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La Base hélicoptère de l’Etat de Genève, antenne genevoise et régionale de la REGA (1987) [3 vidéos]

 

En 1987, la Garde Aérienne Suisse de Sauvetage (SRFW, future REGA en allemand) inclue la Base hélicoptère de l’Etat de Genève dans son réseau d’intervenants pour la région genevoise et la France voisine. L’appareil de la Protection civile est aussi sollicité dès lors sous le code radio Rega-15. Les remaniements administratifs genevois successifs rattachent la Base à plusieurs entités, donnant toujours plus de priorité aux interventions d’ordre médical dont le nombre ne cesse de croître et de se complexifier


AS.350B Ecureuil de la Protection civile de Genève (HB-XBC), lors d’un exercice sur le lac Léman, avec les pompiers et la police du lac (08.1989)

La Garde Aérienne Suisse de Sauvetage (GASS) ou REGA

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Deux pilotes Jean-Bernard Schmid et François Gindre (responsable de la Base) avec Michel Savary, assistant de vol, en avril 1991 (photo BH).

La Garde Aérienne Suisse de Sauvetage (SRFW, future REGA en allemand) est fondée en avril 1952 par la Société Suisse de Sauvetage. Dès décembre, un 1er sauvetage est effectué avec un hélicoptère loué. En 1957 l’Union Suisse des Sociétés des Consommateurs offre un 1er hélicoptère à la GASS. En 1960 la GASS prend son autonomie administrative. Le 1er mars 1965 elle devient un organe auxiliaire d’entraide de la Croix rouge suisse. En 1971, un 1er hélicoptère est acheté sur la base des dons des membres de la GASS. En mai 1972, un hélicoptère est garé en permanence sur le toit de l’hôpital pour enfants de Zurich et à fin 1973, un 1er véritable hélicoptère ambulance fonctionne. En 1976, le réseau radio s’étend sur toute la Suisse. En avril 1977, aux 25 ans de la GASS, 12.419 interventions ont été effectuées. Le 27 juillet 1979 il s’agit de la 20.000e mission. Le 17 août 1980, la 25.000e mission est atteinte. En 1996 on en compte 7.750, en près de 10.000 en 2002, et les chiffres augmentent toujours. En août 1985 la GASS regroupait déjà un million de donateurs !

Bien que la Base hélicoptère de la Protection civile genevoise (BH), dès sa création en 1971, soit en contact régulier avec la REGA, c’est la possibilité de bénéficier d’un médecin de l’hôpital à bord de son appareil qui lui permet de devenir une véritable base REGA en mai 1987. En tant que dernière des 15 bases du groupe, elle reçoit le code d’appel radio Rega-15. Conservant des tâches spécifiquement genevoises et administratives (Protection-civile, Police, etc.) la BH va voir croître ses activités liées aux interventions à caractère médical, prenant la priorité sur toutes ses autres activités. La dépendance administrative de la BH va suivre les diverses réorganisations de l’Administration et le résultat d’une "votation". Née au sein de la Protection civile en 1971, elle est transférée à la Sécurité civile genevoise en 1993, puis aux Hôpitaux Universitaires (HUG) en 2001, à la Brigade sanitaire. Tout cela en occupant les mêmes locaux de la rue H.C. Forestier à Meyrin au bord de la piste de Cointrin.

Les structures antérieures de la BH restent inchangées : 1 appareil, 3 pilotes, 3 "assistants de vol" sauveteurs brevetés, aidés d’un médecin urgentiste de l’Hôpital cantonal (HUG), de piquet parmi la quinzaine de professionnels désignés, ainsi qu’une permanence de 6 membres du Club Alpin Suisse.

A Genève, des missions croissantes et complexifiées, surtout humanitaires

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Le EC-135T2 HB-ZEN au meeting de Prangins le 30 août 2003 (photo JCC).

Outre l’accord passé pour la Suisse entre Genève et la REGA, le domaine d’activité de la BH s’étend aussi aux départements français de Haute Savoie dès 1983 et de l’Ain en 1994 (considérant que le sauvetage de la vie prime sur toute autre considération administrative ou légale, et que cet aspect humanitaire doit toujours prévaloir). Le "15" est aussi le numéro d’appel du SAMU français voisin qui mémorisera mieux le code Rega-15. Une convention est également signée avec le Touring Club Suisse pour le transport sanitaire et l’assistance à l’étranger de bénéficiaires d’un livret d’assurance E.T.I (1993)

Un exemple du rôle transfrontalier de la BH est donné en avril 1990, lors du vol Besançon-Genève de Rega-15, transportant de la moelle osseuse. Celle-ci prend l’avion Genève-Seattle (USA) et doit impérativement être greffée dans un délai de 20 heures à un pilote d’hélicoptère. Ce dernier, Anatoly Grichenko, avait eu le courage, depuis son appareil, de déverser du sable et du plomb sur le réacteur en fusion de Tchernobyl. A 52 ans, il avait été terriblement irradié !

En 1992, l’ensemble des divers services ambulanciers de chaque canton est désormais relié à un seul numéro de téléphone, le 144, complété en 1997 du 1414, pour toute la Suisse, en lien direct avec la REGA. Sur un appel d’urgence, il faut 5 minutes à l’hélicoptère (pilote et assistant de vol) pour décoller, puis 2 minutes pour rejoindre le toit de l’hôpital où embarque un médecin, quand celui-ci n’est pas déjà directement de piquet sur l’héliport. L’appareil vole ensuite vers le lieu d’intervention. Ce record minimal de durée ne peut être réalisé avec un véhicule au sol alors que le taux de survie d’un patient en détresse est de 85% s’il est traité dans les 5 minutes et de 72% s’il est traité dans les 15 minutes.

Si les effectifs restent stables, les missions augmentent et les hélicoptères évoluent (voir Appareils). L’Ecureuil AS.350B acquis en 1983 (HB-XBC) est remplacé en mai 1990 par une version améliorée, le AS.350B2, qui servira 12 ans (HB-XVB). Ce dernier est remplacé en 2003 par un Eurocopter EC-135T2 (HB-ZEN) lorsqu’une loi européenne oblige dorénavant les appareils survolant les villes à posséder une double motorisation. Pour chaque nouvel appareil, croissent les capacités d’emport (poids, personnes), la charge d’hélitreuillage, l’augmentation du type de soins qui peut être prodigué près du blessé et à bord de l’appareil. A cela s’ajoutent des capacités de vol de nuit ou sans visibilité, et des accessoires liés à des activités non médicales ainsi qu’à la facilitation de la navigation aérienne. Pour la maintenance, un certain nombre d’interventions techniques de 1er niveau est réalisé à la BH par un mécanicien spécialisé, également assistant de vol.

En 2004, le 80% de l’activité de la BH est de nature médicale, primaire (lieu de l’accident) ou secondaire (transport). Viennent ensuite des missions d’intérêt général, les vols de recherche (personnes ou appareils disparus), les missions de sécurité et de police (régulation du trafic, surveillance lors de visites de personnalités étrangères, etc.) et accessoirement des vols de démonstration et d’entraînement et rarement d’intérêt privé. Quelque 59% des opérations concernent le canton de Genève, 24% se déroulent en France voisine et 15% sur le canton de Vaud (Suisse).

Une équipe dynamique et chaleureuse confrontée aux pires difficultés humaines

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De g.à d. en mai 1999 : le médecin Jean-Luc Waeber, Jean-Jacques Steiner, Adrian Hirt, Michel Savary, Arpad Buvary, Jean-Bernard Schmid, François Gindre (photo Michel Jaques).

Il faut remarquer le caractère exceptionnel du personnel de la Base qu’on ne peut d’ailleurs comparer avec aucun autre en Suisse, car seule structure d’Etat cantonal utilisant un hélicoptère et agissant dans le domaine humanitaire, 24H sur 24 et 365 jours par an. Malgré les difficultés humaines liées à des interventions relatives à des accidents, des blessés, des malades, ainsi que la détresse de proches des personnes transportées, le personnel de la BH reste étonnement soudé et fidèle à ses missions tout au long de son existence.

Les pilotes assument tous les vols demandés, vers n’importe quel lieu plus ou moins connu. Au fil des ans on les contraint parfois à cesser leur activité pour raison d’âge ou de santé en regard de la loi et de stricts contrôles réguliers. Ils ne furent que cinq depuis 1987 et aucun n’a disparu en vol. Les assistants de vols, fonction crée en 1979, n’ont guère été plus nombreux, englobant 2 mécaniciens d’hélicoptère. Ils assument aussi toutes les missions demandées, quelle que soit la gravité de ce qu’ils vont trouver à destination. Leur activité en lien avec des médecins et les personnes transportées en urgence les met régulièrement en face de la fragilité de la vie. Même pris dans l’action et dans l’obligation d’intervenir, il peut quelque-fois leur naître ce doute lié à l’efficacité finale de leur intervention, qui n’est compensé parfois que par un mot, un téléphone ultérieur, du patient qui remercie ses sauveteurs ... mais probablement pas assez souvent ...

Personnel (1987-2005)I EntréeI DépartI Remarques
Gindre, François, piloteI 06.1979I 12.2005I 26 ans d’activité comme responsable de la Base Hélicoptère
Schmid, Jean-Bernard, piloteI 05.1988I 12.1999I Remplace Georges Castella
Schuler, Roland, piloteI 07.1990I 02.1999I Remplace Georges Raemy
Arpad Buvary, piloteI 03.1999I En activitéI Remplace J.B.Schmid
Tornay, Bertrand, pilote.I 10.1999I En activitéI Responsable de la base dès 09.2005
Künzi, Hans, mécanicien & assistant de volI 01.1985I 02.1994I
Hirt, Adrian, mécanicien & assistant de volI 07.1994I En activitéI Remplace H.Künzi
Savary, Michel, assistant de volI 08.1989I 02.2014I Comme volontaire dès 1987
Steiner Jean-Jacques, assistant de volI 07.1993I 07.2016I Comme volontaire dès 1987

Des chiffres pour masquer la difficulté de certaines interventions

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Adrian Hirt, mécanicien et le pilote Bertrand Tornay, responsable de la BH dès septembre 2005 (photo JCC).

La croissance du nombre de missions humanitaires de la BH est remarquable. Avec quelque 7 à 8 missions médicales par mois à la fin 1987 (90 par an), leur nombre annuel passe à 130 trois ans plus tard, à 190 en 1992, 280 en 1995 et 350 en 2002. Les heures de vol grimpent de 137h en 1987 à 356h en 2000. A cela il convient d’ajouter moins de 100h pour toutes les autres activités citées plus haut. Au sein des missions médicales, celles exécutées sur le lieu d’appel, 5% en 1988, dépassent maintenant les 50% ; alors que celles liées au seul transport de patient chutent de 95% à moins de 50%. Ces données démontrent clairement l’apport médicalisé croissant qui est fourni sur le terrain par la BH et ses équipages.

En outre, on peut considérer que 50 à 100 jeunes médecins ont ainsi acquis une formation complémentaire en liaison avec leur participation aux activités de Rega-15.

Créée en 1971, la Base hélicoptère (et son personnel) est l’une des rares entités suisses du genre à posséder une carrière aussi longue et plutôt discrète ! Vont-ils fêter leurs 20 ans de REGA en 2007 et leurs 36 ans d’activité ? Si l’on pouvait réunir ce jour-là toutes les personnes qui ont volé à leur bord, contraints (couchés) ou volontaires (assis), le tarmac de Cointrin serait bien encombré !

 

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Harpad Buvary (pilote), Michel Savary, le Dr Alexandre Faust, un infirmier, un patient et le HB-ZEN sur le toit de l’Hôpital cantonal genevois.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  lundi 29 août 2005
  • Pour plus d’informations, voir le site Internet de la Base hélicoptère
  • [06.2007] Baptême de l’hélicoptère HB-XVB "Robert Stierlin" (1999, couleur, sonore, 3’37’’, ≈233 Mo). Nécessite le plugin QuickTime 7.1.3 minimum. Ne pas hésiter à en laisser downloader la moitié.

    L’assistant de vol Michel Savary (1957-02.2014), qui exerçait un métier aux fonctions multiples à bord des hélicos genevois "Rega15", participa à sauver de nombreuses vies :

    [12.2015] Michel Savary "Assistant de vol" des hélicos "Rega15", images des années 90 (vidéo sonore, 03’12’’, 97Mo). Source Service Rega15. Format QuickTime 7.5 minimum.
    [03.2013] Ambulances volantes (1911-1952) (diaporama, 02’22’’, 7Mo). Format MP4.

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