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[article n° 113]
l’Aérostat de Liwentaal, un planeur fonctionnel bien en avance sur son temps (1894) [0]

 

L’Aérostat de Liwentaal est l’un des premiers planeurs de l’histoire aéronautique à emporter son pilote au-dessus d’un châssis et à posséder des commandes de vol (ailerons, dérive). Il vole brièvement à l’heure où le plus lourd que l’air semblent un rêve impossible pour de nombreuses personnes. D’un concept plus avancé que ceux de ses contemporains, il préfigure les machines des années 1920, avec beaucoup d’avance sur son temps.


L’Aérostat de Liwentaal (1894) probablement le premier planeur au monde a posséder des commandes de vol.

Un nom de baptême qui semble erroné aujourd’hui

Bien que le nom d’aérostat ne soit bientôt attribué qu’au plus légers que l’air (ballon, dirigeable, aérostation), ce n’est pas encore le cas en 1890 quand Alexandre Liwentaal baptise son prototype de planeur.

Malheureusement, aucun plan de cette machine n’a été retrouvé. Mais heureusement, avant ses 2 essais de vol, Liwentaal envoie un courrier, accompagné d’une bonne description de l’Aérostat au célèbre journal français d’aéronautique L’Aéronaute, qui le publie finalement dans son numéro d’avril 1894. Cet article est l’une des bonnes sources qui permit de reconstituer à posteriori l’apparence du fameux Aérostat en 1994, pour son centenaire.

Une configuration qui a 25 ans d’avance

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Vue de dessus avec ses ailes en ellipse.

Celui-ci peut être décrit ainsi : l’épine dorsale est très légère, composée d’un solide tube en acier léger. Lui sont attachées deux larges ailes elliptiques, d’une envergure totale de près de treize mètres (40 ft), dont les longerons sont en pin norvégien. Elles sont recouvertes de la plus fine des soies, tissée à la main et tendue sur l’armature. Une large queue triangulaire, également recouverte de soie, est manœuvrée de bas en haut au moyen d’un levier. Le gouvernail est également actionné par le pilote. Au-dessous de la queue, un patin sert d’amortisseur avec le sol. Le pilote s’assoit sur une selle de bicyclette, au-dessus d’une simple roue de vélo qui sert de train d’atterrissage avant, juste entre les deux ailes et exactement au centre de gravité, qui est aussi le centre de résistance du planeur.

L’Aérostat mesure 6,40 m de long. Malgré le fait que l’ensemble offre une surface portante de 46,5 m2 (500 sq.ft), le poids total est inférieur à 90 kg. L’appareil est surtout remarquable en ce qu’il possède 2 commandes de vol, l’une pour la dérive, l’autre pour les ailerons, ce qui n’avait semble-t-il jamais été fait jusque là.

Les expériences de l’Aérostat de Liwentaal ne reçurent qu’une publicité très locale à Dartmouth, pendant quelques mois du printemps 1894 et n’ont pas été enregistrées dans les annales de la Royal Aeronautical Society britannique. Les historiens locaux on fait ressurgir cette histoire en 1994 et une biographie complète du Genevois Liwentaal a pu être publiée en 2004.

Il est aujourd’hui possible de découvrir la maquette de l’Aérostat, le planeur de Liwentaal, à une échelle réduite (1/32e) au Musée de Dartmouth (GB) ainsi qu’au Musée des transports de Lucerne (CH). L’Aérostat a donc été reconstitué le plus fidèlement possible, avec toutes les données connues et les technologies générales d’aviation disponibles à l’époque. Un petit personnage placé près de l’appareil donne l’échelle aux visiteurs.

 

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La presqu’île de Dittisham sur la rivière Dart.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  mardi 13 décembre 2005
  • Pour plus d’information, voir : « Alexandre Liwentaal, un genevois pionnier européen de l’aéronautique », par J.C.Cailliez. Editions Secavia, Genève 2003, 224p. 80 photos, à la "Librairie ".
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