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Roesgen EPR.301 : un avion de voltige "made in Geneva", dès 1938 [vidéo]

  Il existe bien un unique et original avion construit à Genève qui vole depuis 75 ans : le Roesgen EPR.301. Pensé par le Genevois Emile P. Roesgen en 1938, construit puis piloté par son compatriote Jean Augsburger dès 1941, le monoplace sesquiplan rouge HB-OIX, malgré quelques avatars, est encore candidat au vol au 21ème siècle.

- Imaginé pour abaisser le coût de l’heure d’écolage à la voltige, l’appareil n’a pu lutter contre les très nombreux avions bradés par l’USAF dans l’après-guerre.


Vu sur l’aérodrome d’Ecuvillens (FR) en juin 2003, l’unique EPR.301 restauré en 1967 avec un moteur de Piper-Cub de 65 CV est un rare et ancien appareil de voltige "made in Geneva" (HB-OIX).

En 1938, vouloir voltiger à Genève à moindre coût

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L’E.P.R.301 construit en 1939-1940 et motorisé par un Salmson de 40 CV.

Déjà avant-guerre le coût élevé des heures de vol sur les avions légers implique que beaucoup de pilotes peinent à réaliser leur nombre d’heures annuel minimal (20h). Aussi, en 1938, le Genevois Jean Augsburger demande à son ami Emile P. Roesgen, de lui dessiner les plans d’un avion monoplace dédié à la formation à la voltige. Calculs et dessins sont rapidement menés et le dossier accepté par l’Office Fédéral de l’Air (OFA). Ce biplan possède une aile inférieure dont la surface équivaut à la moitié de l’aile supérieure. Jean débute la construction du sesquiplan Roesgen EPR.301 durant les années 39-40, alors que la guerre a débuté et qu’aucun avion civil ne peut plus voler dorénavant ! Depuis 1940, Augsburger est employé par l’OFA à Berne sous les ordres du chef-expert Robert Gsell.

Les travaux sur l’EPR.301 se déroulent donc autant à Genève qu’à Berne. L’appareil pourra malgré tout faire son 1er vol à Cointrin en juin 1941, grâce à la tolérance de Charles Bratschi, chef de l’aéroport genevois alors militarisé. L’avion monoplace est alors équipé d’un moteur en étoile Salmson 9 cylindres de 40 CV. Haut de 1,92m, d’une envergure de 7m avec 9,5m2 de surface portante, sa vitesse s’étend de 70 à 145km/h pour un poids maximal au décollage de 400kg. Le 23 décembre 1942 l’avion reçoit l’immatriculation HB-OIX. Mais il faut attendre le 5 août 1945 à 11h30 pour que le HB-OIX, parti de la capitale via Bienne, revole à Cointrin … l’armistice a été signé en Europe depuis peu. Augsburger utilisera l’appareil jusqu’en octobre 47.

Suite à une panne d’allumage en vol, Augsburger est obligé de se poser sans moteur à Lausanne et l’EPR.301 ne volera plus pendant 20 ans ! En 1967, Jean l’offre gratuitement à La Chaux-de-Fonds pourvu que l’appareil soit maintenu en état de vol. C’est ainsi qu’Ernst Brügger le rééquipe d’un moteur Continental A65-8F de 65 CV (Piper-Cub). Le 1er vol avec le moteur boxer se déroule le 19 octobre 1967. En 1975, l’avion est acquis par le groupement "Veterano*" de Birrfeld. De 1989 à 1991, les membres du groupe restaurent l’avion dans l’atelier des Max Vogelsang à Wohlen. L’appareil s’envole dès lors depuis le nouvel aérodrome de Birrfeld. L’EPR.301 est devenu un exemplaire volant unique de l’histoire de l’aviation suisse de la période de l’entre-deux guerres. Hélas, le 9 septembre 2009 l’avion est sérieusement endommagé au décollage de Birrfeld. Personne n’a heureusement été blessé. Le monoplace réparable est stocké depuis lors en attente de sa reconstruction. A suivre …

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* Untergruppe HB-OIX der Segel & Motorfluggruppe Veterano, Lehfrauenweg 8, CH-8053 ZH.

Sesquiplan EPR.301 : la fiche technique

EPR.301 Envergure Longueur Hauteur Poids à vide Vitesse Consommation
Construit en bois. 7,10m. 5,20m. 1,80m. 292kg. de croisière. à 2.300t/m.
Surface portante 1er moteur 2ème moteur Décollage Charge totale 150km/h. 17L/h.
9.5m2. Salmson AD9. Continental A65. en 150m. 108kg. maximale 210km/h. Autonomie
Hélice 9 cyl. 4 cyl. Atterrissage Poids maxi minimale 450km
Hoffman 1,78m. 45CV. 65CV. en 80m. 400kg. 95km/h. ou 3h

 

Le vélivole et concepteur Emile P. Roesgen (1901-1988)

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Emile P.Roesgen en 1938 à Cointrin.

Les plans et calculs du EPR.301 sont issus et reprennent les initiale d’Emile P. Roesgen (1897-1988) surnommé "professeur Péclard". Technicien puis ingénieur, Roesgen est d’abord connu comme l’opérateur du Ciné-Casino de Martigny vers 1929. Il tourne également des documentaires aériens qu’il y présente. On le retrouve membre du récent Club des planeurs genevois dès 1933 lors que les vélivoles utilisent le terrain de la Tourangelle (voir : Lieu) On lui doit depuis lors plusieurs articles de presse en faveur de ce sport jusqu’en 1939.

Dès l’automne 1935, Roesgen donne des cours d’aérologie, d’aérodynamique, de technique des moteurs aux futurs aviateurs de l’Aéro-Club de Genève ainsi que des conseils sur la construction des modèles réduits. Au printemps 1936 il est l’un des initiateurs du Groupe d’aéromodélisme genevois (voir : Récit).

Roesgen suit l’école de pilotage, passe son brevet d’aviateur en 1938 (No.823) et publie sa thèse en 1939 : "Aérodynamique et moteur" (44p.). Ses amis proches sont le président de l’Aéro-Club Marcel Devaud et le secrétaire Ernest Sudan. C’est en 1938 que Jean Augsburger lui commande les plans d’un avion de voltige (EPR.301, ci-dessus).

En juillet 1939 Roesgen met à disposition le "Prix du Professer Péclard" pour récompenser une performance réalisée en planeur. On lui reconnait des talents pour le dessin. Cet habitant de la rue des Pervenches aura du temps durant la guerre pour donner des conférences et pour se lancer, en 1943, dans la construction d’un planeur, l’EPR.650 (CH-415). La particularité de l’appareil tient surtout à son aile réalisée en 3 pièces pour faciliter les transports. Malheureusement, le planeur ne répond pas l’attente des vélivoles qui le trouvent peu performant. Mais surtout, l’Office fédéral de l’air ne l’autorise plus à voler car l’ingénieur n’a jamais fourni les calculs exigés (voir : Récit).

Roesgen sera le commentateur officiel du 1er meeting de l’après-guerre, en juillet 1945 à Cointrin, où le vol à voile reprend de plus belle et l’aviation à moteur aussi, mais avec un peu de retard. Il donnera encore des conférences et animera des cours de l’Aéro-Club tout en pilotant jusqu’au début des années 60s. Retraité, il décèdera à près de 90 ans à la rue Caroline (Carouge).

Il ne faut pas le confondre avec son frère Marcel Roesgen (1897-1995), ingénieur électricien, qui dirigea le service de l’électricité des SIG. Marcel fut un pionnier du monde des radioamateurs dans les années 20 (code HB9AN) et installa le 1ère radio à bord de l’avion léger de Marcel Devaud (1936). Par ailleurs, le fils de Marcel pratiqua le moto-planeur et le planeur du côté de Bellegarde (F).

 
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EPR.301 : un look arrière qui fait en peu penser au futur Pitts de l’après-guerre.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  mercredi 13 novembre 2013
  • Pour plus d’information, lire : le magazine Cockpit no.6 1988, à la "Librairie".
  • [09.2017] Emile P. Roesgen, important acteur de l’Aéro-Club de Genève (1934-1954) (diaporama, 31ph, 03’15’’, 8Mo). Format MP4.

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