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François GINDRE (1946-2015) : quarante ans à exercer un métier qui fait rêver : pilote d’hélicoptère [vidéo]

 

Dernier vol dans le ciel genevois pour François Gindre, pilote d’hélicoptère. Ce 31 août 2005 au soir, François Gindre prononce pour la dernière fois la formule magique "Rega 15" qui, pendant plus de 25 ans, lui aura ouvert l’espace aérien au-dessus de Genève. Un privilège réservé aux missions d’urgence et à ceux qui les assurent : les pilotes d’hélicoptère. Ce métier qui fait rêver, le natif de Collex-Bossy ("Genevois avant d’être Confédéré") en est l’incarnation accomplie.


Portrait de françois Gindre dans les années 1990’s.

Physique de buveur d’eau, yeux bleus, profil altier, l’homme collectionne les carnets de vol comme d’autres les reportages au long cours. A ce jour, plus de 7.450 heures passées dans les airs, sous les pales de sa machine, pour un total de 25.992 atterrissages. A bientôt 60 ans, le responsable sortant de la base aéroportuaire des Hôpitaux Universitaires Genevois est sans concurrence sur la place.

"Précision, rigueur et professionnalisme" : trois qualificatifs qui reviennent en boucle à la seule évocation de son nom, dans les couloirs de l’hôpital comme à la caserne des pompiers. L’expérience de François Gindre impose en effet le respect. Elle s’acquiert de l’autre côté de l’Atlantique, dans les 8 provinces canadiennes survolées à plus que plein temps pendant 11 ans. Car si le goût de l’aviation lui vient en juin 1955, le jour où ses parents l’emmènent au « premier grand meeting aérien de Cointrin » (voir : Récit) - il a alors à peine 9 ans - c’est dans l’Ontario qu’il obtient sa licence de pilote, préférant la filière civile à la formation militaire. "L’école m’offrait au sortir de mes deux ans de cursus cent heures de petits travaux aux commandes d’un hélicoptère", à commencer par le survol des chutes du Niagara pour les touristes.

Transport de bûcherons

Clientèle et commanditaires vont ensuite se diversifier. Le mercenaire friand de grands espaces alterne transport de bûcherons, chantiers hydroélectriques et feux de forêts. Sans jamais se départir de son kit de survie. "Je ne connais pas un pilote d’hélicoptère qui ne soit pas devenu pêcheur", glisse-t-il en évoquant ces expéditions vers le nord où "les ours et les poissons sont vos uniques compagnons en cas de panne de compresseur". Le cahier des charges s’offre au passage quelques échappées ludiques : dépose de Père Noël, skieur nautique tiré par les airs ou encore hélico-stop sur une route désertique. "Je me rappellerai toujours ces deux adolescents qui levaient le pouce à l’horizontal et que j’ai accueillis à bord pour les amener 200 kilomètres plus loin", raconte leur chauffeur descendu du ciel. Les yeux brillent au moment de refaire en pensée le « vol merveilleux » de plusieurs milliers de kilomètres entre Montréal et Port-au-Prince. "Je suis resté une année en Haïti, avant mon retour en Suisse, à la fin des années 70."

Coursier des airs

La Protection civile cherche un pilote et chef d’équipe. François Gindre sera celui-là. Aux commandes de son Bell Jet Ranger 206 B, il multiplie les sorties. L’époque est encore au défrichage et au cahier des charges illimité. "On faisait tout, du vol de repérage pour photographes au transfert d’organes, en passant par le déménagement de pianos à queue en Vieille-Ville et le rapatriement de films pour la télévision." La TSR offre à son coursier des airs l’occasion de se familiariser avec les stades de foot. "On se posait sur la pelouse de la Maladière ou de Tourbillon sitôt le match terminé, avant de repartir avec la pellicule vers la caserne des Vernets."

Ces petites fugues dominicales n’étaient pas ou peu concernées par les missions sanitaires. "On ne faisait guère de médical à l’époque." Depuis 1987 et la convention passée avec les HUG, l’activité s’est peu à peu recentrée vers le sauvetage. Et depuis 2001, "on consacre la totalité de notre temps à ça : sauver des vies. C’est un privilège que de pouvoir terminer ma carrière en Suisse ainsi, dans le service public, entouré d’une équipe très soudée (trois pilotes, trois assistants de vol) et la crème des médecins anesthésistes."

Pour autant, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour François Gindre. Peu porté sur la nostalgie, il aura d’ici à Noël changé de continent et survolé de nouveaux grands espaces, du côté de l’Afrique du Sud cette fois. Non sans continuer à respecter à la lettre ce conseil grand-maternel énoncé le jour où il a fait le choix de devenir pilote d’hélicoptère : "Surtout, François, ne va pas trop vite et pas trop haut."

 

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Michel Savary et François Gindre lors d’un exercice sur la Plaine de Plainpalais le 30 mai 1999 (Photo JCC).
Par : 
Le :  vendredi 9 septembre 2005
  • Article publié dans le quotidien La Tribune de Genève du 30 août 2005 de la plume de Thierry Mertenat. François Gindre est décédé le 29 mai 2015.
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    - En 1989, l’hélico Ecureuil HB-XBC "Rega-15" participe à des exercices de sauvetage au-dessus du lac Léman, piloté avec maestria par François Gindre :

    [10.2015] L’hélico HB-XBC de la Rega genevoise lors d’exercices de sauvetage lacustres (1989-90) (vidéo musicale, 10’, 290Mo). Images : Base Rega15. Format QuickTime 7.5 minimum.

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