Le site des pionniers de l’aéronautique à Genève 
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[article n° 202]
Plan-les-Ouates : du terrain d’exercice militaire à quelques passages remarqués de l’aviation (dès 1909) [vidéo]

 

Délaissé par les militaires en 1874, devenu terrain hippique est sportif, le "Camp" de Plan-les-Ouates accueille des essais sporadiques de planeurs en 1909 et 1933-34. C’est surtout le grand meeting d’août 1911 qui attire le tout Genève au village où René Vidart sort en grand vainqueur des 3 journées. En 1914, deux rapides atterrissages sont à signaler ainsi qu’un capotage sans gravité en 1936. Les modèles réduits s’y illustrent vers 1946-48. Depuis lors, "PLO" n’a plus renoué semble-t-il avec l’aviation.


Une partie du champ d’aviation de Plan-les-Ouates en été 1911 sur l’ex-terrain militaire proche de l’actuelle Route du Camp. En l’air, le pilote Labouchère (NL) sur biplan Zodiac et au loin René Vidart de Divonne-les-Bains.

Du camp militaire au terrain des sports

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Armoiries de Plan-les-Ouates.

On ne sait plus exactement quand la plaine des Vuattes est devenue avec le temps Plan-les-Ouates. Par contre, à Genève au début du 19e siècle, on pratique les exercices militaires juste derrière les fortifications de la ville, mais l’on manque bientôt d’espace. Alors, dès août 1819 on utilise des terrains à PLO, ceux qui ont abrité des armées étrangères en 1792 et 1814-15. Trois compagnies d’artillerie, de cavalerie et d’infanterie y trouvent l’espace suffisant pour leurs manœuvres, les hommes dormant sous des tentes blanches. On y pratique le tir réel au canon. Les dimanches, le spectacle et la parade militaire attirent la foule. Les familles viennent également admirer leurs rejetons. Puis les armes à longues portées vont nécessiter des espaces encore plus vastes et, en 1874, les exercices militaires quittent le canton. Plus tard ce lieu devient un champ de course pour chevaux, puis un stand de tir qui est arrêté par vote de la population, puis un lieu de football, de golf. Le dernier sport pratiqué sur ce terrain durant de très nombreuses années par les suisses-alémaniques de Genève, jusqu’à la fin des années 1960, est le hornuss ! La polyvalence du lieu va encore le dédier à l’aviation par son idéale situation, à l’abri des grands coups de vent du canton.

Ce terrain de 310.000m2 possède alors la forme d’un grand trapèze qui a pour base la route de St-Julien depuis le carrefour avec la route du Camp, avec cette route du Camp pour côté gauche, la route des Chevaliers-de-Malte pour flanc droit, ces deux côtés étant reliés par le chemin Vandel et le chemin du Pré-du-Camp (voir plan).

La 1ère trace aéronautique à PLO se situe en décembre 1909. Un Henri Mercier, qui n’est pas celui cité plus loin mais peut-être un parent, ingénieur de la maison Perrot-Duval & Cie procède à Plan-les-Ouates à "d’intéressantes expériences de vol plané sur un aéroplane de sa construction. L’appareil biplan est remorqué au bout d’une longue corde par une automobile. M. Mercier a réussi à s’élever à plus de 25m de hauteur et a pu se rendre compte de la parfaite stabilité de son aéroplane. Ces essais préliminaires ont pour but de familiariser le pilote avec la conduite de l’appareil et lui faciliteront certainement quelques belles envolées, lorsque son engin sera muni du moteur qui lui est destiné."

Le grand meeting de l’été 1911, 2ème manifestation aérienne de l’histoire cantonale

Le morceau d’anthologie aéronautique de PLO est bien sûr le meeting aérien organisé par le Club Suisse d’Aviation (Aéro-Club), du 3 au 6 août 1911, sous le titre Journées Genevoises d’Aviation. Il veut faire, sur territoire suisse, la nique au meeting de Viry (voir : Lieu), situé sur territoire français à 10km de là. Un impresario français est chargé de l’engagement des aviateurs et vient reconnaître l’ex terrain militaire qui, à son avis, constitue un emplacement idéal pour les réunions sportives du genre. Il demande quelques petits travaux de nivellement auxquels le Conseil municipal donne aussitôt son consentement.

On constate alors une grosse activité préparatrice sur le "Camp". De nombreuses autos et motocyclettes traversent ses routes intérieures. Il est décidé de supprimer quelques arbres gênants ce qui donne beaucoup plus d’extension à la "piste". On aménage une douzaine de cantines en plus des nombreux cafés du village. L’ancienne maison de résidence du gardien de l’ex-jeu de golf est transformée en auberge. On coupe le froment de deux champs voisins pour y placer des tables et des chaises. Les ouvriers de Cormier placent des kilomètres de toile pour isoler les curieux qui ne veulent pas payer l’entrée. Des campagnards et autres s’affairent sur le vaste champ, nivelant, bouchant des trous, coupant l’herbe folle ou y mettant le feu, laissant d’immenses taches noires. Sur la hauteur sont très rapidement montés des hangars pour les 3 appareils. Une tente abritera la presse et le comité, la police en aura deux, il s’en monte encore 3 autres.... ..

Le grand vainqueur de ce meeting sera l’aviateur français de Divonne René Vidart (voir : Biogr.) parmi une poignée de concurrents et entourés d’une immense foule genevoise (voir : Récit).

Autres traces aéronautiques à PLO de 1914 à 1936

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Un "cheval de bois" du HB-OKI après l’atterrissage dû à la terre meuble (10.11.1935).

Le mardi 21 avril 1914, le pilote suisse Albert Rupp (1885-1958) et son passager suisse, l’ingénieur F. Schneider, directeur de la Luftverkehrgesellschaft, de Berlin, réalisent un raid Zurich-Plan-les-Ouates. Partis à 8h24, ils atterrissent à 11h05 ayant passé par Aarau, Olten, Soleure, Bienne, Lausanne, à une altitude moyenne de 2-3.000m. Depuis Lausanne ils volèrent à 700m. Les 260 km furent effectués à la moyenne de 105 km/h. A 18h, Rupp repart de PLO, décrit de grands cercles au-dessus de Genève et pointe vers Berne à 18h22 où il arrive à 20h44. Le biplan F. Schneider D.V.L. à moteur Mercedes 100 CV et magnéto Bosch venait de remporter le concours pour les appareils militaire suisses à Berne, le 21 avril.

Le dimanche 5 juillet 1914, l’aviateur bâlois Oscar Bider (1891-1919) part à 4h15’ de Berne avec son cousin le peintre Paul Cardinaux (1876-1957) comme passager et vole directement vers Genève à bord d’un Blériot-XI (voir : Appareil). Après 2h15 de vol et survolé Genève, ils atterrissent à Plan-les-Ouates. Genève fête le centenaire de son rattachement à la Suisse ce jour là et durant une semaine. Les deux hommes participeront à la fête ce soir là et repartiront le surlendemain.

Le jeudi 1er juin 1933, les membres du "Club des planeurs" de l’Aéro-Club pratiquent les premiers tests de l’appareil Zögling (voir : Appareil) qu’ils ont construit, sur le terrain de PLO. Ces essais, avec leur moniteur Henri Mercier (né en 1906) durent jusqu’au 7 juillet. Ils déménagent ensuite vers Cointrin. A PLO, Le 8 juin l’appareil avait été présenté aux responsables de la section en présence de l’officier Marc Bornet et du président de l’aéroclub Marcel Duval (voir : Biogr.). Le 2 juillet Jean Augsburger y pratique sa 1ère "glissade" (voir : Récit).

On retrouvera ces vélivoles à PLO pour des essais temporaires le 26 mai 1934 et le 25 novembre alors qu’ils sont principalement basés à Gland (VD) (voir : Récit).

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P.Gnesi, italo-genevois au Grand Prix de Genève à PLO avec son planeur "Italian Giant" (1947).

Le dimanche 10 novembre 1935 Le pilote genevois Ernest Berger, transportant la passagère Mme de Oliveira, à bord de son DH-60G Gipsy Moth ex-Aéro-club (HB-OKI), subit une panne moteur alors qu’il est à 700m d’altitude. Obligé de se poser rapidement dans un champ de PLO, l’appareil après avoir roulé sur la terre meuble fait un "cheval de bois" et se retourne sur le dos. Les occupants s’en tirent sans grand mal et l’appareil est réparable (voir : Récit). L’expertise découvrira que la rupture d’une tige de soupape avait endommagé un cylindre du moteur. Pour l’anecdote, cet appareil vole toujours aujourd’hui, en Grande Bretagne, immatriculé G-ABEV ! (voir : Appareil)

Sans oublier les passionnés du modèle réduit

Bien installés sur le terrain Cointrin, quasiment inutilisé durant la guerre, les modélistes du GMR (Groupe de Modèles Réduits) de l’Aéro-Club doivent quitter les lieux à la reprise du trafic commercial. Dès le printemps 1946 ils passent leurs loisirs sur le terrain de PLO. On y cite MM Roger Maret, Roger Péclet et Georges Vallet. Un concours public s’y tient le 31 août 1947, c’est le Grand Prix de Genève où participent 3 nations, 59 appareils, devant 2.000 spectateurs. Le 26 septembre 1948 s’y courre le 2ème Grand Prix de Genève organisé cette fois-ci par le Model Air Club de Genève (voir : Récit).

Tout ceci justifie amplement que le groupe culturel local "La mémoire de PLO" soit à l’origine du nom de la "Place des Aviateurs" qui se trouve dans le quartier du Pré-du-Camp.

 

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L’organisation du Pré-du-Camp lors du meeting de 1911. En bas, la route de Genève à St-Julien. A gauche, l’actuelle route des Chevaliers-de-Malte (source : Mémoire de PLO).
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  jeudi 12 octobre 2006
  • Pour plus d’information, contactez : La mémoire de PLO, c/o Joseph Deschenaux, rue du Mont-Blanc 11, tél/fax 022-731.36.29, portable 076-331.36.29.
  • [12.2015] Histoire aéronautique de Plan-les-Ouates en images, ou "Plan-les-Ouat’Air" (1911-2011) (diaporama musical, 03’39’’, 9Mo). Format MP4.

     
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