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Louis ANSERMIER (1869-1954) : aéronaute et vainqueur de la Coupe Gordon Bennett de 1921 [2 vidéos]

 

Louis Ansermier naît à l’époque de la cavalerie mais se passionne pour les sciences "modernes" de la fin du 19ème siècle. Il devient à Genève un pionnier du vélo, de la motocyclette, de l’automobile et un garagiste de renom. Puis ce sera une passion pour le ballon aérien qui va notamment lui permettre de devenir le vainqueur de la Coupe Gordon-Bennett de 1921.


L’un des deux vainqueurs de la Coupe Gordon-Bennett de ballons de 1921, le Genevois Louis Ansermier.

Pionnier des sports mécaniques à Genève

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En 1932, en uniforme d’aérostier militaire (capitaine dès 1929).

Louis Ansermier naît à Lausanne le 2 février 1869. Dès sa jeunesse il s’intéresse à tous les sports "modernes" de la fin du 19ème siècle. Il est l’un des premiers cyclistes (recordman en 1894) puis l’un des pionniers motocyclistes. Ultérieurement il est aussi l’un des premiers automobilistes genevois et membre fondateur de l’AuCS, du TCS. Il sera le propriétaire du grand garage Renault situé au no.20 de la rue de Lausanne, à Genève, le "Sporting garage". Il va encore créer une voiture biplace de 8 CV, de marque "Ansermier", présentée au Salon de Genève de 1906 mais finalement livrée en très peu d’exemplaires.

Ansermier suit les progrès de l’aéronautique balbutiante européenne et s’intéresse aux travaux locaux que le Genevois Alexandre Liwentaal entreprend avec des ballons et les dirigeables allemands ou français. Il l’a rencontré lors de l’exposition nationale de 1896 à Genève ou Liwentaal gérait le ballon captif (voir : Récit). Lorsque Liwentaal aura besoin, plus tard, d’une voiture pour exposer la maquette du futur dirigeable "Genève" au défilé militaire du 6 juin 1908, Ansermier la lui transportera devant le public.

Ansermier entre au Club Suisse d’Aviation dès sa fondation (1909) et y sera actif jusque dans les années 30. Membre du Conseil dès 1915, il y est délégué au matériel (1922-25) puis 2ème vice-président (1926-27). Il participe notamment à la mise sur pied des deux salons genevois de l’aviation légère des années 1929 et 1934 (voir : Récit et Récit) et suit toute nouveauté qui se teste dans le canton sur l’aérodrome de Cointrin ou ailleurs. Il est présent en février 1914 lors du 1er looping genevois effectué depuis le stade de la Servette pour transporter le Blériot de Montmain grâce à son véhicule (voir : Récit).

Lors du 1er meeting d’hydravion genevois de l’été 1913 (voir :Récit), second meeting du genre en Europe, le courageux Ansermier n’hésite pas à faire un court vol en hydravion monoplan sur le lac Léman dans l’appareil piloté par le Français Garbéro, le 20 août. Il compte ainsi parmi la vingtaine de genevois qui furent les premiers passagers locaux d’un aéroplane, qui signaient d’ailleurs une décharge intégrale avant l’envol, pour un prix prohibitif et un bref vol "extraordinaire" de 5 minutes dans la Rade.

Une passion pour le ballon à gaz

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Louis Ansermier en 1922.

Mais c’est le ballon aérien qui va devenir la passion de cet homme de 45 ans. En octobre 1913 il est l’un des 3 passagers du capitaine Spelterini qui s’envole des Acacias (GE) dans le but de réaliser des photos aériennes de Genève. Un vent très fort souffle et le voyage se termine après un vol superbe au-dessus du Léman ... près de Derendingen, dans le canton de Soleure. Le 18 mai 1914 il est à bord du "Léman" avec Eric Debétaz au départ de Malley (VD) et ils se poseront à La-Roche-sur-Foron (74, F).

Suite à la mobilisation du 1er août 1914, Ansermier qui est conducteur de véhicule, réussit à se faire muter dans le corps des aérostiers militaires et mènera là une activité proche des deux jumeaux et autres aérostiers célèbres, Auguste et Jean Piccard. Pendant la 1ère moitié du 20ème siècle, les ballons sont gonflés au gaz (gaz de ville, hydrogène) et l’on n’utilise plus de montgolfières. Peu avant l’Armistice, nommé 1er lieutenant (04.1917), Ansermier passe son brevet civil d’aérostier (no.41) le 10 août 1918.

En septembre 1921, Ansermier est le coéquipier du capitaine aéronaute suisse P. Armbruster, de Berne sur le ballon "Zürich". Ils participent à la Coupe Gordon-Bennett, à Bruxelles, qu’ils remportent après un vol de 27h30 qui se termine en Irlande (voir :Récit). Cette victoire relance également fortement l’intérêt pour ce sport en Suisse. C’est donc à la Suisse d’organiser la coupe de 1922 qui se tiendra à Genève, près de l’ancienne usine à gaz. Pour augmenter les chances helvétiques, Ansermier et l’Aéro-club genevois (CSA) organisent une manifestation publique pour recueillir des fonds et achètent finalement un nouveau ballon baptisé "Genève", testé seulement le 1er jour de la compétition et qui n’obtiendra, en mains d’Ansermier, que la 17ème place sur 19 concurrents (voir :Récit).

Peu après, Ansermier inaugure une pratique pour gens aisés qui sera fréquente jusqu’à la 2ème Guerre mondiale : le rallye auto-ballon. Le ballon "Genève" s’élève le 5 août 1923 piloté par Ansermier avec 5 passagers. Les propriétaires d’automobiles et leurs passagers font une course qui consiste à retrouver en 1er le ballon là où il s’est posé discrètement. Les automobiles Pic-Pic, Delage, Overland, Talbot et Ansaldo se succèdent au palmarès. Le ballon "Genève" participe encore à la Coupe Gordon-Bennett de 1923, mais un orage violent y tue plusieurs aérostiers, dont les 2 suisses-alémaniques embarqués dans le "Genève" qui s’abat en flammes avec plusieurs autres ballons (voir : Récit). L’essor donné au ballon en Suisse dès 1921 retombe en 1923 suite à cet accident, l’année où il reçoit son galon de capitaine.

La passion d’Ansermier va également être terriblement refroidie par l’accident de 1923 et le décès de son co-équipier de 1921. Il participe encore en octobre 1924 à un rallye auto-ballon avec le "Thuna" et semble développer moins d’activité en aérostation ; il a 55 ans. En octobre 1931 il est encore à bord du "le Léman" pour un rallye similaire dont il est l’organisateur. Il va dès lors continuer son activité auprès de l’Aéro-Club en restant les pieds sur terre et vivra très âgé pour un homme qui a voulu tout tester lors des balbutiements de l’aéronautique et qui connut aussi deux divorces. Victime d’une "longue maladie" qu’il tente de soigner après guerre à Nice ou en Algérie, Louis Ansermier, visage pittoresque de Genève, décède le 6 février 1954 à 86 ans. Lors de ses obsèques, au "cimetière des Rois", après moult discours, il reçoit le compliment suivant qui pourrait résumer l’homme : "Il sut toujours lâcher du lest pour rester au-dessus des mesquineries de l’existence, et s’élever toujours plus haut."

 

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Le Sporting garage, grand spécialiste automobile, avant 1914 (coll. : S.Ramel).
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  mardi 13 décembre 2005
  • Pour plus d’information, voir : Schweizer Luftfahrt, Vol.1, de E.Tilgenkamp. Ed. Aero Verlag, 1941, 384p, ills, à la "Librairie ".
  • [12.2007] Louis Ansermier (Diaporama, N&B, sonore, 02’, 50Mo), nécessite le plugin QuickTime 7.1.3. minimum.
    [02.2014] Louis Ansermier : témoignage radiophonique sur la Coupe Gordon Bennett de 1921 (interview sonore du 18.09.1941 par Me Suès, durée 09’). Lien vers les Archives-RTS.

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