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Charles A. LINDBERGH (1902-1974) : un aviateur hors normes et un personnage ambigu [vidéo]

 

En aéronautique, durant les années 1927 à 1933 Charles Lindbergh va époustoufler le monde par ses raids audacieux et ses réussites, dont la célèbre traversée en solitaire de l’Atlantique de 1927. Homme adulé, trop adulé, il souffrira avec son épouse de cette image et fuira les USA. Par la suite, ce très grand aviateur prendra des options politiques à contre-courant de l’histoire et finira par se rapprocher de la pérenne nature sur la dernière partie de sa vie également mouvementée du côté sentimental.


Jeunesse et brevets de pilote

L’aviateur Charles Lindbergh naît à Detroit (Michigan, USA) en 1902. Fils d’émigrants suédois, il grandit à Little-Falls (Minnesota) où sa mère est professeur de chimie et son père Charles-August, avocat, est plus tard membre du Congrès américain qui s’opposera à l’entrée des USA dans la 1ère Guerre mondiale. Très tôt, Charles montre un intérêt envers la mécanique. En 1922 il quitte une formation en mécanique pour rejoindre celle de pilote et de mécanicien-avion chez Nebraska Aircraft. Il achète alors son propre appareil, un Curtiss JN-4 « Jenny », et en 1924 devient un pilote acrobate. La même année il débute l’entraînement militaire au United States Army Air Corps. Après avoir terminé 1er de sa classe, il travaille comme pilote civil pour le transport postal aérien sur la ligne de Saint-Louis, durant les années 20. En avril 1923, rendant visite à des amis en Arkansas, Lindbergh réalise son 1er vol de nuit au-dessus de Lake-Village et de Lake-Chicot.

Le 1er vol en solitaire à travers l’Atlantique nord

Lindbergh gagne rapidement une énorme célébrité internationale lorsqu’il devient le 1er pilote à traverser l’Atlantique nord en solitaire. Parti de Roosevelt Airfield (Long Island), volant de New-York à Paris le 20 mai 1927, il pilote un monomoteur baptisé “Spirit of St. Louis », conçu par Donald Hall et produit par Ryan Airlines à San-Diego (Californie). Ce voyage dure 33h30’. En réalité, Lindbergh est le 1er à voler de New-York à Paris sans escale, bien que d’autres aient déjà réalisé cette traversée avec escales en avion ou dirigeable, dès 1919. Lindbergh remporte le Prix Orteig de 25.000$, offert dès 1919. Une grandiose parade se tient le long de la 5e avenue de New-York à son retour le 13 juin 1927. Il est baptisé "l’homme de l’année" par le magazine "Times". A la suite de ce vol, son aura publique en faveur de l’aviation sera permanente jusqu’à sa disparition et il participe à de nombreux groupes et associations dans diverses nations. Le 21 mars 1929 il reçoit la Médaille d’honneur pour son vol record. Concernant l’aviation commerciale, on lui doit d’avoir démontré et tracé l’usage des routes polaires, les techniques de vol à haute altitude et l’augmentation de l’autonomie des appareils tout en diminuant leur consommation. Ces innovations sont à la base de transport aérien moderne intercontinental.

Mariage, enfants et kidnapping

Charles épouse l’écrivain Anne Morrow en 1929. Il lui enseigne l’art du vol et fait plusieurs expéditions avec elle comme co-pilote et navigatrice. En 1931 leur périple passe par le Pacifique nord. En 1933 il se déroule dans l’Atlantique nord et verra le couple passer quelques jours à Genève avec leur appareil. Ils ont 6 enfants : Charles Augustus, Jr.(né en 1930), Jon (1932), Land (1937), Anne (1940), Scott (1942) et Reeve (1945). Leur 1er enfant, Charles Augustus, a 20 mois lorsqu’il est enlevé le 1er mars 1932. Il est retrouvé mort le 12 mai à Hopewell (New-Jersey) à quelques kilomètres de la maison familiale, après des recherches nationales de 10 semaines et de difficiles négociations avec les kidnappeurs. Fatigué d’être la cible des projecteurs et de la presse et toujours malheureux de la disparition de leur enfant, les Lindbergh s’expatrient en Europe en décembre. Bruno Hauptmann qui crie son innocence jusqu’au bout est déclaré coupable et exécuté le 3 avril 1936.

Durant la 2ème Guerre mondiale

En Europe lord de la montée du fascisme, Lindbergh voyage plusieurs fois en Allemagne au nom des militaires américains, d’où il rapporte des données sur l’aviation allemande civile et militaire. Lindbergh en ressort intrigué et constate que l’Allemagne a pris la tête dans de nombreux développements aéronautiques : la construction métallique, les appareils à aile basse, les dirigeables et les moteurs Diesel. Il mène également une étude de l’aviation soviétique en 1938.

En 1938 l’ambassadeur US en Allemagne, Hugh Wilson invite Lindbergh à dîner ainsi que Hermann Goering à l’Ambassade US de Berlin pour l’amélioration des relations germano-américaines. A ce dîner participent des diplomates et 3 des plus grands concepteurs de l’aviation allemande : Ernst Heinkel, Adolf Bauemaker et le Dr Willy Messerschmitt. Göring décore Lindbergh de la Médaille d’honneur (Verdienstkreuz Deutcher Adler) pour ses apports à l’aviation et surtout pour son vol de 1927. Cette décoration crée des remous aux USA et Lindbergh décide de la retourner à l’Allemagne. Les Lindbergh vivent alors en Angleterre et en Bretagne (F) à la fin des années 30, recherchant la tranquillité. Ils ne retournent aux USA que lorsque la 2ème Guerre mondiale débute.

Alors que les Nazis entament la guerre, Lindbergh devient un important orateur en faveur de l’isolationnisme, recommandant même que les USA négocient un pacte de neutralité avec l’Allemagne lors d’une déposition devant le Congrès(1941). Il est aussi un orateur majeur de "l’America first" donnant de nombreux discours en 1940-41. Alors que l’entrée en guerre des USA est inévitable, Lindbergh dit y être opposé car non souhaitée par une majorité d’américains, et accuse l’administration de Roosevelt, les Anglais et les Juifs de pousser le pays dans la guerre. Il renouvelle toutefois sa volonté d’engagement dans U.S. Army Air Corps quand le président Franklin D. Roosevelt pose ouvertement la question de sa loyauté.

Après l’attaque de Pearl-Harbour en décembre 1941, Lindbergh tente de réintégrer l’Army Air Corps, mais on le refuse quand arrivent les objections de nombreuses secrétaires du cabinet de Roosevelt. Malgré tout, il participe à l’effort de guerre en tant que consultant civil pour des compagnies d’aviation et le gouvernement et participe à 50 missions de combat en 1944 dans le Pacifique en tant que civil. Ses contributions incluent les techniques d’économie des moteurs qu’il enseigne aux pilotes du P-38 Lightning. Ceci améliore la gestion du carburant en croisière permettant aux avions d’augmenter leur rayon d’action comme pour celui qui abat l’avion de l’amiral Yamamoto. Cela démontre aux pilotes de "Corsair" (F4U) comment décoller avec un chargement de bombes 2 fois supérieur à celui prévu par le constructeur.

L’après guerre : écologie, ethnologie, etc. et descendance

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Lindbergh dans les années 1970.

Après la guerre, les Lindbergh vivent tranquillement dans le Connecticut, comme consultants à l’état-major de l’U.S. Air Force et pour la compagnie de transport Pan American World Airways. En 1953, le livre de Charles "The Spirit of St. Louis” raconte sa traversée sans escale de l’Atlantique et gagne le Prix Pulitzer en 1954. Le général Dwight D. Eisenhower réintègre Lindbergh dans l’Army Air Corps et le nomme Brigadier Général en 1954. Dans les années 60 il devient un porte-parole en faveur de la conservation de la nature, de la protection des baleines, contre le transport supersonique et participe à la protection du peuple primitif découvert aux Philippines : les Tasaday.

De 1957 à son décès, bien que toujours marié, Lindbergh entretient une relation avec une femme de 24 ans plus jeune, une fabricante de chapeaux allemande Brigitte Hesshaimer. Ils ont 3 enfants ensemble : Dirk (né en 1958). Astrid (1960) et David (1967). Leur volonté permet de garder cette liaison secrète et ces enfants ne connaissent pas la véritable identité de leur père, rarement présent. Astrid découvre plus tard dans un magazine un article sur la correspondance écrite entre Charles et Brigitte. Elle rend cette liaison publique en 2003, 2 ans après la disparition de sa mère et d’Anne Morrow. Des tests ADN confirment la véracité de cette passion. Un doute subsiste encore concernant les enfants de la sœur de Brigitte, vivant en Valais.

Beaucoup pensent que le kidnapping tragique de son fils influença Charles qui aura des enfants en secret pour compenser cette douloureuse perte. Lindbergh passe ses dernières années sur l’île hawaïenne de Maui où il décède d’un cancer le 26 août 1974, à 72 ans. Il est enterré près de l’église de Palapala Ho’omau. Son épitaphe reprend un psaume : If I take the wings of the morning, and dwell in the uttermost parts of the sea."

En mémoire de Charles Lindbergh

Le "Lindbergh terminal" de l’aéroport international de Minneapolis-Saint-Paul lui est dédié et contient une réplique du "Spirit of St-Louis". Un aérodrome de San-Diego porte également son nom "Lindbergh Field" par ailleurs connu sous le nom de San-Diego International Airport. Quant à l’avion original "Spirit of St-Louis", il trône dans le hall d’entrée du National Air & Space Museum de Washington ainsi que l’hydravion "Tingmissartoq".

Les Lindbergh et la Suisse

Après la visite à Genève des Lidbergh de novembre 1933, ce n’est pas la fin du lien entre les Lindbergh et la Suisse puisque, dès juillet 1959, ils louent puis construisent un chalet (1962) sur la pente sud du Mont de Corsier où ils s’installent l’été. Il sert de base pour leurs relations d’affaires en Europe. Après le décès du pilote (1974), Anne y assure sa présence jusque dans les années 1980, puis revend le chalet.

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La traversée de l’Atlantique en 1927 et le "Spirit of St Louis" resteront les symboles d’un Lindbergh éternel.
Par : Stéphane Boos
Le :  jeudi 23 juin 2005
  • Texte adapté et complété d’après un article de Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Charle...
  • La visite des Lindbergh à Genève été traitée dans le bulletin de l’Aéroclub de Genève "La Feuille Volante" no.90 de novembre 2004.
  • Pour plus d’information : le site de la Fondation Lindbergh et ce site.
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    - Avant son amerrissage dans la rade de Genève le 8 novembre 1933, Lindbergh, son épouse et le Lockheed "Sirius" sont filmés aux escales de Copenhague (31 août), Moscou (5 octobre), Southampton (26 octobre) et Paris (6 novembre) :

    [07.2016] Les Lindbergh en hydravion aux escales de Copenhague, Moscou, Southampton et Paris (août/nov.1933) (vidéo sonore n&b, 05’19’’, 116Mo). Source British Movietone. Nécessite le plugin QuickTime 7.5 minimum.

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