Le site des pionniers de l’aéronautique à Genève 
Des Genevois chez eux ou ailleurs et des étrangers dans Genève 
 | Agenda | Plan du site  | Pionnair-GE in Deutsch | Pionner-GE in English | Espace privé 
 
 
Marcel DEVAUD (1887-1971) : pilote privé, gd voyageur, président de l’Aéro-club genevois & de l’Aéro-club de Suisse

 

Marcel Devaud a mis une partie de son temps et de sa fortune dans la défense de l’aéronautique non commerciale sous diverses formes, notamment à Genève mais aussi au niveau national ou international. Pilote émérite dès 1930, aux 3.000h de vol, il est un acteur important au sein de l’Aéro-Club de Genève, de l’Aéro-Club de Suisse, à la FAI ou pour Pro Aero ainsi qu’à la revue Interavia. Présent dans les concours annuels inter-clubs, son avion est aussi un outil intégré à sa profession de bonnetier.


Marcel Devaud (1887-1971), pilote, administrateur d’une manufacture de bonneterie, et président de l’Aéro-Club de Suisse (1951).

D’origine bourgeoise, issu du milieu des manufactures de tissage et de tricotage

Marcel Devaud naît à Genève le 3 août 1887, fils d’un industriel de la bonneterie, Charles Alfred, qui créa l’entreprise de textile Devaud-Kunstlé dans le canton de Fribourg. Après des études au collège Calvin genevois, une maturité latine et quelques semestres à l’Université, Marcel Devaud, passionné de mathématiques, devient un collaborateur de l’entreprise paternelle. Il en sera l’un des dirigeants et dès 1934 l’un des administrateurs jusqu’à son décès. En parallèle, on le cite actif au sein des organisations professionnelles du secteur textile et de l’habillement, parmi lesquelles il occupe plusieurs charges et présidences. A la fin de la 2ème Guerre mondiale, une branche de l’entreprise est établie à Carouge (GE), manufacture qui disparait en 1998. Entre temps, époux d’Yvonne Dupraz, ils résident au 125 route de Chêne.

Présent dès les premiers jours d’existence de l’Aéro-Club de Genève

JPG - 10.3 ko
Devaud dans un Moth de l’Aéro-Club (1934).

Dès la fondation en 1909 du Club Suisse d’aviation (CSA), futur Aéro-Club de Genève, le jeune Marcel Devaud est intégré dans le comité technique, à 22 ans (voir : Récit). Rare sont les membres du CSA qui voleront ici avant 1914. La 1ère guerre mondiale va limiter l’activité aéronautique civile mais heureusement pas celle de l’industrie textile. Après l’armistice, Marcel Devaud fait son baptême de l’air, un dimanche, depuis le terrain de Saint-Georges (GE) (voir : Lieu), assis dans le baquet du Caudron G3 de François Durafour (voir : Biogr.). Ce dernier lui fait faire un survol de la ville incluant un circuit autour des clochers de la cathédrale St-Pierre. C’est le début d’une grande période de pratique de l’aviation pour Devaud.

Il faudra attendre l’existence de l’école de pilotage animée par Marcel Weber (voir : Biogr.) pour que Marcel Devaud se lance dans le pilotage. Ce dernier décroche en 1930 le brevet no.178, type I (vol seul), et le type II (emport d’un passager) en 1931. Weber organise aussi l’achat d’avions en Angleterre pour ses élèves (de Havilland, Miles, Percival, Morane-Saulnier), reliant à l’aller l’île en train et en bateau. De là, l’avion réceptionné, il redescend en vol avec son client et parfois avec l’un des ses propres fils. En 1930, Devaud acquiert un DH-80a Puss-Moth, un monoplan à aile haute, un triplace à cabine fermée. La traversée de la Manche étant rendue impossible par des nuées, avec Devaud, ils couchent dans une base militaire anglaise de la côte avant de faire leur retour à Genève le lendemain. L’appareil est équipé d’un moteur Gipsy Major de 4 cyl. en ligne inversée, de 130cv, avec une autonomie de 483km.

Très rapidement Devaud va employer l’avion pour son activité professionnelle et visiter l’Europe tout en contactant ses clients. Il sera connu comme un excellent pilote et un très bon navigateur. L’un de ses premiers longs vols est probablement celui vers Montélimar (F) en mars 1931 qu’il effectue en étant accompagné du célèbre golfeur britannique de Morges, Francis Thomas, lui aussi breveté depuis peu (no.170).

Dans les hautes sphères de l’aéro-club local, de Suisse et d’ailleurs

JPG - 8.7 ko
Devaud avec le prince Bibesco, alors président de la FAI (1942).

Marcel Devaud est rapidement propulsé au Conseil du CSA dont il sera le vice-président de 1932 à 1936 et participera à un renforcement des liens avec l’Aéro-club de Suisse faîtier. En 1933 le groupe genevois change son intitulé de 1911 (CSA, section de l’Aéroclub de Suisse) en Aéro-Club de Suisse Section de Genève. Devaud sera le président du 2ème Salon de l’Aviation de Sport et de Tourisme 1934 (voir :Récit). Puis, au début de 1937, lorsque Maurice Duval (voir : Biogr.) quitte définitivement la présidence du club après 12 années, il sera remplacé à cette fonction par Marcel Devaud, qui sera réélu jusqu’en 1949.

Le 16 décembre 1944, l’assemblée des délégués de l’Aéro-Club de Suisse (AéCS) l’élit comme président central, épaulé entre autre par Alphonse Kammacher (Lausanne). Durant la 2ème Guerre mondiale, l’activité des sections est réduite au vol de planeurs et de modèles-réduits. Le 19 mai 1945, lors de l’assemblée tenue à Genève, Devaud est reconduit au poste de président général. Il occupera cette fonction jusqu’en décembre 1950. L’Aéro-Club de Suisse compte alors 33 sections régionales, 34 avions, 42 planeurs, 1 groupe d’aérostiers, 67 groupes de modèles réduits et 5.816 membres. On se situe peu avant l’arrivée de centaines de Piper Cub qui vont révolutionner les aéro-clubs et les démocratiser un peu. Devaud sera encore membre du conseil d’administration de la fondation Pro-Aero de 1944 à 1950, organisme en faveur du sport aérien et de la Jeunesse. En 1948, il est aussi au comité de la Fédération Aéronautique Internationale (FAI). Il sera encore nommé à vie président d’honneur de l’Aéro-Club de Genève. Habitant alors au 16 Avenue Dumas, Président de la Fédération des Groupements Patronaux, Devaud préside, dès 1942, à la destinée de la grande revue aéronautique internationale Interavia éditée à Genève, et jusqu’en 1961.

Un fervent pilote de sport sur tous les fronts de l’aviation générale

JPG - 8.4 ko
1ère radio à bord, portant à 20km, et une antenne de 2,5m sur le Leopard-Moth de Devaud (1936).

L’aviation privée ou d’affaire des années 30, sans les contraintes réglementaires actuelles, permet à celui qui en a les moyens de se rendre à peu près partout en Europe de l’Ouest en grande liberté. Aperçu de l’activité d’un pilote d’alors : En mars 1933, Devaud et Pierre Jaccard volent vers Marseille avec le Puss Moth. De forts vents contraires les obligent à s’arrêter à Montélimar. En mai, Henri Paul Mercier conduit Maurice Duval, Devaud et un passager à l’inauguration de l’aérodrome de Buc (F). Le 15 octobre, c’est le traditionnel concours d’atterrissage de la section genevoise où participent, en catégorie jeune pilote Nino Marinoni et Berig ; en catégorie "chevronnés" Weber, Max Romy, William David Batsholt, Charles Bratschi, Charles Boissonas, Georges Dedye et Devaud. Ils font tous partie de cette "Amicale" emmenée par Weber. Lors du Challenge Genève-Lyon-Club-du-Rhône de 1934, les petits Moths de Bratschi, Devaud, Weber, Charles Gras gagnent devant les pilotes français. Devaud est également le président du Comité d’organisation du Salon d’aviation cette année là (voir : Récit). On inaugure à Gland le planeur construit à Genève où Il fait son 1er vol de 25 novembre sous les auspices de Devaud, Duval et Weber. Le véritable baptême se tient à Cointrin le dimanche 2 décembre en présence des mêmes autorités alors que Devaud parraine l’appareil (voir : Récit).

En 1935, Devaud a changé d’avion et pilote un DH-85 Leopard-Moth rouge, aux ailes couleur argent (HB-OXO). C’est un triplace à moteur Gipsy Major en ligne (130cv) à cabine fermée avec une autonomie de 1.151km. Particularité, les ailes se replient vers l’arrière et le tout utilise peu de place dans un hangar. Au classique Challenge Lyon-Genève du 12 mai, les Genevois volent vers Lyon-Bron avec 5 Moths : Mme Marillier, MM Weber, Max Zenobel & Jean Spinedi, Otto Siegrist, Ernest Berger, Albert Burin, Edouard Noverraz, Béchir Fakhouri, M.Devaud (DH-85) et Carlo Garcia-Palacios. Ils sont de retour à Cointrin à 17h30 après s’être posés à Grenoble-Moirans. Du 5 mai au 2 juin Devaud et le Leopard représente la Suisse à Düsseldorf et Cologne emportant le colonel Messner, président central de l’AéCS et M. Rieser secrétaire général. Le 10 juillet c’est une sortie de 4 Moths et de 9 pilotes vers Reims (F) dont Devaud (DH-85). Le 8 octobre, l’Amicale se réunit à Machilly pour fêter les 25 ans de pilotage de François Durafour où Devaud lui remet un souvenir au nom de l’AéCS. Le 19 octobre, Genève rencontre à nouveau l’Aéro-Club du Rhône et Sud-Est et leurs 8 avions. Le concours d’atterrissage revient à Gras, devant Noverraz. La vitesse revient au président de l’Aéro-Club du Rhône, Mr Lumière sur Caudron Rafale devant Devaud et Weber sur le Leopard-Moth. Au final c’est Genève qui l’emporte. Ailleurs, le Leopard rouge du vice-président du Club est encore présent à Mannheim, Amsterdam, Tour, Paris et plusieurs fois à Toulouse, Roanne, Milan, Cannes, etc..

JPG - 17.6 ko
En haut : Devaud et son fidèle ami Carlos Garcia-Palacios (1896-1968) croqués en 1937 par Derso & Kelen.

Du 7 au 17 avril 1936, Devaud, Duval père et fils, voyagent en Afrique du Nord sur 6.000km avec le HB-OXO. En mai l’avion est équipé d’une antenne radio de 2,5m de long. La radio de bord pèse 8 à 10kg avec sa batterie et occupe 8dm3. L’onde de 5m permet une communication jusqu’à 20km, juste assez pour garder le contact entre Genève à Lausanne. C’est Marcel Roesgen (1897-1995), ingénieur électricien et membre de l’aéroclub qui a réalisé cette première. Au 25 juin, Devaud, l’assidu pilote sportif, a déjà enregistrée 1.000h de vol sur son carnet. Les 28-29 août, Devaud, son épouse et son fidèle ami Garcia-Palacios (de l’ONU) sont dans l’un des 12 avions visiteurs de Michaelchurch (GB) chez Randolf Trafford, autre élève de Weber (voir :Biogr.). Trafford organise un rallye où sont présents des amis Français et Allemands. En octobre 1937, suite à la disparition d’un planeur et de son pilote dans le Jura, Devaud, Weber et Bratschi mènent plusieurs vols de recherche sur la crête française proche de Genève, hélas sans succès. Heureusement, des chasseurs retrouveront le jeune homme (voir : Récit). On verra encore le Leopard rouge à Lyon, Vichy cette année là, entre autre… Certains l’auront aussi connu alors qu’il donne des conférences en ville sur l’aéronautique durant les hivers.

Un acteur oublié des débuts de l’aéronautique genevoise et helvétique

Après la 2ème Guerre mondiale, l’aéronautique "boostée" par les développements militaires reprend de plus belle. Marcel Devaud pourrait bénéficier d’une retraite méritée mais continue de s’investir dans la défense de l’aéronautique, pour les modèles réduits ou de véritables avions : FAI, AéCS, Pro-Aero, jusqu’en 1950, et même au sein du magazine international Interavia.

On retrouve sa présence lors du baptême à Cointrin du 1er DC-4 "Skymaster" de la Swissair, HB-ILA baptisé "Genève", le 8 décembre 1946 parmi de nombreux invités. L’avion a relié New-York à Genève en 16h39’, avec 40 passagers, à 400 km/h. Devaud remet les trophées du Grand Prix de Genève de motomodèles, le 31 août 1947 à Plan-les-Ouates (GE) où ont concouru 59 appareils, dont 3 pour le vol circulaire (F, I, CH), devant 2.000 spectateurs (voir : Récit). Il patronne le grand meeting d’aviation de Cointrin du 5 octobre 1947 où les appareils militaires des vainqueurs de la guerre font tout le spectacle (voir : Récit). Au Concours international de vol circulaire à Genève (modélisme) le 13 juin 1948, il distribue les médailles, parmi d’autres invités. Il est une personnalité invitée aux soirées du Conseil d’Etat genevois et aux banquets des grandes compagnies aériennes. Lors du décès de François Durafour, c’est lui qui, à la télévision, narre les qualités du disparu dans l’émission Carrefour de la TSR (16 mars 1967). Puis, Marcel Devaud décèdera à la suite d’un accident, à 84 ans, le 4 novembre 1971. Ce gentleman en affaire et en aviation comptait quelque 3.000h de vol.

 

JPG - 53.6 ko
Ce 4 places Diamond DA-40 HB-SDX, de l’Aéro-Club de Genève, porte le nom de "Marcel Devaud" depuis février 2009.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  lundi 26 novembre 2007

Pour plus d’informations, il n’y a que Pionnair-GE.com.

Vous êtes ici : Accueil > Marcel DEVAUD (1887-1971) : pilote privé, gd voyageur, président de l’Aéro-club genevois & de l’Aéro-club de Suisse