. Il a pu servir occasionnellement pour des meetings ça et là. Mais il est certain que le contrat de bail de la Vieille Bâtie mentionnait qu’il devenait caduque si l’aviation n’utilisait pas le lieu durant trois années, ce qui fut le cas durant la 1ère Guerre mondiale et c’est pourquoi le CSA ne renouvela pas son bail en avril 1917.

En avril 1950 ce terrain sert encore brièvement aux premiers essais genevois d’épandage aérien agricole. Un insecticide liquide est vaporisé depuis le Piper HB-OAP sur des champs de colza.

 

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François Durafour annonce qu’il tentera de battre le record suisse d’altitude en avion au départ de Collex-Bossy le 20 octobre 1912.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  jeudi 26 mai 2005
[09.2006] L’aviation à Collex-Bossy et François Durafour ( film de M.Giuliani, 2005, couleur, sonore, 17’, 270 Mb), nécessite le plugin QuickTime 7.1.3. minimum.
Article paru dans : la Feuille Volante no.107 de l’Aéro-CLub de Genève, 15.03.2009, pp:6-8.
  • Extrait des 4 DVD "Histoire de Collex-Bossy, portrait d’une commune", film de Maurizio Giuliani, 04.2005, 5h52’, tél 022.798.18.14
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