Le site des pionniers de l’aéronautique à Genève 
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[article n° 151]
La Tourangelle (Gland, VD), terrain d’un mécène ouvert aux aviateurs et planeurs genevois (1931-39)

 

Créé en 1931 à l’initiative d’un riche propriétaire britannique, David W. Batsholts, le terrain d’aviation de la vaste propriété "la Tourangelle" à Gland (VD) ne fonctionne que 9 années. Piste en herbe sans hangar ni atelier ou dépôt d’essence, elle sert à l’avion du maître de maison ou à l’hydravion d’un voisin. On y verra un meeting d’inauguration, un court usage militaire, quelques journées de propagande aéronautique jusqu’à la guerre, mais surtout l’activité des membres genevois du club de vol à voile durant les années 1934-1935.


Une grande partie de l’ex aérodrome de la Tourangelle, en bordure de la route suisse, côtoie les serres du "Garden Centre Schilliger" à Gland (VD).
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Un mécène donne l’accueil aux amoureux du vol

Le 17 août 1930 un biplan militaire Haefeli piloté par le capitaine vaudois William Tardy se pose et repart de la Tourangelle. C’est le 1e acte de l’existence de cet aérodrome en herbe de la côte vaudoise. Davidson William Batsholts (1876-1942), ex industriel d’origine britannique, réside dans une magnifique propriété, au sud de Morges, bordé au nord par la route nationale, la "Route suisse", et le lac Léman au sud. Mécène et passionné d’aviation, breveté pilote en 1933, Batsholts est membre d’honneur de l’Aéro-club de Genève. Il possède un avion biplan biplace de Havilland Puss-Moth (CH-261), de couleur noire à liserés rouges, et plus tard un Leopard-Moth.

Il fait aménager à ses frais un vaste champ d’aviation dans sa propriété, acquérant les parcelles voisines nécessaires auprès de 34 propriétaires. Il obtient de déplacer les lignes téléphoniques aériennes et bénéficie finalement d’un terrain de 650 m de long par 350 m de large, équivalent à la taille de Cointrin. Mais il n’y aura là ni hangars, ni atelier ni réserve d’essence. L’aérodrome lui permet de rejoindre Genève-Cointrin avant de voler plus loin. Son rapide canot-moteur long de 7m, "La Tourangelle", lui permet aussi de rallier le centre-ville. Pour les autres aviateurs, la Tourangelle est une escale possible en cas de problème technique ou mauvaise météorologie entre la Blécherette (Lausanne) et Genève.

L’inauguration du terrain de la Tourangelle se déroule le 26 juillet 1931. C’est une belle journée à laquelle une vingtaine d’appareils participent ainsi que quelque 3 à 4.000 personnes. Des appareils civils et militaires sont présents et l’on note une magnifique démonstration d’acrobatie aérienne par le lieutenant genevois Frédéric Zulauf sur un des Dewoitine. Les trois Dewoitine présents réalisent également des évolutions de conserve. Parmi les Genevois venus sur le site, on note Maurice Duval, président de l’Aéro-club genevois, Marcel Weber (Biogr.) patron de Cointrin accompagnés de nombreux pilotes. Ces derniers participent à 3 concours : précision d’atterrissage, largage de dépêches dans une cible et course de vitesse entre Rolle-Nyon, en deux circuits. Le bénéfice financier de la fête ira à deux dispensaires, à Nyon et à Rolle.

En 1934, une escadrille militaire suisse manœuvre sur le terrain de la fin août au début septembre. Un riche voisin, le champion de golf international britannique Francis Francis, y pose occasionnellement son hydravion amphibie (1932-1936). De 1934 à 1939, le Meyrinois de Lausanne Alphonse Kammacher y organise des journées de propagande aérienne avec baptêmes de l’air. En 1939, à la déclaration de guerre, les militaires surveillent ce terrain qui est toutefois fermé à l’aviation.

Pour les Genevois, l’existence de cet aérodrome est surtout lié à un épisode de la vie des membres du club de vol à voile de l’aéroclub de Genève. Chassés de Cointrin en 1933, ils seront abrités à la Tourangelle durant les années 1934 et 1935 avant leur retour à Cointrin. C’est là que certains membres de l’Aéro-club obtiendront les premiers brevets "A" et "B", sous la houlette de leur moniteur Henri Magnenat (Voir : Récit).

L’existence du terrain d’aviation de la Tourangelle ne dura que 9 ans. Il est resté à l’état de pré, au bord de la route suisse, près de l’actuel magasin "Garden centre Schilliger", amputé à l’est de surfaces occupées par des villas, proche de magnifiques parcs de verdure de belles propriétés des bords du lac Léman.

 

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L’ex-terrain de la Tourangelle en été 2009.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  jeudi 6 avril 2006
  • Pour plus d’information, voir : L’aviation vaudoise, de Philippe Cornaz. Ed. Cornaz, 1997, ills, pp:78-83, à la "Librairie ".
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