Une famille de biplans robustes, idéals pour l’écolage et le tourisme
Après de nombreux prototypes Geoffrey de Havilland (1882-1965) conçoit la formule des "Moth" en 1925 qui va durer 30 ans : un biplace à moteur Cirrus, fiable, des ailes biplans droites, pliables (au début), le tout en bois, contreplaqué et toile.
Le DH-60 est né ! Livré dès 1925, le 29 mai Alan Cobham réalise un Londres-Zurich-Londres, soit 1.600km dans la même journée ! En 1927 un Moth atteint 5.268m d’altitude C’est le succès !
La formule se développe. Le Gipsy Moth naît en 1927 avec un moteur maison Gipsy-I de 85-100cv aux cylindres orientés vers le bas. Coût en 1928 : 650£.
Puis viennent le DH-60M au châssis en tube métallique et en 1929 c’est le moteur Gipsy-II de 98-120cv.
En 1931 le moteur Gipsy-III de 130cv crée le Moth Major. Les cylindres sont alors orientés vers le haut et l’axe de l’hélice est abaissé. Puis naissent le DH-60T Moth Trainer militaire et le DH-60X Hermes Moth.
Quelque 2.100 exemplaires de DH-60G sont construits en Grande-Bretagne et sous licence dans de nombreuses nations anglophones.
Le logo du DH-60, Le mot "moth" désigne une variété de papillon.
Finalement, le DH-60T deviendra le DH-82 Tiger-Moth avec son aile en flèche, construit à 8.800 exemplaires.
Par contre c’est du côté des appareils à cabine fermée qu’il faut chercher les Puss Moth, Hornet Moth et Leopard Moth.
Les photos du DH-60 ont tendance à l’illustrer majoritairement depuis son côté droit et l’on grimpe d’ailleurs de ce côté, car le pot d’échappement longe toute la gauche de la carlingue jusque derrière le siège arrière.
L’instrumentation de bord, aujourd’hui rudimentaire, est le must des années 30 : compte-tours, température d’huile, altimètre, vitesse, un indicateur de virage et une boussole parfois ajoutée.
Le moniteur s’assied en principe à l’arrière de l’appareil surveillant son élève qui est à l’avant.
Au roulage, la vision vers l’avant est nulle et les zigzags sont nécessaires pour rallier la piste d’envol.
Au roulage, après quelques dizaines de km/h la queue se relève rapidement et la vision est dégagée.
Les 9 premiers avions école de l’Aéro-Club de Genève
imma- triculé | Dès 10.1934 | ---Mise--- en service | —Appareil— | —c/n— | Moteur- | Commentaires--------------------------------- |
CH182 | --- | 1926 ? | Hanriot HD-14 | ? | 80 cv | Vendu au Club d’Aviation Neuchâtelois 02.1929. Culbute 06.1929. Radié 1931. |
CH208 | --- | 23.10.1928 | DH60G Gipsy Moth | 919 | 100cv | Baptisé "Shell" 12.1928 -> après 02.1935, EC-AQQ, Catalan A.F. Volerait toujours ? |
CH235 | --- | 04.03.1929 | DH60G Gipsy Moth | 1032 | ? cv | Crashé en 1932 dans le Pays de Gex. |
CH217 | HB-OKI | 15.12.1929 | DH60G Gipsy-Moth | 1823 | 85 cv | 03.1935 -> Ernest Berger (GE) 1948, etc. -> Ron Souch G-ABEV, -> N4203E, -> G-ABEV etc. ; ->Simon L.G. Darch à Yeovil (GB) ; 16 propriétaires, vole toujours ! |
CH216 | HB-OFI | 23.09.1930 | DH60G Gipsy-Moth | 1927 | ? cv | -> A.Verrey Lausanne 1936, -> G-AFTG, -> X5054, radié 1951, utilisé comme décor. |
CH277 | HB-OKE | 09.07.1931 | DH60G Gipsy Moth | 1835 | 85 cv | Détruit à Granges en 1949. |
CH341 | HB-OTI | 03.05.1932 | DH60G Gipsy Moth | 1890 | 85 cv | Vendu Aéro-Club des montagnes Neuchâteloises, 1936-39. |
CH359 | HB-OKA | 20.10.1933 | DH60G-III Moth Major | 5041 | 105cv | Formation de Ya-Ching Lee, appareil de M.Weber, au Salon de 1934 (voir : Récit et Récit). |
CH369 | HB-UXO | 09.04.1934 | DH60G-III Moth Major | 5069 | 120cv | -> Fritz Meyer Bâle 1936 -> Aéro-Club des montagnes Neuchâteloises 07.1939. Crashé près de Le-Locle, 19.09.1953. |
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Plaque moteur Gipsy-II.
A noter que le premier appareil DH-60 acquis par l’Aéro-Club (CH-208) est obtenu en 1928 par un financement mixte composé des apports de : Shell, Lumina SA (fournisseur d’essence, benzine et huile à l’aviation), la Section genevoise du Touring Club Suisse, l’Aéro-Club ainsi que messieurs M. de Loriol, Martin Naef, Marc Bornet, Firmenich, Jules Neher, A.Nobile etc.. L’appareil formera 38 pilotes jusqu’en février 1935. Il est ensuite vendu à l’aviation militaire Catalane et existerait toujours aujourd’hui en Espagne ( ?). Tous les 6-10 mois un nouvel appareil complète la flotte de l’aéro-club ou remplace un appareil vendu ou accidenté. En 1935, ces appareils sont peints avec un fuselage bleu et des ailes d’argent. Fin 1936, 5 appareils d’écolage sont à disposition. Ces "Moth" vont être les outils du club pendant 20 ans en incluant la 2ème Guerre mondiale où l’on ne vole hélas presque pas.
A noter encore que le DH-60G CH-217 (=HB-OKI) de 1929 vole toujours aujourd’hui près de Yeovilton en Angleterre, 77 ans après son arrivée à Genève. On imagine bien la vie mouvementée d’un tel appareil souvent aux mains d’élèves encore imparfaits et effectuant de très nombreux décollages et atterrissage. L’avion avait en outre effectué le raid Genève-Rio-de-Oro (Afrique de l’ouest) en solitaire aux mains du Genevois Ernest Berger (voir : Récit). Une panne de moteur l’avait aussi obligé, un jour de novembre 1935, à se poser dans un champ labouré de Plan-les-Ouates (GE) et à se retrouver momentanément sur le dos (voir : Récit). Un autre appareil ex-genevois pourrait ( ?) encore exister quelque part en Espagne, le CH-208 de 1928.
Quant au DH-60 G Moth Major CH-359 (=HB-OKA), il figure dans l’exposition du 2ème Salon aéronautique de Genève de 1934 (voir :Récit) et servira notamment à former à Cointrin la pilote chinoise Ya-Ching Lee ( voir : Récit).
A propos du Hanriot HD-14, CH-182
Un Hanriot HD-14, appareil conçu vers 1920.
Seul avion d’écolage à Genève de 1926 à octobre 1928, le vétuste biplan biplace est un appareil à moteur 80cv rotatif acquis en 1923 et utilisé en co-participation entre ses propriétaire Marcel Geneux-fox et Ferrière et le Club Suisse d’Aviation dès l’été 1927. L’heure de vol en double commande coûte alors 150F (850F actuels !) et 100F en vol solo. L’appareil est curieusement décoré d’un sapin de Noël stylisé, décoré de 5 bougies, le tout dans un cercle et sans légende. Est-ce en lien avec le surnom de l’instructeur Marcel "Noël" Weber ? Le peu de fiabilité de cet engin ne lui offrira pas une longue carrière genevoise. Le Club Neuchâtelois d’Aviation l’acquiert pour 2.000.- (14.000F actuels). Il est amené par la voie des airs de Cointrin à Planeyse par Etienne Primault et baptisé le 2 février 1929 "La Mouette". Il volera 5h, fera 20 atterrissages et se crashe sur le Jura, trop sous-motorisé face au vent. Endommagé suite à l’atterrissage forcé du 29 juin, il sera revendu en France en mars 1931.
Données techniques : envergure : 10.87m ; longueur : 7.25m ; hauteur : 2.05m ; surface portante 34.50m² ; masse à vide 555kg, masse totale 810kg ; moteur rotatif Le Rhône 9C de 80cv à 1.200t/min. ; vitesse maximale 110km/h ; plafond : 4.000m ; autonomie 180km. Equipements : boussole à liquide, altimètre, indicateur de vitesse, compte tours. Décollage en environ 100m à 90km/h. Biplan d’entraînement à construction en bois et revêtement entoilé, quelque 2.300 exemplaires sont construits et exportés dans 16 pays. NB : le capot avant est de couleur foncée à Genève, il devient clair à Neuchâtel (02.1929).
Carte postale : un Gisy-Moth de l’Aéro-Club de Genève survole la rade dans les années 30’. Nb : le célèbre jet d’eau genevois n’est pas en activité (hiver ?).