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Hommage aux passagers qui ne voulaient pas venir à Genève : détournements d’avions (dès 1978) [2 vidéos]

 

Politiques et religions sèment la panique à bord des lignes aériennes dans les années 70-80. Aéroports et compagnies mettent peu à peu en place les 1ers moyens pour s’en pré -munir. Dans les années 90 on croit que toutes les procédures sont au point, jusqu’au 11 septembre 2001.

Les détournements d’avions sur Genève sont surtout influencés par la gestion d’un pays ami et voisin. Fragments de l’histoire aérienne locale ces faits touchent autant les passagers, les compagnies, les employés d’aéroports que les auto- rités chargées de négocier, en été.


Lors de l’exercice "Bélier" effectué par des volontaires le 23 novembre 2005 à Cointrin, des passagers évacuent sous la menace d’un "pirate" de la police. (ph. : A.Pellodi, Police Press).
  • Article associé : Lieu : Cointrin
  • Période difficile où aéronautique et autorités ne mettent pas les bons moyens en place

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    Boeing B-737-200 d’Air France à Cointrin.

    Pionnair a voulu honorer les passagers qui n’ont jamais réussi à rejoindre l’aéroport de Genève (voir : Récit) et veut également avoir un geste envers ceux qui ne voulaient pas arriver à Cointrin et qui y ont été contraints lors de détournements d’avions dans la période 1973-87. En espérant que, libérés de leurs agresseurs, ces passagers auront quand même trouvé dans notre ville de paix un réconfort aux difficiles moments qu’ils venaient de vivre et un accueil de qualité auprès de nos ambassadeurs de l’air. C’est aussi un hommage adressé à ceux qui, sur place, ont œuvré à la résolution et au traitement de ces événements.

    L’automne 1970 voit l’aéroport de Cointrin transformé en un camp retranché. Une sorte de petit pays en état de guerre, clos par 14km de frontière, gardée par 461 soldats armés, à cheval entre la Suisse et la France. Ces mesures sont prises pour faire face aux attaques de pirates de l’air et de poseurs de bombes sur la planète. Le 21 février, un Coronado de Swissair (HB-ICD) parti de Zurich pour Tel Aviv explosa en vol, victime d’une bombe, sans un seul survivant. Le 14 septembre des terroristes font sauter un DC-8 de Swissair (HB-IDD), vide, dans le désert jordanien, avec 2 autres appareils ! Pour la 1ère fois dans l’histoire de l’aéroport de Cointrin, les passagers doivent également se soumettre à la fouille et aux passages dans des détecteurs de métaux. Ces remparts physiques qui dureront des années (barbelés) ou virtuels qui perdurent (contrôles de personnes et des bagages) veulent protéger l’aéroport de tout ce qui viendrait de l’extérieur vers les avions. Mais le danger arrivera aussi depuis la piste même, comme un virus logé à bord de certains appareils faisant escale volontaire ou non dans le canton. En 1968-69, 110 avions ont été détournés dans le monde !

    Une série d’escales imprévues qui se terminent heureusement sans décès

    Le premier cas concerne les 145 passagers d’un DC-8 de Swissair effectuant la ligne Zurich—Monrovia. Cette "nouveauté" va amener les 3 premières heures de confusion du genre sur l’aéroport de Cointrin. Un jeune aide-cuisinier lucernois de 18 ans a décidé d’aller gratuitement à New-York en ce 1er décembre 1973. Le cdt Oberson, pilote de l’appareil, mène la négociation et se voit confronté à un individu hésitant et confus qui sera finalement débarqué alors qu’on lui promet qu’il va parler à la presse et à des représentants de l’ONU.

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    Les "restes" du "pirate" du vol 530...

    Puis ce sera l’épisode du Boeing-707 de la TWA (vol 530), venant de New-York avec 79 passagers et 10 membres d’équipage (capitaine Robert Hamilton). L’appareil se pose à 8h25 le vendredi 25 août 1978, s’installe en bout de piste avec un ou plusieurs pirates de l’air à bord ( ?) et des bombes en soute ( ?). En vol, durant la nuit, un "barbu" a déposé un document revendicateur de 19 pages sur les genoux d’une hôtesse demandant la libération de Rudolf Hess (bras droit de Hitler en 1941), de Sirhan Sirhan (l’assassin de Bob Kennedy), de 4 croates et d’un palestinien. Après 9h d’attente les passagers sont libérés vers 16h, l’avion a brûlé tout son kérosène et il n’y a plus de trace de preneur d’otage. Un homme s’est enfui sans être identifié, ne laissant que ses lunettes noires, sa fausse barbe et sa perruque dans les toilettes de l’appareil ! L’avion repartira pour Nice après une fouille intégrale. L’auteur du canular sera découvert quelques temps après en Amérique, sur la base d’une enquête serrée menée par la police genevoise.

    Le 6 août 1979, les 3 "détourneurs" d’un DC-9 d’Iberia, se rendent à la police de Cointrin. Ils avaient pris l’avion d’assaut aux Canaries, avec 17 passagers, et cherchaient à rejoindre l’Amérique du Sud ou l’Afrique. Mais le carburant embarqué ne laissait que le choix d’atteindre l’Europe. Après une escale à Lisbonne où la plupart des passagers purent débarquer ce Chilien et ses 2 amis Français choisirent finalement de se poser en Suisse. Encasernés aux Canarie, ils en avaient "raz-le-bol" de la légion espagnole, où ils s’étaient engagés trop légèrement. Dans l’impossibilité de quitter leur île, ils fomentèrent un détournement. Avant d’atterrir à Genève, ils avaient remis leurs armes au pilote, acceptant d’être jugés selon la loi helvétique. Ce détournement fut le plus paisible de 1979, sans violence, sans politique, et sans terrorisme.

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    Airbus A-300-B2 d’Air Inter Europe.

    Beaucoup plus grave : le samedi 27 août 1983, le vol Air France AF781 quitte Vienne pour Paris avec 115 personnes à bord. Parmi eux 4 terroristes armés de fusils et de grenades qui prennent très vite possession de l’appareil. A court de carburant, le B-727 doit se poser à Genève (F-BPJS). Les pirates exigent la libération de Libanais détenus en France et le retrait des troupes françaises du Tchad et du Liban. En échange des pleins, la police genevoise réussit à obtenir la libération de 37 passagers. L’appareil repart alors vers Athènes puis se pose à Catane (Sicile) le samedi où l’on ne souhaite pas les aider. Les terroristes lancent un ultimatum : si l’on ne fait pas le plein de kérosène, un passager sera tué ! Après des heures de négociations, 60 nouvelles personnes sont libérées. Il ne reste plus que 10 passagers et 8 membres d’équipage dans l’avion qui décolle pour Damas, où il est à nouveau ravitaillé puis vole vers Téhéran. Après 3 jours, les pirates de l’air acceptent enfin de se rendre, non sans avoir obtenu des Iraniens l’asile politique. Cinq jours après le départ de Vienne, le commandant de bord René Levacher, son équipage et les 10 derniers passagers sont sauvés et sortent du cauchemar.

    Le 7 mars 1984, un Boeing B-737 d’Air-France assurant le vol Francfort-Paris (AF-741) est détourné à Cointrin par un pirate de l’air algérien (9H15). Il veut aller à Tripoli, demande de remplir les réservoirs et fait croire qu’il a un complice à bord et de la dynamite dans ses poches. Vêtus de rouge, 4 policiers jouent aux livreurs de boissons puis, plus tard, de plateaux repas préparés par Canonica SA. Sur l’un des ces plateaux une tasse à café est remplie d’eau chaude. A un moment donné, un policier lance ce plateau au visage du pirate pendant qu’un autre saisit son sac qu’on imagine rempli de dynamite. On s’empare de l’homme dans l’appareil. Il n’est armé que d’un couteau et continuera son voyage à la prison de Champ-Dollon (GE). Achille Pedruzzi, de Canonica, était monté dans l’avion avec les gendarmes !

    Le mardi 31 juillet 1984, un 2ème B-737 d’Air-France avec 58 personnes à bord et 6 membres d’équipage, part à 15h19’ de Francfort en direction de Paris (F-GBYH). Trois hommes armés de mitraillette, de colt 45 et d’explosifs le détourne. Ils exigent la libération de 5 des leurs, emprisonnés en France, dont le terroriste Anis Naccache, détenu pour avoir tenté d’assassiner l’ex 1er ministre iranien Chapour Bakthiar. L’avion atterrit successivement à Genève, repart à 19h43 vers Beyrouth puis Larnaca. Une douzaine d’otages seront libérés entre temps avant que l’appareil ne termine son périple à Téhéran. Après 2 jours de négociations, les pirates forcent leurs 46 otages à quitter le Boeing, il est 13h30’ le 2 août. Ils détruisent le cockpit de l’appareil à l’aide d’explosifs (il sera réparé). Les pirates se rendent aux autorités iraniennes après que les Israéliens acceptent de libérer un certain nombre de détenus dans les camps de prisonniers d’Atlit .

    Le détournement le plus terrible vécu sur le sol genevois

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    Douglas DC-10 d’Air Afrique à Cointrin.

    Le vendredi 27 juillet 1987, un pirate de l’air détourne le vol Air Afrique prévu vers Brazzaville -Bangui-Rome—Paris. Au départ de Rome, le DC-10 et ses 163 passagers sont détournés vers Genève (TU-TAL). Sur la piste de Cointrin, dans l’appareil mis à l’écart, le terroriste isole un groupe de 64 passagers français. Les opérations, les négociations, l’angoisse des passagers va durer 4 longues heures. Le Libanais Hussein Ali Mohamed Hariri, 21 ans, prétend être un membre du Hezbollah. Il réclame l’élargissement de prisonniers libanais et palestiniens en France, en Israël et des frères Hamade tenus captifs en RFA et veut rejoindre Beyrouth. Il blesse sérieusement une stewardess qui tente de le désarmer. Les négociations traînant à son gré, il abat un passager français, Xavier Beaulieu, sur un seuil de porte de l’avion et le jette sur la piste. C’est alors que l’un des passagers actionne le mécanisme de verrouillage d’une porte arrière et courageusement un steward réussit à ceinturer le forcené. Dans la confusion Hariri est désarmé. La police genevoise pénètre dans la carlingue et arrête le pirate.

    On n’a pas fini d’entendre parler de l’individu, de le loger et le nourrir, à Champs d’Ollon, à la Plaine de l’Orbe au frais du contribuable. Il tente de s’évader en 1990, en sciant les barreaux de sa cellule, avant de réussir une évasion mouvementée en juillet 1992 en compagnie de 3 truands. Ils ont pris en otage des gardiens et un chauffeur et défoncé le portail de Bochuz (VD). Ils sont arrêtés quelques jours plus tard. Le 8 septembre 2002, lors d’une sortie conditionnelle Hariri s’évade à nouveau. On le retrouve et capture au Maroc d’où il est extradé vers la Suisse au début 2003 et revient comme l’un des rares passagers au monde que l’on ne souhaite jamais revoir sur le tarmac de Cointrin. On le libère peu après car il a purgé sa peine de 20 ans.

    Dernier cas d’espèce et exercices nécessaires pour que cela ne se produise plus

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    La statistique des détournements affiche une baisse importante avant septembre 2001 (US Dpt transp. FAA 98).

    Le dimanche 3 septembre 1995, à 12h45, la tour de contrôle avise la police qu’un détournement d’avion d’Air Inter, Madrid-Paris, est en cours et que l’appareil se dirige vers Genève. L’Airbus A-300 emporte 292 passagers et 10 membres d’équipage. Parmi eux figurent plus de 70 enfants qui rentrent de colonies de vacances. Tout va aller très vite. Quelque 80-90 policiers épaulés par le groupe d’intervention, les tireurs d’élite, les conducteurs de chiens d’explosifs ainsi que le service de dépiègeage sont mobilisés. A 13h09 l’avion se pose en bout de piste. A 14h15, les passagers quittent l’avion et à 14h40 le groupe d’intervention maîtrise le "terroriste" de nationalité espagnole, jugé déséquilibré, qui manifeste à l’encontre des essais nucléaires français dans le Pacifique. Le soir, à 20h19, l’avion atteint Orly avec un nouvel équipage et tous ses passagers.

    Le mercredi 23 novembre 2005, un avion de type Airbus A-319 de la compagnie Balaena, sur le vol BEL005 de la ligne Kasano-Genève, est forcé par deux FA-18 de l’armée suisse, partis de Payerne, de se poser sur l’aéroport de Genève-Cointrin à 8h30 du matin. Heureusement, il s’agit d’un exercice sur une grande échelle baptisé "Bélier", qui est une obligation "grandeur nature" demandé par l’OACI et visant à tester touts les dispositifs de sécurité et de gestion de crise genevois. PrivatAir prête l’avion et l’équipage, Flybaboo joue la compagnie détournée et quelque 450 personnes, dont 200 policiers de différents corps, sont impliqués dans l’exercice qui dure une dizaine d’heures. Et pendant ce temps là, l’aéroport continue à fonctionner ! Les 2 "pirates", 2 policiers professionnels habitués à ces exercices "en ont fait baver" à plus d’un.

    Curieusement, l’ensemble des véritables détournements cités intervient entre le 27 juillet et 3 septembre : le mois d’août est donc très critique ! Idem pour les accidents de vol ! Comme ces détournements n’arrivent pas sur toutes les compagnies, ils sont donc inversement proportionnels aux protections et contrôles mis en place par les autorités portuaires d’embarquement et par les compagnies aériennes elles-mêmes. Car la question à poser est bien celle-ci : Qui laisse monter des passagers armés en cabine ?

     

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    Cointrin le 24 juillet 1987 : les passagers réussissent à fuir le DC-10 d’Air Afrique par la porte arrière.
    Par : Jean-Claude Cailliez
    Le :  jeudi 6 avril 2006
  • Pour d’autres informations, voir : le magazine "23-05" de l’AIG no.46 p.9, ills, à la "Librairie ".
  • [10.2007] Détournements de 1983-1984 (vidéo couleurs sonore, 02’20’’, 44Mo), nécessite le plugin QuickTime 7.1.3. minimum.

    - Ci-dessous, en 2014, un curieux détournement aboutit à Cointrin. Le copilote d’Ethiopian airlines en est la cause, pendant que dorment tous les avions de chasse d’Helvétie :

    [02.2015] Fin du détournement d’Ethiopian airlines à Cointrin (17.02.2014) (vidéo sonore, 1’54’’, 31Mo). Images TV8 Mont-Blanc. Format QuickTime 7.5 minimum.

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