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Parachutistes genevois : du succès en tous styles sans posséder de terrain d’entraînement(1960) [3 vidéos]

 

Dès 1960, les parachutistes genevois doivent "s’expatrier" pour pratiquer leur sport. Le rapprochement du Para-Club-Genève et de l’Aéro-Club de Genève ne permettra pas de résoudre cette absence de lieu d’entraînement à domicile (1970’s). En attendant, les paras sautent avec succès partout où cela et possible et le groupe ne cesse de grandir jusque dans les années 80, incluant de nombreuses femmes parachutistes. C’est à Annemasse, en France que l’avenir du parachute se dessinera (1990’s).


De g. à d. : Daniel Ramseier, Daniel Vano, Eckard Lorenz, Roger Valluis, Raymond Lambert, Liliane Drieberg, Roger Thevenet, Christopher Drieberg. Devant les locaux de la SATA à Cointrin. Ils vont embarquer dans le Pilatus Porter pour un saut en parachute, pilotés par le célèbre Raymond Lambert, ici en costume foncé (ph. : C.Drieberg).

Les premiers parachutistes de l’après-guerre se voient à Genève

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Jacques Doyen en 1961.

C’est un Français de Genève qui renoue avec le parachute après guerre : Jacques Doyen*. Il fonde le Para Club Genève (PCG), premier groupement du genre en Suisse, et bien que le saut soit presque impraticable dans le canton. En mars 1960, Doyen est moniteur à Ecuvillens et parmi ses adeptes se trouvent deux genevois Roland Troyon (1924-2003) et Bruno-Jacques Morel, qui participeront dans l’équipe suisse au 6ème championnat mondial de parachutisme, en septembre 1962, à Orange (Mass., USA). Et bientôt la Suisse compte 41 parachutistes dont ceux du petit centre fribourgeois qui deviennent membre de l’Association Romande de Parachutisme Sportif en 1963 (ARPS). Le PCG perd alors son existence. D’autres jeunes Genevois inventent le "base-jump" local en s’élançant du pont Butin en parachute (1964). Ils s’entraînent ainsi au saut sans le recours d’un avion, sous un ciel cantonal déjà bien occupé (voir : Récit).

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Lors du meeting d’Athenaz en septembre 1982) (ph. : J.P.Zuppiger).

A cette époque, c’est du côté de Toulouse que l’on se procure un parachute. Là, les ex-corolles kaki militaires françaises déclassées sont lacérées et récupérées par un fripier. En rachetant plusieurs exemplaires inutilisables, un jeune Genevois est capable de reconstituer un parachute fonctionnel ! En 1965, l’ARPS devient le Para Club Romand ; chaque centre y forme ses propres élèves et organise des sauts le week-end à Ecuvillens, s’élançant notamment depuis leur Cessna. Là, le centre qui est la plus petite structure aéronautique du lieu, est soumis à des pressions. Il recherche tout de même des moniteurs en regroupant quelques Genevois parachutistes, malgré la distance. L’un d’eux, Roger Valluis (né en 1940), se souvient qu’avant l’existence des autoroutes, le trajet depuis Genève pouvait avoir lieu en scooter, pas toujours sous le soleil, et que l’on "montait" à Ecuvillens pour retrouver les amis, même si la météo interdisait finalement de sauter. Avec André Bohn et Théo Fritschy, ils deviennent malgré tout champions suisses par équipe pour l’atterrissage de précision (Magadino, 1968) et terminent seconds en 1969.

De son côté, l’Aéro-Club de Genève poursuit son idée de diversification et son président Claude Claudet, prend contact avec les paras genevois d’Ecuvillens. Ceux-ci sont tentés par la tutelle d’un club de plusieurs centaines de membres qui pourrait les aider à mieux s’équiper (subventions) et à trouver un terrain d’entraînement plus proche de Genève. A la même époque, en 1970, Coop-aviation veut installer une école professionnelle de parachutisme à Ecuvillens, car la Suisse compte maintenant quelque 387 adeptes de ce sport. Les Genevois d’Ecuvillens font alors leur demande écrite d’adhésion à l’Aéro-Club et confirment leur volonté fin 1971. Le 30 mai 1972 le nouveau Para Club Genève est fondé ; il devient le quatrième groupement de l’Aéro-Club. Parmi ses dix premiers membres il faut citer André Boder, André Bohn, Bruno Jacques Morel, l’architecte Marcel Rossi, Jacques Trimaille et l’informaticien Roger Valluis, chef-moniteur, qui va représenter le PCG au Conseil de l’Aéro-Club.

Les paras genevois en quête d’un terrain d’entraînement

Ces sportifs sont en quête d’un nouveau terrain, démarche lente et difficile. En effet, la formation théorique se fait à Genève et les sauts à l’extérieur du canton. En dehors des démonstrations ponctuelles ou des meetings aériens, on les voit sauter ça et là au fil du temps à Choulex (1964), Vessy ou Athenaz (GE), à La Croix de Cœur, Bex, Sion, Bienne, Château-d’Oex, Yverdon, Gruyère, Montricher, mais aussi en France, à Annemasse, Grenoble, Chambéry, etc., quelque trois week-ends par mois. Certains d’entre eux participent à des concours et championnats en Suisse et en France.

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La combinaison du PCG aux couleurs genevoise de Jacqueline Schillig, en 1982 (ph. : J.P.Zuppiger).

En 1973, le président Christopher Drieberg encadre vingt membres et c’est parmi ceux-ci que l’on note la plus grande proportion de femmes à l’Aéro-club. Leur moral est bon et leur amitié exemplaire. Les contacts avec les autres groupes du club leur permettent des opérations conjointes. Un saut revient à Fr. 35.- depuis 2.000m et Fr. 21.- depuis 1.000m (équivalent à Fr. 125.- et Fr. 75.- actuels). Daniel Ramseier puis André Boder participent aussi au Conseil. De nombreux articles paraissent dans la Feuille Volante trimestrielle, bien que le PCG édite son propre journal. En 1978, les paras, emmenés par Zarri, rénovent le Club-house de l’Aéro-Club où ils se réunissent régulièrement. Par ailleurs, les subventions du Sport Toto permettent aussi d’améliorer leur matériel.

Aidés par l’Aéro-Club, les parachutistes mènent, pendant des années, des démarches pour créer leur école de saut à Bière (VD), où le syndic Monthoux et le responsable militaire Hessig se renvoient poliment le dossier. Entre-temps, en 1978, trois paras locaux, dont le Genevois André Bohn (né en 1942), inventent le parapente du côté de Mieussy (F). Ce nouveau sport, qui se pratique sans avion transporteur, prend son développement en parallèle du parachutisme et touche de plus en plus de monde en saison (voir : Récit). L’effectif du PCG croît malgré tout, grâce à de nombreux élèves. En 1980 Michel Stadelmann, devenu son président, participe au Conseil et encadre un groupe de 55 membres.

L’année 1982 est un bon cru puisque l’école de Bière doit s’ouvrir et les paras genevois organisent en septembre la Coupe Alpine de parachutisme à Château-d’Oex. Au même endroit, en septembre 1983, ils sont présents à la Coupe d’Europe de parachutisme. Et si, en 1984, la Suisse compte 538 parachutistes, il ne reste plus hélas que 30 membres genevois qui, en 1987, sont toujours à la recherche de leur terrain d’entraînement…

Pas d’autre solution locale que du côté d’Annemasse

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Roger Valluis et Roland Troyon lors d’une réunion d’anciens paras (septembre 1993).

Bien que dès les années 60 on saute en parachute à Annemasse où des liens étroits existent avec le PCG, ce n’est qu’en mai 1987 qu’une véritable école de parachutisme y est officiellement ouverte : le Para-Club d’Annemasse, à l’initiative de Marcel Rossi (1937-1994) et sous la direction technique d’André Bohn qui y réalise son 4.000ème saut le 2 mai (homme de records multi-médaillé, ce dernier frisera les 5.000 sauts). Les élèves peuvent passer ici un brevet qui n’a, malheureusement, pas encore d’équivalence en Suisse. En parallèle, le Para Club Genève, s’étiole : ses membres n’ont pu monter de structure commerciale pour s’offrir un moniteur salarié et n’ont pas trouvé leur terrain d’écolage. En 1988 ils investissent une part financière dans l’avion utilisé pour le saut à Annemasse où l’école cesse en 1991 ! Etc..

Pourtant le PCG conserve une activité résiduelle de nos jours, mené par Christine Simon, l’une des deux filles parachutistes d’André Bohn. En Thaïlande, en février 1996, elle sera l’une des 400 parachutistes battant le record du monde de vol libre en formation. Quant au parachutisme à Annemasse, il n’a finalement jamais réellement cessé de fonctionner jusqu’à nos jours.

 

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Un saut sur Cointrin lors des Journées d’aviation générale et du Rallye International de Genève, les 24/25 juin 1972.

 

* Jacques Doyen (1938-1961) : C’est à l’été 1959 que Beda Hefti rencontre J.Doyen lors d’une démonstration de chute libre sur l’aérodrome d’Ecuvillens. Doyen réside tant à Genève qu’à Annemasse. Avec plus de 300 sauts, il obtient son brevet d’instructeur suisse le 24 mars 1960 et donne un nouvel élan à l’école avec la technique de la chute libre. C’est alors que l’école quitte Bellechasse pour s’installer à Ecuvillens. La concession sera reprise par l’Association Romande de Parachutistes Sportifs qui deviendra le Para Club Romand. Ecuvillens est ainsi durant quelques années le centre de formation des parachutistes romand. En 1971, la concession est acquise par Coop-Aviation qui exploitera une école permanente jusqu’en 1975. Quant à Jacques Doyen, breveté parachutiste français en 1948 et 1955, brevet suisse de 1959, il décèdera à 32 ans, à Rennaz (VD), le 30 juillet 1961, lorsque son parachute refuse de s’ouvrir.

Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  mercredi 24 février 2010
[03.2013] Parachutistes genevois, portraits du 20ème siècle (1960-2000) (diaporama, 04’15’’, 10Mo). Format MP4.

- Il n’y pas d’âge, semble t-il, pour s’envoyer en l’air, comme pour ce saut en parachute en tandem, à 72 ans. Bravo madame !

[04.2013] Saut en tandem de Laurent Crivelli, à Bex, le 19 avril 2008 (vidéo musicale, 03’58’’, 157Mo). Format QuickTime 7.5 minimum.

- En 1962, l’équipe nationale suisse de 5 paras s’envole aux championnats du monde (USA) incluant 3 Genevois : Bruno-Jacques Morel, Hermann Fluckiger et Roland Troyon :

[07.2015] La toute 1ère équipe suisse de paras part aux championnats du monde aux USA (08.1962) (vidéo sonore, 0’43’’). Sur le site de la RTS, émission "Carrefour" à partir de 06’35’’.

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