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Bicentenaire de l’aéronautique via l’aérostation : superbes ballons et montgolfières à Vessy (1983) [vidéo]

 

200 ans après le 1er vol humain, l’aéronautique a fait de considérables projets en tous genres. Que reste-il à réaliser sur ce thème pour solliciter les esprits et enthousiasmer les foules ? Pour marquer cet anniversaire, rien de tel que d’utiliser des ballons à gaz et montgolfières pour commémorer les pionniers de 1783. Deux aérostiers venus du Pays d’en haut, les Exchaquet, vont raviver à Genève la culture des aéronautes pour des décennies et donner à Vessy et à la ville des couleurs polychromes.


Une douzaine de montgolfières colorées en train de s’élever du terrain de sport de Vessy (GE) et commémorer le bicentenaire de l’aérostation (1983).

Un 20ème siècle riche d’extraordinaires prouesses technologiques et humaines

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Brigitte Exchaquet présidente du bicentenaire (1983).

Lorsque l’on fêta le 1er centenaire en 1883, l’humanité était à la veille du 1er emploi d’un moteur a explosion en aéronautique (voir : Récit). Dès 1890 et très rapidement le modèle-réduit, le planeur, l’avion, l’hélicoptère, la fusée, le jet, le drone, le Delta, le parapente, etc. vont naître des prouesses technologiques et de la hardiesse des hommes. Ils s’ajoutent aux déjà connus parachute, ballon, montgolfière et dirigeable. Les guerres et la volonté d’une défense aérienne y seront hélas pour beaucoup. Les progrès techniques sont innombrables, les exploits humains aussi. En 1969 ne cumule-ton pas le 1er homme sur la Lune, le 1er vol du Concorde et l’emploi du Boeing 747 ? Les années 70-80 connaissent une forte démocratisation de l’air pour le plus grand nombre avec les appareils légers tels le Deltaplane, le parapente. De leur côté les armées réduisent fortement leurs effectifs au bénéfice d’engins toujours plus efficaces. Le nombre de passagers aériens est devenu gigantesque et toujours croissant. Impossible de résumer toute la science du siècle écoulé et les textes de Pionnair ne vous en donneront qu’un petit aperçu.

Que reste t-il à prouver, à réaliser en 1983 ? Les premiers tours du monde sans escale sont imminents (1986 Yeager/Rutan, 1999 Piccard-Jones (Récit), 2005 Fosset). L’ULM va accentuer la démocratisation de l’air pour pouvoir pratiquer le vol près de chez soi. Les civils vont commencer à accéder à l’espace. Des Etats veulent atteindre la planète Mars via des stations spatiales. Pour la plupart d’entre nous c’est l’encombrement des lignes du transport aérien qui restent à fiabiliser dans ses horaires et sa souplesse. Mais probablement, comme il y a 100 ans, nous sommes incapables de prédire ce que seront les 100 prochaines années....

Renaissance de l’aérostation dans le canton de Genève : la part des Exchaquet

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Inventés en 1783 ou en 1850 les plus légers que l’air sont toujours en activité.

Les appareils nés en 1783, ballons à gaz (charlière) et montgolfières doivent être au coeur de la manifestation d’un bicentenaire à Genève. Mais il n’y a plus d’aérostiers en Romandie depuis des dizaines d’années. A la fin 1975 il n’y a d’ailleurs plus que 25 charlières et 4 montgolfières immatriculées en Suisse. Heureusement, le 25 septembre 1979, Laurent et Brigitte Exchaquet aidés d’un ami, fondent le Club Alpin de Ballons à Air Chaud à Château d’Oex (VD). Laurent est breveté aérostier en 1979 et son épouse Brigitte devient la 1ère femme brevetée montgolfière de Suisse en 1980. En 1979, le baptême de l’air qu’ils donnent au fondateur japonais des automobiles Honda va leur assurer un appui décisif. Il permet l’existence de la 1ère Semaine internationale du ballon de Château-d’Oex dont le succès n’a fait que croître jusqu’à nos jours. En 1981, Laurent Exchaquet (né en 1936) devient champion suisse d’aérostation.

Les Exchaquet créent ensuite le Club Aérostatique du Pays d’en-haut qui se déplace à Genève pour distinguer ses activités du groupe précédent. C’est principalement à Genève que Laurent Exchaquet exerce son métier d’architecte où il ne rencontrera d’ailleurs plus aucun aérostier local malgré la riche histoire cantonale des années 1920-30. Le 13 janvier 1982 il fonde le Groupe Aérostatique Genevois (GAG) qui est rattaché à l’Aéro-Club de Genève le 10 juin. Déjà 7 montgolfières sont en activité en 1983 avec 14 membres dont 2 femmes : Anna Bemro et Brigitte Exchaquet, avec MM Henri Bertrand, Blaise Convert, Laurent Exchaquet, Michel Jaccard, Patrick Kearley, François Lapalud, Marcel Mottier, Martial Pégat-Toquet, Roland Py, Stanislas de Sadeleer, Claude Tièche et Georges Vuille.

Ces aéronautes participent à diverses manifestations en Europe (Milan, Rome, Filzmoos, Lyon, Châlons, Arc-en-Senans, Charbonnière, Bâle) et sensibilisent la jeunesse locale à l’aide de vols captifs (Genève, Château-d’Oex) jusqu’au printemps 1983. Cette année, Laurent Exchaquet est à nouveau champion suisse d’aérostation. On compte alors 500 ballons en Grande-Bretagne, 180 en France, 60 en Suisse dont les 7 genevois.

Deux cent ans d’aéronautique, ça se fête, et Genève va marquer l’événement

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Que de chemin parcouru de la terre à l’espace (Paris).

Les membres du GAG veulent marquer à Genève le bicentenaire du 1er vol humain des frères Montgolfier (voir : Récit). Le maire de la ville, Roger Dafflon, offre une garantie de déficit de 40.000F pour l’événement et met à disposition des employés pour préparer une place dédiée sur le terrain de Centre sportif de Vessy (voir : Lieu). Ce sera le 1er usage de ballons en ce lieu ! La manifestation est baptisée "Fête aérienne 1783-1983" et planifiée pour le week-end des 23 et 24 avril. Parallèlement, dans les locaux de la banque UBS, à la rue du Rhône, du 1er au 22 avril, sont exposés des objets aérostatiques anciens prêtés par le collectionneur Roux Devillas de Paris. Une plaquette en couleur de 56 pages est imprimée. On y trouve notamment l’inventaire des patronages de hautes autorités fédérales et cantonales, dont le Dr Ernst Iselin, président de la Commission suisse d’aérostation. La présidente de la manifestation est Brigitte Exchaquet (42 ans), son mari tient les finances et René Hug maîtrise la presse.

Le jour de l’inauguration, le samedi, les officiels arrivent à bord d’anciennes automobiles dont l’une doit être chauffée 3h avant d’être finalement prête à rouler. Parmi les nombreux aérostiers présents, on compte le Français Michel Arnould, auteur de plusieurs records d’altitude et Xavier de Montgolfier, descendant des inventeurs et pionniers. On va dénombrer 35.000 spectateurs sur les 2 jours où les activités sont encadrées par 300 membres bénévoles de l’Aéroclub de Genève. L’entrée est gratuite pour la jeunesse et de 8F pour les adultes.

Dès le matin, différentes attractions font lever les têtes : vols captifs de montgolfières, atterrissage d’aile delta, vols de modèles réduits, saut en parachute et la réplique de la montgolfière de 1783. A 12h30, c’est l’ascension de 3 ballons à gaz (dont HB-BEZ "Jura" et "Roche d’Or"). Pour leur gonflage, des camions ont amené de Suisse-alémanique des bouteilles d’hydrogène comprimé. Les démarches administratives sur ce point furent infernales et la sécurité locale avec l’aide des pompiers très stricte. L’après midi s’ajoute la voltige d’un avion Cap-20, le passage d’avions Bravo, l’acrobatie sur Bücker, 2 Deltas largués de montgolfières et un concours de distance avec des cartes-adresse attachées à des ballonnets.

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Les aérostiers participants sont venus de 14 nations dont l’Allemagne, la Grande-Bretagne (5), l’Autriche, la Belgique, le Danemark, les USA (2), la France (17), les Pays-Bas, la Hongrie, l’Italie (2), le Luxembourg (2), la Norvège, la Suède et la Suisse (16), mettant en oeuvre 40 montgolfières, 3 ballons à gaz et 1 dirigeable. Le samedi matin se tient la 1ère épreuve, celle de la "chasse au renard inconnu" : un pilote est prévenu en vol qu’il est le renard et doit se poser rapidement n’importe où. Le vainqueur sera le ballon qui se posera le plus près de lui. A 16h15, nouvel envol des montgolfières pour "Le Trophée de Courmayeur" et tenter de rejoindre cette ville italienne. Le vainqueur sera Pascal Trouttet (F). A 16h45, gonflement du plus gros ballon au monde, le "Semiramis" (15.000m3) de Michel Arnould, et dès 17h, démonstrations du dirigeable à air chaud.

Le dimanche matin, dès 10h, les attractions pour le public reprennent aussi nombreuses, parmi lesquelles : envols de montgolfières, démonstration de ballons monoplaces puis du dirigeable, lâcher de pigeons voyageurs, saut d’un parachutiste, vols captifs en ballon, largage d’un Deltaplane biplace depuis une montgolfière, vol de Delta et au sol les majorettes de Vernier. Dès midi c’est l’envol des 3 ballons à gaz au rythme de la fanfare l’Echo du Salève ; passage des avions de l’Aéro-Club (Bravo, Piper Supercub, etc.) acrobatie d’un Cap-20, vols de modèles réduits, à nouveau un Delta largué d’une montgolfière puis 23 parachutistes. Ces derniers sont largués de 4.000m et tentent de battre le record (17) de chute libre et n’ouvriront leur corolle qu’à 700m du sol. Dès 16h, vols captifs en ballon, gonflement du "Semiramis" et à 16h30 démonstration du dirigeable français puis 2ème lâcher de ballonnets. Cette journée voit encore le 1er vol de la montgolfière "Genève" de couleur orange et jaune.

Côté compétition, à 10h, la 3ème épreuve consiste en un atterrissage de précision sur cible par les montgolfières. A 15h45 nouvel envol majestueux de la majorité des montgolfières et 4ème épreuve, de distance. A 17h remise des prix des différentes compétitions. Parmi eux, le Prix de la Ville de Genève revient à Roger Rossier (CH). A 18h, ce dimanche, clôture de ces 2 journées à succès.

Un bilan très positif avec des conséquences extraordinaires alors impensables

Sous une météo magnifique s’est ainsi déroulé la plus grande manifestation du genre connue jusque là en Suisse. Le spectacle fut varié, tant pour les petits que pour les grands, donnant une belle réussite populaire. Ce que l’on ne pouvait imaginer alors c’est que lorsque la Suisse devra organiser la coupe Gordon Bennett de 1985. Parmi les villes candidates, c’est Genève qui sera choisie sur la base de sa réussite en ce bicentenaire et grâce à la dynamique équipe du Groupe Aérostatique Genevois (voir : Récit).

 

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.La cuvette de Vessy, au bord l’Arve et les falaises de Champel (Genève).

 

Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  lundi 14 août 2006
  • Pour plus d’information, il n’y a que la famille Exchaquet !
  • Bicentenaire de l’aéronautique (vidéo, couleur, sonore, 2,5’, 40Mo). Reportage : Autrefois Genève, David Charrier, Jean-Claude Brussino. Nécessite le plugin QuickTime 7.1.3 minimum.

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