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[article n° 41]
Le RS-40 de Stierlin, un bijou d’hélicoptère individuel à emporter avec soi en vacances (1963-1969) [3 vidéos]

 

Après avoir essayé des moteurs d’aviation, Stierlin se tourne vers les moteurs hors-bords, plus légers pour une même puissance. Il imagine et crée dorénavant seul ses appareils Le dernier étonne encore plus les professionnels et on lui demandera à plusieurs reprises de le produire en série. Les amateurs, les peu fortunés voient dans le RS-40 la concrétisation de tous leurs espoirs. Mais Stierlin ne l’a produit que pour son propre plaisir.


Le RS-40 à Cointrin, en 1999, lors du baptême de l’hélicoptère de la Sécurité civile au nom de Robert Stierlin. Les 2 appareils portent l’immatriculation HB-HBV.

Cet hélicoptère monoplace va connaître 2 versions, l’une, tripale, qui ne sera pas testée en vol (1963), la seconde, bipale, qui volera à la fin 1964. Sa première originalité est l’emploi d’un moteur hors-bord léger (500gr par cheval de puissance), dont le refroidissement originellement assuré par l’eau ambiante doit être réalisé autrement. Stierlin essaye de faire circuler de l’eau d’Evian dans les tubes creux de la queue de l’appareil, tubes ventilés par un rotor principal tripale, mais ce choix s’avéra insuffisant. Il utilise finalement un radiateur de Peugeot-404, ventilé à la fois par le rotor (au-dessus) et par un ventilateur (en dessous), avec succès. Les fabricants de moteurs de bateaux s’intéresseront à cette réalisation qui ouvre peut-être de nouveaux débouchés

Le châssis est en tubes d’acier soudés (brun doré) et des patins en aluminium sont installés. Le berceau du moteur se trouve dans le dos du pilote. A souligner, une transmission multi-courroies du 1er plateau réducteur, souple, silencieuse et légère, ainsi qu’une autre pour le rotor anticouple (à droite) au lieu d’un arbre. L’arbre, entre le 2ème réducteur et la tête du rotor, est creux et laisse sortir au-dessus de ce réducteur les biellettes du pas cyclique. Il est très court, ce qui un rare pour un axe de rotor non homocinétique.

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Originalité et beauté des rotors de Stierlin : barre gyroscopique simplifiée, amortisseurs hydrauliques et télescopiques, tête de rotor bipale en bascule sur un axe, et un court mas de 45cm (ph. D.Bois, automne 1964, coll. privée).

Le rotor bipale est stabilisé par la célèbre barre gyroscopique Les précédents hélicoptères de Stierlin utilisaient une version améliorée de la barre gyroscopique de Bell, constituée principalement de deux demi-bras reliés par un berceau entourant l’arbre du rotor, et placée au-dessous (Merlin) ou au-dessus (RS-65) du rotor. Ici, la barre est plus simple et plus légère, d’une seule pièce, en bascule, traversant l’axe du rotor à son sommet, également au-dessus des pales. L’ensemble rotor/barre est de taille et de poids bien réduit par rapport aux précédentes machines. Les pales au profil NACA-8H12 sont en segments de baguettes de bois collés, enduites d’Araldite et recouvertes de tissu en fibre de verre, puis peintes de couleur aluminium (corde 16cm, une pale 4,5kg). En 1968 par confort, un siège de karting remplace l’ancien siège fait main.

Facilement démontable, transportable dans une Renault 4L, l’hélicoptère se remonte en l’espace d’une heure. Non démonté il rentre sur le plateau arrière d’une land-rover. Le démarrage du moteur se fait en tirant une corde comme sur les bateaux ou les tondeuses à gazon, le rotor étant débrayable. Le pot d’échappement de ce deux-temps, pot à absorption, est accordé et relativement silencieux mais laisse reconnaître le bruit spécifique, un peu aigu des petits moteur de hors-bord. Le pilote lance le rotor à la main puis enclenche l’embrayage. En ce qui concerne les qualités de vol, L’appareil est très stable, notamment par l’emploi de la barre gyroscopique située au-dessus du rotor. On possède plusieurs films de ses démonstrations en meetings qui nous font croire à une simplicité d’emploi, et une grande maniabilité.

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Le moteur de hors-bord Johnson de 40cv et sa transmission à courroies, dans son berceau volant (coll. privée).
RS-40-V2Fiche technique
MoteurJohnson RDS-22, 2cyl. 720cm3, 2 tps, 40cv à 4.500tr/min, 20kg. Consommation 15-16L/h de carburant : 90-92oct et 4% d’huile
RotorsPrincipal : semi-rigide, articulé, à balancier, diamètre 5,60m, à 500tr/min. Anticouple : diamètre 1,22m, à 1.850tr/min, transmission par courroies.
ChâssisTaille hors tout : 6,87m. Hauteur hors tout : 1,70m. Empattement : 1,40m. Distance entre rotors : 3,55m. Poids : 123kg à vide, 204kg avec pilote.
VitesseCroisière : 70-80km/h ; maximum : 120km/h. Autonomie : 50km, 20 minutes (5 L).
Vol théoriquePlafond avec effet de sol : 1.000m ; stationnaire sans effet de sol : 650m.Plafond absolu : 3000m. Vitesse ascensionnelle max. : 180m/min.
DiversDescente en auto-rotation : 5m/s. Instruments de vol : 3. Période : 1963-1969

- L’hélicoptère Stierlin RS-40 est exposé au Musées des Transports et de la Communication de Lucerne.

- L’hélicoptère genevois de la Sécurité civile "Rega-15", entre 1990 et 2003, portant également l’immatriculation HB-XVB, a été baptisée au nom de Robert Stierlin en mai 1999.

 

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Chavannes-des-Bois, automne 1964.
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  mardi 12 juillet 2005
  • La carrière de R. Stierlin a été traitée dans le magazine Hélico-Revue Nos.43 (1999), 44 et 45 (2000). Voir aussi le magazine de l’Aéroport de Cointrin "23-05" no.20 de juillet 1999 et le journal de la commune de Meyrin "Ensemble" no.20 de mars 2001.
  • [02.2007] Le RS-40 sous la loupe (Diaporama couleur, sonore, 03’22’’, 70Mo).
    [10.2007] L’hélico RS-40 et la voix de son maître ! (vidéo, n&b, sonore, 02’50’’, 64Mo). Nécessite le plugin QuickTime 7.1.3 minimum.

    - Ci dessous, ne ratez pas le tout début de ce reportage TSR de 3 minutes :

    [01.2015] Robert Stierlin en vol avec son hélico léger RS-40 à Ecuvillens (02.09.1967) (vidéo sonore, 0’30’’). Sur le site des archives de la RTS.

     
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