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Le retour d’une star, le Super Constellation de Breitling / SCFA, "Star of Switzerland" bis (2004) [vidéo]

 

Il y a plus de 30 ans qu’un Constellation n’a pas sillonné les cieux européens. Avion des stars et des grands de ce monde, le Constellation passionne toujours les fans d’aviation 60 ans après sa naissance. Aujourd’hui, seuls 3 sont encore en état de vol mais grâce à l’entêtement de « mordus » de l’aviation, une de ces superbes machines est maintenant stationnée en Suisse et peut ainsi nous faire rêver durant les meetings aériens.


Le "Connie" de la Breitling Super Constellation au décollage à Cointrin (photo Marc André Veillard).

Une histoire d’amour

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F. Agullo et P. Danalet dans le cockpit (photo SCFA).

Francisco Agullo a 9 ans quand il prend l’avion pour la première fois à bord d’une Caravelle sur un vol Genève-Paris. Il visite le cockpit quand il assiste à l’approche de nuit sur Paris illuminée de mille feux. Il tombe amoureux de l’aviation et passe dès lors tous ses week-ends à l’aéroport.

Durant son adolescence et même pendant ses études, il profite de tous ses temps libres pour arpenter les abords de l’aéroport, photographier les appareils qui se posent à Cointrin. A 14 ans, il attaque la formation théorique auprès de l’Aéro-club. A 17 ans, il obtient la licence et à 20 ans se retrouve instructeur au Canada. Une histoire d’amour avec l’aviation et surtout avec un de ses plus dignes représentants - le Super-Constellation - est née.

A tel point qu’il déniche à Saint-Domingue la dernière compagnie qui vole encore avec ce quadrimoteur à pistons. L’avion est en mauvais état et ne sert plus qu’au transport de fruits et légumes vers Miami. Francisco Agullo offre ses services et durant ses congés vole aux commandes de son avion préféré.

En 1996, Francisco Agullo entre chez PrivatAir après un bref passage chez Swissair. Il devient commandant de bord de Boeing 757. Il a 29 ans et son idée fixe est de ramener un Super-Constellation en Suisse. Il en parle autour de lui et on le prend pour un doux rêveur.

Mais le destin change après une rencontre avec Peter Kalt et Moritz Suter, les fondateurs de Crossair qui, eux, croient au projet. A l’aide d’une quatrième personne, l’argent est rassemblé et, en 2000, il convainc son ancien patron dominicain de lui vendre un appareil qui est cloué au sol depuis des années.

L’avion-cargo

Le Super Constellation, immatriculé N105CF (n° de construction 4137) a commencé sa vie en 1953 en tant qu’appareil militaire pour l’US Navy. Après une carrière de transport de troupes pour l’US Air Force (immatriculé 54-4062), il rejoint l’Air National Guard en 1978 pour servir d’avion d’entraînement pour les pilotes de AEW-Connies (avions-radars) basés à Mc Clellan Air Force Base (Californie) et Homestead (Floride).

En 1989, l’avion est vendu et il atterrit à Saint-Domingue en 1990, aux mains d’Aérochago. La compagnie l’utilise pour des vols commerciaux (Francisco Agullo le pilote régulièrement à cette époque) jusqu’en 1993, date à laquelle il est interdit de vol sur territoire américain par la FAA.

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Le Super-constellation fait un passage dans le ciel genevois lors des Fêtes de Genève 2004 (Photo SCFA).

La Super Constellation Flyers Association (SCFA) rachète l’avion en juin 2000 et après 2 mois de travaux de remise en état, l’avion reçoit son immatriculation américaine N105CF et vole vers les Etats-Unis en vue d’une remise en état complète.

Les travaux ont lieu sur l’aérodrome d’Avra Valley (Tucson, Arizona), avec l’aide de mécanos du MATS Connie et des volontaires de l’association. Malgré tous les travaux effectués et tous les efforts déployés par les membres de l’équipe, les autorités ne délivreront pas le certificat de navigabilité standard indispensable pour transporter des passagers, but de l’association. C’est un coup très dur pour tout le monde, mais l’histoire ne se termine pas là heureusement !

C’est le bon cette fois !

Une solution est trouvée : un riche propriétaire de Constellation, mais qui ne vole quasiment plus, est contacté et accepte une location-vente d’un second Connie.

Il s’agit d’un appareil qui a été assemblé sous le numéro 4175 à Burbank en 1956 pour être livré au Military Air Transport Services (MATS). Il est transféré en 1962 au Mississipi Air National Guard’s et prend sa retraite militaire en 1972, avec l’arrivée des C-130 Hercules. L’association Aviation Specialities (Mesa, Arizona) accepte de donner son Boeing 307 Stratoliner, le dernier existant, au National Air and Space Museum (Washington, District of Colombia) en échange du Super-Constellation qu’elle transforme en vue de son nouveau travail d’arroseur de grandes surfaces pour la lutte contre les incendies. En vérité, il n’arrosera que des forêts pour attaquer la vermine infectant les sapins.

L’appareil se détériore et, de propriétaire en propriétaire, finit par arriver sur l’aéroport de Camarillo où en 1991, Benny Younesi fondateur de la Constellation Historical Society (CHS) le restaure en vue d’une remise en état de vol. C’est chose faite le 23 juin 1994 et le N73544, c’est son immatriculation civile, vole à nouveau aux USA lors de manifestations aériennes et pour la plus grande joie de tous.

Le retour de la Star en Suisse

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Le Connie à Genève les 5 et 6 juin 2004 lors des journées ouvertes aux visiteurs (photo SBO).

Après le rachat du N73544 par la SCFA, des travaux de réparation sont nécessaires en vue d’entreprendre un vol des USA à la Suisse. Plus personne n’a traversé l’Atlantique avec un quadrimoteur à pistons depuis fort longtemps.

Un moteur est changé, l’appareil est entièrement révisé et 30 passagers embarquent le 28 avril 2004 pour le long vol de retour vers la Suisse, un vol mémorable. L’avion survole les Etats-Unis en direction du Canada, les membres de l’association craignant jusqu’à la dernière minute une volte-face des autorités américaines qui pourraient refuser à l’appareil de quitter le continent américain.

La traversée de l’Atlantique se fait en une seule escale, entre Stephenville (Canada) et Prestwick (Ecosse, GB) le 2 mai 2004. L’avion est à pleine charge (dont 25’000 lt d’essence, soit 13 heures d’autonomie de vol). L’absence de dégivreurs et de pressurisation dans la cabine obligent un vol sous les 3000 mètres d’altitude. 8 heures 45 plus tard, la traversée est terminée et l’appareil parqué sur l’aéroport de Prestwick où il subit quelques menues réparations après ce vol transatlantique mémorable. Une escale du 6 au 8 mai à Paris - Le Bourget et le N73544 décolle pour rejoindre son nouveau port d’attache : l’aéroport de Bâle-Mulhouse où il atterrit le 8 mai 2004, accueilli par 2 Junker 52, un DC-3 et plusieurs autres appareils anciens et de nombreux supporters.

Enfin, la légende Connie se pose le 22 mai sur la piste 05 de Cointrin, sous le regard des passionnés. Plus de 2000 personnes le visitent début juin sur le parking P48 de l’aéroport de Genève. Depuis, l’appareil a participé aux plus grandes manifestations aériennes en Europe dès 2004 et continuera ainsi le plus longtemps possible.

Un peu d’histoire et des chiffres

Conçu par la firme Lockheed en pleine 2ème Guerre mondiale d’après les spécifications du célèbre milliardaire américain Howard Hughes, cet avion est tout d’abord utilisé par le transport militaire.

Mais sa gloire viendra avec la version civile. Le Connie (diminutif de Constellation) annonce l’arrivée d’une ère nouvelle, le transport aérien confortable et sûr. Avec sa silhouette à la forme de dauphin et son triple empennage vertical, il est mondialement reconnu pour sa grâce et ses performances. Il est capable de transporter une centaine de passagers dès la version Super Constellation en 1948, à une vitesse de plus de 400 km/h sur 5’000 km et à haute altitude grâce à sa cabine pressurisée.

Le Super Constellation transportera toute la jet-set des années 50, dont plusieurs présidents d’états. Il ne sera finalement détrôné de cette place d’empereur de l’Atlantique que par l’arrivée des jets (Boeing 707, DC8, etc.).

De cette flotte de 579 appareils construits, toutes versions confondues, seul 3 sont encore en état de vol aujourd’hui.

Données techniques du N73544 (devenu HB-RSC par la suite) :

Moteurs4 Wright Cyclones R-3350 de 3’250 CV
HélicesHamilton standard, 3 pales, 4.64 m de diamètres
Vitesse de croisière260 Kts (480 Km/h)
Poids à vide31,8 t
Poids maximum au décollage54,55 t
Capacité carburant6’550 USG ou 24’760 lt
Capacité huile107 USG ou 404 lt
Envergure37 m
Longueur34 m
Hauteur7 m
Autonomie3’500 NM ou 6’500 Km
Consommation carburant480 USG ou 1’800 lt / heure
Consommation huile3,5 USG ou 13 lt/h par moteur
Plafond maximum (autrefois)23’200 ft ou 7’050 m (octane 115/145)
Plafond maximum (aujourd’hui)12’000 ft ou 3’650 m (octane 100)
Longueur de piste minimum4’500 ft ou 1’400 m
Equipage minimum3 personnes (pilote, co-pilote, mécanicien-navigant)

 

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Le 2 octobre 2007, lors du salon "Geneva Clsassics" le "Star of Genev"a passe derrière Evian-les-Bains, accompagné par un DC-2 et un DC-3 (C.Bechir).
Par : Stéphane Boos
Le :  jeudi 6 avril 2006
  • Pour plus d’informations, lire : Lockheed Constellation, Classic Civil Aircraft, de Kenneth E.Wixey. Ed. Ian Allan, 1987, 112p, n&b. Ou encore : Lockheed Constellation, de D.Breffort. Coll. Légendes du ciel, Ed. Histoire et Collection, 180p, ills, couleur, à la "Librairie ".
  • Voir le site de l’association SCFA : site internet
  • Le Super-Constellation de la SCFA (Diaporama, couleur, sonore, 02’47’’, 57Mo), nécessite le plugin QuickTime 7.1.3. minimum.

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