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Le Salève (F) : relief récréatif très apprécié des adeptes du deltaplane et du parapente (dès 1972-73) [2 vidéos]

 

A quelques kilomètres de Genève, en France, le massif du Salève se situe juste à l’extérieur de l’espace réservé à l’aviation et à quelques minutes des bureaux. Culminant à 1.400m, sa falaise nord-ouest s’avère une zone de départ idéale pour les deltaplanes et parapentes. Quatre points de départs principaux sont accessibles par la route et en partie par le téléphérique. Plusieurs championnats suisses s’y sont déroulés. Ce départ de plusieurs records reste un champ d’expérience et de sport idéal pour les citadins en quête d’émotions.


Le Salève révèle une vue magnifique sur Genève et le "Petit lac" du Léman, aux portes de la ville.

Le Salève, un relief idéal aux portes d’une grande ville pour les loisirs des genevois, entre autres.

Durant l’hiver 1972-73, Marcel Lachat, Carlo Maulini et Etienne Rithner tentent la grande aventure qui consiste à descendre du Salève en aile-delta (voir : Récit). Les premiers essais s’effectuent entre les Crêts et La Croisette (au-dessous), puis de plus en plus bas et de plus en plus loin. D’abord au pied du Col de la Croisette, puis Chez-Voirier, Blécheins, Saint-Blaise, Troinex, Carouge se rapprochant de la ville. Ce sport est lancé et va connaître beaucoup d’adeptes. Le massif est longtemps le terrain de jeu favori d’autres grands pilotes comme Didier Favre (1947-1994), légende du delta, auteur du "vagabond des airs". Il avait fait du posé à contre-pente au décollage de la Table d’Orientation, son jeu favori. C’était toujours un grand moment pour tous ceux qui ont eu la chance de le voir faire ! Sébastien Bourquin, le roi du waga des années 90, était aussi l’un des habitués, etc..

Le Salève a du succès et ne recèle aucun piège aérologique. Les sites d’envol sont faciles d’accès et simples à comprendre. Des quatre emplacements de décollage principaux, celui des Crêts est considéré comme "une vraie perle", tant son aire d’envol est magnifique : de l’espace, une pente douce d’herbe tendre, un rendement extraordinaire, de quoi jouer des soirées entières jusqu’à la nuit tombante. C’est le site le plus ancien, utilisé par vent de sud-ouest et rejoint en 20’ depuis l’arrivée du téléphérique. Il y a aussi la Table d’orientation (1.210m), employé par régime de bise (à 10’ du téléphérique) et la Petite-Gorge par temps très calme. En 1984 est encore crée le site situé à l’est de l’arrivée supérieure du téléphérique. Ces espaces de décollage sont dégagés et bien alimentés. Seul piège, il y a le câble du téléphérique, mais il est très visible, partant du bord de l’autoroute A40 et rejoignant l’altitude 1.095 m, au niveau du décollage "du téléphérique".

L’été, le phénomène de restitution d’air chaud est au rendez-vous tous les soirs, pour le bonheur des pilotes locaux qui ont pris l’habitude de finir leur journée de travail par un vol. L’été, on ne vole donc pas entre 13 h et 16 h, mais vers 18 h, heure également idéale pour les élèves qui rentrent parfois à la tombée de la nuit. Les école de vol suisse sont baséee à Troinex, chez Patrick Lachat et au Centre Genève de Vol Libre tenu par son beau frère Christian Gehri.

Point de départ démocratique du vol solitaire, de compétitions nationales et de records de distance

Le 10 juin 1981, quelque 9-10 ans après les vols de Lachat et ses amis 100 pilotes de Delta participent au Championnat suisse à Veyrier (GE) avec un départ depuis le Salève. Au championnat suisse de 1984, l’une des épreuves partait du Salève pour rejoindre en vol Annecy-Bonneville avec retour au Salève, soit 75 km en triangle. Treize pilotes réussissent dans un temps moyen de 5 h. En 1987, on compte plus de 200 pratiquants des 2 sexes et Mme Corinne Niquille était déjà la première femme à s’envoler du Salève ! La technologie évolue magnifiquement et les vélideltistes dépassent régulièrement des barrières. En janvier 1999, le Genevois Martin Muller part du Salève et vole durant 169 km en ligne droite jusqu’à Meiringen (BE, Suisse), soit 370km avec les changements de cap. C’est le record du Salève qui reste imbattu depuis 6 ans ! (voir : Récit). Côté France, c’est Paul Tomassi qui est allé le plus loin. Parti des Crêts en juin 2003, il se pose à Reignier, via la dent d’Arclusaz et la pointe Percée, réalisant quelque 150 km.

Mais le Salève n’est pas réellement un site de départ pour le "cross", à cause de la proximité de l’aéroport de Genève qui contraint énormément la circulation aérienne. La TMA longe la chaîne du Salève à 400 m en avant du relief et plafonne les ailes à 1.700 m QNH. Les 300 m de gain possible depuis le décollage n’empêchent toutefois pas les pilotes de sortir de leur espace réservé pour faire un petit aller-retour jusqu’à Annecy, par exemple ! Ce qui n’est pas une mince affaire, car dès qu’on quitte le massif, il faut franchir 20 km sans relief porteur.

Quelques autres traces aéronautiques variées depuis 1911

Quant à l’histoire aéronautique du Salève, bien qu’ayant déjà un tiers de siècle d’ailes deltas, elle est bien plus ancienne que cela. Elle débute en 1911, lorsque David Deluz, de Veyrier, emploie des planeurs de pente rudimentaires sur les versants du Salève proches de Veyrier, vols qui ont peut être déjà traversé la frontière il y a 95 ans (voir : Récit). Son petit-fils y a pratiqué les premiers loopings en deltaplane en 1980 (voir : Récit) !

En 1938 on tente d’établir un petit aérodrome à Saint-Blaise. Mais les difficiles essais d’atterrissage découragent les plus téméraires. Le 24 septembre 1950 on y essayera à nouveau l’envol d’un planeur par treuil, mais sans poursuivre. Un essai identique avait déjà été pratiqué le 30 juin 1946 depuis le pâturage du Crêt. Plusieurs crashs d’avions touchent ce relief abrupte, par mauvais temps, quand l’avionique ne le détectait pas. Le 5 novembre 1938, le moniteur de vol à voile genevois Félix Raemy est le passager du Leopard-Moth HB-OKO piloté par J.P. Courvoisier, lors d’un virage à basse altitude sur la Croisette, le vol se termine par 2 décès. Le petit fils du créateur d’Hispano-Suiza, également nommé Marc "Marco" Birkigt se tue à bord d’un DH87A Hornet Moth (HB-OFE) le 10 juin 1950 à Cruseilles, avec son passager Marc Hauenstein, 19 ans. Près de Grange Passey, une stèle s’élève à l’orée d’un bois à la mémoire du sergent de 21 ans Marc Bouhiron qui chute avec son avion à réaction le 7 novembre 1955 (Vampire 535 "Mistral" no.157). Le 4 mars 1968, c’est le crash d’un avion-école du CAA d’Annemasse ; le 2 février 1969 celui d’un Marchetti Super-20 vers le château des Avenières. Un autre accident a lieu le 3 janvier 1974, lorsqu’un Piper Cherokee-Arrow (HB-OQC), perdu dans le brouillard, percute la paroi au-dessous du Schmolitz. Le 26 mars 2004, dernier crash, celui d’un Piper Saratoga (F-GTCS) entre le trou de la Tine et la ferme des Crêts ... liste non exhaustive. Par contre, des montgolfières ont bien débuté leurs ascensions depuis le site de la Table d’Orientation.

Vers 1970, des aéro-modélistes télécommandent leurs planeurs silencieux aux longues ailes rectilignes. Ces appareils pèsent entre 3,5 et 7kg et sont dirigés à vue. Ils peuvent monter à 5-600m par bonne visibilité, ont une autonomie de 5h et atteignent aisément 70 km/h. C’est un autre magnifique spectacle que d’observer depuis le sommet les gracieux et performants planés de ces très précis modèles réduits. Leurs points d’envol varient bien sûr avec le vent, situés notamment aux Crêts, à Pomier, à la Pointe du Plan et à Saint-Blaise (2 orientations, bise ou vent). Une centaine de modélistes viennent parfois de toute la France, de Suisse et d’Allemagne pour profiter des conditions exceptionnelles offertes par le Salève.

Enfin, la compagnie aérienne suisse "Swiss" a donné en 2002 le nom de sommets suisses à ses avions ex-Swissair hélas rebaptisés (voir : Récit). L’un d’eux (HB-JCI) se nomme curieusement "Mont Salève", ce qui fera bien rire les Genevois et je l’espère aussi, les Haut-savoyards !

 

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Atterrissage de Marcel Lachat, au pied du Salève, proche de la frontière franco-suisse (09.09.1989, JCC)
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  lundi 13 février 2006
  • Pour plus d’information, voir : Parapente Mag no.95, d’août-septembre 2004, à la "Librairie ".
  • Pour de larges informations sur le Salève, lire : Le Salève, images et anecdotes, J.-J. Boimond, 1987, ills, 222p. Le grand livre du Salève, Tribune éditions, 1988, 272p.
  • Les accidents d’avions au Salève, G. Lepère, de La Salévienne. Download d’un PDF (doc 1656).
  • - Par beau temps du sommet du Salève le paysage à 360 degrés est fabuleux tant pour le piéton que la personne équipée d’ailes souples ou rigides : Jura, Léman, Alpes, un panorama prestigieux :

    [05.2017] Du Salève, un panorama des Alpes et du Léman aux 4 saisons (2013) (diaporama, 36ph, 03’05’’, 9Mo). Images de Roger Fillon. Format MP4.
    [07.2015] Le Salève et sa région, vu d’un parapente (2008) (vidéo sonore, 01’). Sur le site U-tube.

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