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Second salon de l’aviation légère à Genève, encore plus grand et plus populaire (1934) [vidéo]

 

Le 2ème salon d’aviation organisé à Plainpalais surpasse l’édition de 1929. Ouvert en grande pompe, il est complété de démonstrations aériennes à Cointrin et de nombreux baptêmes de l’air. Confirmant l’intérêt pour l’aviation légère, il expose de nombreux appareils dont certains à croix gammée qui présagent de la fin proche de ce type de manifestation pour plusieurs années.


Le premier Tiger-Moth de Suisse (CH-359), début d’une très longue carrière, transbordé de Cointrin au second salon de l’aviation de Genève.

Ce salon organisé par l’Aéro-club genevois reçoit sa caution fédérale

A nouveau organisé par l’ex Club Suisse d’Aviation, devenu en 1933 la section Genève de l’Aéro-club de Suisse emmenée par son président Marcel Duval (voir : Biogr.), se tient une seconde édition du Salon international d’aviation de sport et de tourisme, du vendredi 27 avril au dimanche 6 mai 1934 au Palais des expositions. Plusieurs nouveautés vont toucher le grand public : le vol à voile, l’aérophilatélie, et les baptêmes de l’air. Autre attraction, les avions à exposer atterrissent à Cointrin, sont transportés en ville non démontés sur des camions, puis reviennent en sens inverse à la fin du Salon.

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Affiche du Salon de 1934.

L’inauguration officielle, sous la houlette de Marcel Devaud (Biogr.), se tient le vendredi 27 après midi, riche des nombreuses autorités genevoises venues saluer la présence du président de la confédération Marcel Pilet-Golaz qui est arrivé par avion. Nombreux discours et belle entrée en matière. On compte 80 exposants dont beaucoup de marques connues. Le Savoia (I) manque encore à l’appel, mais son arrivée ne saurait tarder. Le dernier modèle de Potez (F), "une conduite intérieure", est venu directement de l’usine par les airs, atterrissant ce vendredi vers 11h et figure déjà sur son stand l’après-midi (Potez 58 F-AMRC). Citons la présence du Havilland DH-82 Tiger-Moth (GB) qui est aussi arrivé via Cointrin ; un avion Hawk de Phillips et Powis Aircraft Ltd, de Reading (GB). On trouve encore les stands suisses de Swissair (le rapide Lockheed Orion rouge, est là ! [CH-167]), de Comte, Hispano-Suiza, la fabrique d’avions de Granges et de nombreux stands étrangers dont Breda (I), Caproni (I), Isotta-Fraschini (I), Caudron-Renault (F), Farman (F), etc.

Parmi les appareils exposés, les avions allemands, plus que les autres, alimentent les lignes de la presse ; ils occupent un quart du salon et certains arborent la croix gammée. Les commentaires sont flatteurs : "Le Messerschmitt de la Bayerische Flugzeugwerke (Augsburg) confirme la haute tradition des appareils qui triomphèrent dans le Tour d’Europe en 1930 et 1931. Extraordinairement rapide, maniable et résistant cet avion monoplace, biplace, éveille chez tous une curiosité admirative. Avec un moteur de 105 CV, il permet une vitesse de 205 km/h, et sa consommation d’essence et d’huile ne dépasse pas 42 centimes au kilomètre. Le Klemm de la Leichflugzeugbau (Böblingen), moteur Siemens 130-150 CV, triplace limousine vitrée en dôme atteint 200 km/h, plafond 6.000m. C’est l’avion utilisé pour le récent vol Böblingen-Le Cap. Il fut utilisé au Groenland en 1932, et sert dans les films de la U.F.A. Mlle Elly Beinhorn, qui vint au Salon, va visiter l’Amérique du Nord cet été, partant de Panama, avec son Klemm de tourisme.

"L’Adler (Francfort) est le résultat de 4 ans d’études de l’ingénieur Garner. Sa construction absolument rationnelle est une excellente réalisation. Toutes les pièces sont en acier, elles sont normalisées (biplan aux ailes interchangeables), ce qui permet immédiatement toutes les réparations, c’est en quelque sorte l’avion idéal populaire, étant donné son prix de 7.500F et ses qualités précitées. Moteur Hirth 80 CV vitesse 175 km/h, rayon 550 km, 13 litres aux 100 km." Les moteurs ne sont pas absents ainsi qu’une documentation issue de l’Institut des sciences aéronautiques de Stuttgart. En général, on remarque que la puissance des moteurs a doublée depuis le salon de 1927. Les maquettes des puissants Junkers de Dessau (Anhalt), au 25e, impressionnent aussi les visiteurs.

"Ceux-ci sont également très attirés par les nombreux appareils de bord, signalons tout spécialement le stand Askania de Berlin, dont le catalogue est un véritable petit dictionnaire technique avec schémas et graphiques précisant l’emploi de merveilleux appareils de vol. On y voit fonctionner entre autres le dispositif de pilotage automatique rectifiant la marche de l’avion d’après la boussole. Citons encore Autoflug de Berlin, Ludolph de Brême, Eckardt de Cannstatt, etc. pour le matériel de bord de précision, et Farbeindustrie de Bitterfeld avec ses métaux légers à haute résistance "Elektron" et "Hydronalium".

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Vue générale du salon de 1934.

Parmi les bonnes idées du salon à signaler, le stand du vol à voile dont la pratique en Suisse romande ne date que d’un à deux ans (voir : Récit). Les passionnés de l’Aéro-club de Genève ont réalisé leur propre planeur sur le modèle Zögling (D). Ils l’ont baptisé "Raz’mott", excellent jeux de mot en référence aux avions motorisés Puss-Moth, Gipsy-Moth ou Tiger-Moth. Mais le public n’est pas encore prêt à essayer cet appareil qui nécessite "adresse, courage et optimisme". La fabrique d’avions de Granges offre aussi, à côté de son biplan d’écolage à moteur 80 CV, le planeur d’école WF-7 et celui d’entraînement WF-8 (WF=Willy Farner). Ce dernier planeur est venu à Genève remorqué par les airs et dut atterrir à Allaman à la suite d’une tempête ; il est endommagé. Ces appareils coûtent 1200F et 1500F mais cet accident ne rassurera pas encore le public.

Autre exposition qui retient particulièrement l’attention des visiteurs, celle du Club philatélique et aéropostal qui obtient son succès. Avec peu d’espace, les membres du club ont su présenter au public une exposition collective tirée des collections de ses membres, de cartes de lettres transportées par la voie des airs. Pièces authentiques, parfois autographiées par des aviateurs, elles permettent de suivre la marche évolutive de l’aviation et de la poste aérienne depuis ses débuts. Les nombreux cachets spéciaux colorés figurant sur ces plis, ainsi que les oblitérations des dates de départ et d’arrivée, permettent au profane de suivre leur itinéraire. Une documentation de 1er ordre accompagne ces objets ainsi que l’explication de ceux exposés.

A Cointrin, tous les jours, en annexe du salon, on vole

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Le planeur "Raz’Mott" de l’Aéro-club de Genève et les membres de la section de vol à voile.

Autre nouveauté, le ticket d’entrée au salon peut valoir un baptême de l’air gratuit au visiteur. Le lundi 30, une trentaine d’entre eux ont décollé de Cointrin à bord de 12 appareils. Outre les mouvements liés aux appareils exposés au salon, l’aéroport connaît un trafic d’appareils supplémentaires liés aux visiteurs aériens du salon, arrivant de Suisse, des pays limitrophes et même de Grande Bretagne ou de Hongrie. On cite un appareil américain transportant un attaché naval, le commandant N.H. Wyatt, et le colonel Franck P. Lahm et aussi le passage du prince Kinsky.

Des démonstrations aériennes attirent un public estimé à 6000 personnes sur les 9 jours. Le pilote Ambrogio Colombo fait de belles envolées avec son avion Breda : atterrissages et décollages très courts, vols au ralenti. Plusieurs pilotes essayent eux-mêmes ses qualités de vol. Mlle Elly Beinhorn (D) émerveille les visiteurs par des figures acrobatiques à bord d’un Messerschmitt. Le vendredi 4 mai, le Caudron-Phalène, le Farman et le petit appareil Adler font des démonstrations toujours très appréciées, emportant 200 passagers. Deux avions de transport des compagnies suisses Alpar et Swissair donnent également des baptêmes de l’air : 500 passagers payants. On comptera plus de 600 atterrissages et la visite de 127 appareils de 6 nations.

En additionnant les 36.000 visiteurs du salon avec ceux de Cointrin, on constate que 25% de la population genevoise s’est tourné vers l’aviation cette semaine là. Cela confirme l’intérêt pour ce type de salon spécialisé se tenant en alternance avec le salon de Paris, plus généraliste, qui se déroule en hiver. Fort de ce succès, le prochain salon de l’aviation de Genève devrait donc se tenir dans 5 ans, en 1939 ( !?!?!?!?).

 

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Sur le stand allemand de Bayerische Flugzeuge Werke, les dérives des avions ont déjà changé de logo.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  lundi 15 août 2005
Salons de 1929 et 1934 (N&B, sonore, 2’35’’, ≈57 Mo), nécessite le plugin QuickTime 7.1.3 minimum.

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