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Jean BAER (1923-2004) : un physique à la Mermoz, un talent au moins aussi grand

 

C’est après la 2ème Guerre mondiale que Jean Baer passe son brevet de pilote puis toutes les étapes lui permettant de former les pilotes tant d’avion que d’hélicoptère, autant en plaine qu’en montagne ou sur glacier. Il met aussi ses capacités au service de la collectivité sur les aérodromes de Kloten, Montreux-Rennaz, Bex, Cointrin. Son apport est déterminant dans la création à Genève des services d’assistance héliportés rattachés à la Protection civile.


Jean Baer près d’un patient à bord du Bell Jet-Ranger-2 lors d’un exercice de la Protection civile genevoise en 1973 (photo BH).

Un ingénieur qui veut jouir de la 3ème dimension

Jean Baer naît à Vevey le 11 juin 1923 au sein d’une famille locale. Il suit les classes du Collège de Vevey, puis passe successivement au Technicum de Genève, à l’Ecole d’ingénieur de Lausanne et enfin à l’Ecole polytechnique de Zürich. Ingénieur de formation, il est attaché à la maison Nestlé, au bureau technique de Vevey de 1947 à 1955. A cette époque il est aussi envoyé à Kemptthal (ZH) pour parfaire des études universitaires.

Mais Baer veut apprendre à piloter et se paie son écolage qu’il effectue sur avion à Lausanne-Blécherette (VD) avec le moniteur Alphonse Kammacher dans les années 50 (licence A). En 1956 il passe sa licence B de pilote privé. Ceci lui permettra également de suivre la formation de pilote militaire. Il va dès lors changer d’orientation professionnelle et mettre définitivement le pied dans le domaine de l’aviation, pour laquelle il va développer une véritable passion. Il poursuit en permanence sa formation aéronautique et obtiendra successivement le brevet de professionnel limité (autorisé à circuler en Suisse), sa licence d’instructeur de base, d’instructeur de vols acrobatiques, d’instructeur de montagne et glaciers et obtient encore accessoirement le titre de radio-télégraphiste.

Une vie au service des autres

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Jean Baer en 1975 à la Protection civile (Photo BH).

Baer est engagé par l’aéroport de Kloten pour s’occuper de la police aérienne à la tour de contrôle chargée du trafic civil, jusqu’au milieu de 1960. Il participe ensuite à la création de l’aérodrome des Placettes à Montreux-Rennaz (VD), comme chef de place dès 1962. Pilote des glaciers, il ravitaille les hôtels et chantiers en montagne et mène quelques vols de sauvetage dans les Alpes proches en avion. Son aérodrome disparaîtra sous l’actuel nœud d’autoroute Valais-Vaud-Fribourg lors de sa construction en mars 1968. Baer migre alors à l’aérodrome de Bex (VS) exerçant le même rôle de Chef de place : En 1962 un journaliste l’y décrit en ces mots : "Grand les épaules larges les yeux clairs comme l’azur qu’il parcourt sur les ailes de ses grands oiseaux, la voix chaude, un sourire cordiale sur ses dents blanches, Jean Baer, dans son uniforme bleu, présente l’image que se fait habituellement le public du pilote idéal. Un homme loyal et droit, de la race des vrais aviateurs qui ignorent au contact du ciel et de sa solitude la méchanceté et la bassesse des hommes ... Pilote il l’est par ses titres déjà : il cumule le brevet sportif, celui de virtuosité, celui de navigant, le brevet national et l’international. Pilote de glacier, parmi les meilleurs que nous ayons en Suisse, instructeur...". A Bex entouré de hautes montagnes, Baer est déjà confronté aux premiers transports de blessés par avion alors que l’activité de base, hormis l’écolage, se déroule plutôt en vols de ravitaillement des hôtels de montagne ou l’approvisionnement des chantiers. A côté de cela il pratique aussi la voltige aérienne, l’acrobatie.

En 1962, Jean Baer est entré à l’Aéro-Club de Genève comme Chef-pilote instructeur, poste qu’il assumera jusqu’en 1971. En plus, il s’offre alors ses propres cours de pilotage en hélicoptère, breveté en avril 1966 (no.98), puis devient également instructeur d’hélicoptère à Genève, avec son propre Hughes-300 (HB-XCC), également partagé avec l’Aéro-Club et la SATA. Durant cette période, Baer est ainsi le pionnier de la première école "Aéro-Club" de Suisse formant au pilotage d’hélicoptère ! Il participe également à quelques meetings aériens en Romandie avec son hélicoptère. Côté avion, il n’est pas épargné par un accident, lorsque décollant de Cointrin en Piper Cub derrière un gros appareil, les remous du sillage de ce dernier mettent complètement le Piper sur le dos au sol (avril 1965, HB-OGT). Blessé, Jean Baer survivra heureusement. On connaissait peu alors ce phénomène qui oblige aujourd’hui à séparer les décollages par un "certain délai" nécessaire à calmer l’atmosphère.

Charisme et sang-froid

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J. Baer en 1976 (Photo BH).

Nombreux sont les pilotes de l’Aéro-Club ou privés qui sont formés, dans l’une ou l’autre discipline, par cet homme généreux, totalement dévoué à la cause de l’aviation, et qui apprécient son calme et ses qualités pédagogiques et techniques. Un autre article complète la personnalité de Jean Baer ainsi : "Des yeux perçants semblant sans cesse chercher quelque chose, le visage volontaire de chef qui sait ce qu’il veut, une ample chevelure ondulée qui s’écarte sur l’arrière pour dégager largement le front, une allure sportive que souligne un blouson gris-bleu. Aux épaulettes trois galons : ce sont les licences, une étoile : l’insigne de l’instructeur. Instructeur de l’Ecole d’hélicoptère de la Section genevoise de l’Aéro-Club suisse. Il se dégage de sa personne une impression de force, d’énergie mais aussi de calme."

En 1968 il va notamment former les premiers pilotes de la future base hélicoptère de la Protection civile genevoise et devenir le responsable de ce service lorsqu’il est officiellement créé en avril 1971. Son rôle est déterminant dans la naissance de cette entité et dans l’achat du premier hélicoptère, un Hughes-500 (HB-XCW) (voir : Récit). Ce sont là les premiers transports de patients dans le canton de Genève, entre le lieu d’accident et l’Hôpital cantonal, et des centaines de missions au service de la population, médicales ou non. En parallèle, il continue à former quelques pilotes d’avions sur son temps libre à l’Aéro-club (1971-77) et participer à l’existence de cours de vol sur le glaciers. Des difficultés temporaires cardiaques et d’équilibre vont malheureusement l’interdire de voler sur hélicoptère. Il compte alors 5.550h de vol dont 41.110 atterrissages en avion, car les instructeurs font de très nombreux mais courts vols. En hélicoptère, avec 2.150h de vol, il cumule 12.590 atterrissages, les envolées y sont presque aussi brèves !

En décembre 1978, Jean Baer est engagé par l’Aéroport International de Genève (AIG) en tant que chargé de mission, poste qu’il gardera jusqu’à sa retraite, à 65 ans passés, à fin juin 1988. Retraité, et avec son épouse, ils distribueront leurs loisirs entre Vevey et la Bretagne. C’est ici que disparaîtra Jean Baer dans la nuit du 9 septembre 2004.

 

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Jean-Baer et le Hughes-300 HB-XCC lors de l’inauguration de l’Héliport de Choulex, le 14 janvier 1967 (Genève).
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  jeudi 1er septembre 2005
  • Source : le magazine "La Feuille volante", de la Section genevoise de l’Aéro-club de Suisse, no.91, du 15.02.2005, par Claude A. Girard.
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