Une aviatrice, des biplans, un "Citizen-Kane" et une Diva : égalité des sexes !

 Jacqueline Auriol (1917-2000), belle fille du président de la République française (1947-54), est une aviatrice au grade de pilote d’essais. Elle bat plusieurs fois des records de vitesse en avion (1952-63), notamment à 2.030km/h sur un Mirage IIIc, en perpétuelle compétition avec l’Américaine Jacqueline Cochran. Avant cela, au grand meeting aérien de 1955 à Genève, J.Auriol était présente et l’un des rares pilotes d’Europe à pouvoir s’assoir dans le cockpit du bombardier déca-moteur et secret, le B-36 (voir : Récit).

Bernard "Bernie" Cornfeld en 1970.

 Wilhelm Edward Boeing (1881-1958), l’un des 3 fils d’un immigré allemand aux USA, est toujours célèbre aujourd’hui par le nombre d’avions de ligne qui portent son nom. A 8 ans, à la mort de son père, W.E.Boeing est envoyé en Suisse pour son éducation dans l’onéreuse école privée de réputation internationale appelée Institut Sillig, ou la Pension de Bellerive à la Tour de Peilz. Cet Institut existera jusqu’en 1940. Boeing anglicise son prénom en William et se fait appeler "Bill" par ses proches. Plus tard il entre à l’Université de Yale (USA) pour y étudier les technologies jusqu’en 1903, avant de reprendre l’activé liée au bois créé par son père. C’est en 1910 qu’il voit son 1er avion lors d’un meeting et en 1916 qu’apparait le 1er avion de Boeing.

 Né de parents juifs russo-roumains immigrés aux USA le talentueux Bernard "Bernie" Cornfeld (1927-1995) monte un empire financier dans les années 1955-70. Il dirige Investor Overseas Services (IOS) dont l’administratif est basé à Genève et l’exécutif déployé à l’étranger. On cite la gestion de 2,5 billions de dollars et 25.000 vendeurs. Le train de vie d’IOS inclue une flotte d’aéronefs : le biréacteur Dassault Falcon-20 (HB-VBL), le bimoteur à hélices Convair-240 (HB-IMS, 28pl.), le biréacteur Aero 1121 Jet-Commander (HB-VBX, 8pl.) et un hélico Bell Jet-Ranger. A la fin de 1969, l’idée de transformer un BAC-111 n’a pas lieu suite à la chute d’IOS (HB-ITK). L’appareil devait se convertir de 90 à 47 sièges, avec bar, etc., pouvoir traverser l’Atlantique et transporter des passagers, depuis les 2 continents, jusqu’à un complexe de vacances sur la Costa del Sol. En outre, dès 1968, Cornfeld possède 25% de la firme Aeroleasing et couvre là chaque mois le coût de ses aéronefs. Aeroleasing maintient à Cointrin les avions de ses actionnaires, fournit des pilotes, assure la logistique, loue les appareils. Nb : en 1968, le Falcon-20, ex "Mystère-20", fut d’abord brièvement géré par Executive Jet Aviation (voir : Récit).

 Née dans la misère, la française Lucienne Dhotelle (1908-1968) chante dans la rue et reçoit le surnom de "Môme Moineau". Elle devient la femme la plus riche du monde en épousant le milliardaire portoricain Félix Benitez-Reixach. Après-guerre le couple possède un Beech-18 (1953-57) puis un DC-3 (194 ?-62). En 1949, les modélistes genevois seront invités à Cannes sur le yacht "La Môme", à bord du DC-3 customisé "Moineau Flyer II" (HI-40) basé à Cointrin (voir : Récit). La "môme" ne supportait pas l’avion et se fatiguait à l’alcool avant le vol. Au début des années 60, Michel Favre, de l’Aéro-Club de Genève, a la chance de faire un GE-Cannes-GE seul avec le pilote genevois Charles Tauss, pour survoler le yacht et faire ainsi plaisir aux invités du navire. Ce DC-3 sera vendu à Moïse Tschombé (Congo).

Un écrivain, la Formule-1, Garros et Honda : la tête, les jambes et même des roues !

Antoine de Saint-Exupéry à 22 ans.

 Le pilote René Vidart (1890-1930) descend du fondateur de la station thermale de Divonne-les-bains (voir : Récit). Il débute l’aviation en juin 1910 et connait le jeune Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), résidant à Saint-Maurice-de-Rémens (Ain), qui accompagne régulièrement sa mère en cure à Divonne. Ils logent dans la "Villa Goudard" appartenant aux Vidart, hôtel rebaptisé "Paris-Rome" à l’été 1911.

L’exemple de Vidart, héros de 1911 et instructeur de vol à Ambérieu, a peut-être une part dans la vocation de St-Ex qui prend son baptême de l’air à l’âge de 12 ans, à Ambérieu même, le dimanche 7 juillet 1912, grâce au pilote Gabriel Salvez. Plus tard, de l’automne 1915 jusqu’en juin 1917, St-Ex et son frère seront pensionnaires à la Villa Saint-Jean, dans le quartier de Pérolles à Fribourg (VD). Il s’agit d’un collège marianiste créé sur le modèle des collèges anglais. St-Ex dira : "Je pilote car cela libère mon esprit des futilités de la vie."

Le champion Alain Prost devant le "Bravo" HB-HFK de l’Aéro-Club-de Genève.

 Le pilote de Formule-1 brésilien Emerson Fittipaldi (né fin 1946) s’installe au bord du Léman en 1971, après Joakim Bonnier et Jochen Rindt. Emerson réside à la villa "Le Parc" à Lonay (VD). En mars 1972 il s’inscrit à l’Aéro-Club de Genève alors qu’il possède déjà son brevet de pilote privé. Il remporte le championnat du monde de F1 en 1972 et 1974 puis démissionne de l’Aéro-Club au début de 1976. Fittipaldi ira courir aux USA où il deviendra championnat CART (1989) et gagnera les 500 Miles d’Indianapolis (1989, 1993). Son frère Wilson habitera lui à Sullens. Puis il y aura Jackie Stewart, triple champion du monde de F1, installé à Begnins et Alain Prost à Yens (né en 1955). Ce dernier passe son brevet de pilote à l’Aéro-Club, un 24 décembre 1995, sous la houlette de la chef-pilote Arlette Borradori. Prost sera 4 fois champion du monde de F1 avant de déménager à Nyon.

 Roland Garros (1888-1918), qui n’est pas un tennisman, apprend à voler en même temps que le Genevois Edmond Audemars (1882-1970) sur la "Demoiselle" inventée par Santos-Dumont. Au printemps 1910, à Issy-les-Moulineaux, chacun seul à bord et sans instructeur, ils en "bavent" avant de devenir les meilleurs amis du monde. Audemars décroche le brevet no.100 et Garros le 147. Pendant la guerre, en avril 1915, le Lt Garros est abattu et fait prisonnier. Grâce à une grille de codage sortit d’Allemagne avec le rapatriement d’un grand blessé, Audemars et des amis entretiennent un courrier codé avec Garros pour le faire évader. Un exemplaire de cette grille et du courrier sont conservés au Château de Penthes (GE). Mais Garros est un otage de choix pour l’Allemagne, sorte "d’aigle français" pris au piège. Il est souvent changé de "stalag" et les plans d’évasion sont à renouveler sans cesse. Il faudra 3 ans pour que Garros s’évade et atteigne la Hollande en mars 1918 (voir : Récit).

Sochiro Honda après son vol en Deltaplane genevois.

 Le fondateur et directeur de la firme automobile Honda, Soichiro Honda (1906-1991), découvre le vol en montgolfière grâce à l’importateur genevois Claude Sage. En 1979 à Château-d’Oex, Laurent Exchaquet lui fait faire une ascension dans le ballon bleu et blanc sponsorisé par l’importateur. Le ballon se perd un peu dans la campagne et l’on s’inquiète un long instant et à juste titre de son devenir quand le constructeur japonais débarque finalement, souriant, d’une voiture locale d’agriculteur. Enchanté de cette expérience, Mr Honda sera décisif dans la création de la 1ère Semaine internationale du ballon de Château-d’Oex dont le succès n’a fait que croître jusqu’à nos jours. Egalement en 1979, Honda exécute un vol en Deltaplane biplace emmené par Marcel Lachat. Malgré l’avis négatif des gardes du corps de l’industriel, le Delta s’envole du sommet du Salève (France) et atterrit sans encombres en Suisse avec les félicitations du passager (voir : Récit).

Igor, Jacques, Karl et Lindy : de l’hélico à la chanson en passant par l’hydravion

 Le 40ème congrès de la Fédération Aéronautique internationale se tient à Genève en septembre 1947. Il reçoit une centaine de délégués de 15 nations dans l’hôtel Bellevue. Le 17, en présence du Conseiller fédéral Celio, Lord Brabazon of Tara, président, remet la médaille d’or à Igor Sikorsky, constructeur américain, en raison de son travail dans le domaine de l’hélicoptère. Cette médaille de taille généreuse est due à la générosité de Godfrey L.Cabot, ex-président. La médaille de-La-Vaulx et également remise aux détenteurs des nouveaux records mondiaux.

Jacques Brel, dit "le grand Jacques".

 Le chanteur Jacques Brel (1929-1978) est un habitué de Genève dans les années 1970. Il y apprend le vol IFR, passe copilote sur Learjet. Il noue une grande amitié avec son instructeur Jean Liardon et rêve à son tour d’enseigner le pilotage. Mais Brel est toujours en mouvement et sa soif de sensations l’amènera au cinéma, à la navigation, en Polynésie, etc. sans quitter l’aviation et la chanson (voir : Récit).

Charles A.Lindbergh en pleine gloire (1928).

 Annoncés sur le vol Zurich-Genève le 20 octobre 1921, un avion suisse est détourné par l’empereur Karl I (1887-1922), ex-empereur d’Autriche, alias Karl IV roi de Hongrie et de Croatie, et son épouse Zita de Bourbon-Parme (1892-1989). Le couple régna sur l’Autriche-Hongrie de 1916 à 1918 jusqu’à à la fin de la 1ère Guerre mondiale. D’entente avec l’équipage, ce hijacking débute en vue d’un coup d’état en Hongrie. Ad-Astra, ancêtre de Swissair, devait utiliser l’appareil sur son réseau dès le 1er novembre. L’appareil, un Junkers F-13 CH-91 (avec les ailes du CH-66) est confisqué à l’arrivée par le Régent de Hongrie. Ce Junkers aux couleurs suisses est toujours visible au musée d’aviation de Budapest, comme notre plus ancien avion commercial. Ce fut probablement aussi le 1er détournement d’avion de l’histoire !

 Fils d’un émigré suédois aux USA, Charles Lindbergh (1902-1974) est l’image du héros mondialement connu par sa traversée de l’Atlantique de 1927. En 1933, il parcourt l’Europe avec son épouse à bord de son puissant avion personnel. La météo d’octobre l’oblige à fuir le nord et le voit notamment passer 3 jours à Genève avec son hydravion (voir : Récit). Son intérêt pour la Suisse sera marqué dès 1950 par la construction d’un chalet sur les pentes du Mont de Corsier (VD) où le couple passe des étés. Ce lieu sert aussi de base aux "voyages d’affaires" de Charles qui entretient deux familles secrètes en Allemagne et une en Valais qui lui donneront deux fois plus de descendants que ce que son couple officiel avait déjà généreusement enfanté. Il faut dire que l’on avait kidnappé et tué son 1er bébé (voir : Récit).

Si d’aventure les aventuriers du ciel vous intéressent, aventurez-vous, pour les lettres M à Z, à la page qui (suit).

Jacqueline Auriol (F) qui réalisa des records en 1951 sur Vampire.