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[article n° 69]
Création de la Base hélicoptère de la Protection Civile genevoise (1971) [2 vidéos]

 

Seul canton de Suisse à se doter d’un hélicoptère en propre, l’Etat de Genève veut lui faire couvrir des besoins liés à la Protection civile, à la Police et accessoirement à des travaux d’intérêt général. C’est le début d’un processus dans lequel les aspects médicaux prendront de plus en plus le pas sur toute autre activité, s’étendant jusqu’à la France voisine


Jean Baer et Georges Castella devant le Hughes-500 à la Base Hélicoptère (photo BH).

Un exemple venu d’ailleurs

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G.Raemy, M.Gaille, G.Castella devant un Bell-47G2 en 1972 (photo BH).

Le terrible accident lié à un glissement de terrain dans le barrage de Longarone, en Italie du nord-est (1.917 morts en 1963), a démontré que lors de certaines catastrophes, seul l’hélicoptère est à même d’aider blessés et survivants. Le canton de Genève va dès lors mener un long combat d’opinion et de politique pour posséder en propre un outil similaire pouvant intervenir au nom du service de la Protection civile (PC). Les premières étapes concrètes débutent en 1968 lorsque 3 pilotes d’hélicoptères sont formés dans cette intention par l’Aéro-club de Genève (AéC) et Jean Baer, utilisant un appareil Hughes 269B biplace (HB-XCR). MM Georges Castella, Georges Raemy et Marcel Gaille mènent alors des exercices héliportés incluant l’usage d’une civière placée sur le patin extérieur de l’hélicoptère.

Le Parti du Travail va longtemps s’opposer à l’achat d’un hélicoptère par l’Etat (640.000F équipé), alors que le Major Roland Troyon du Service de Sécurité de l’Aéroport (SSA) est l’élément actif le plus positif de la période pour la création de la base. Finalement, le 1er avril 1971 la Base Hélicoptère (BH) est créée. Ses missions ne sont pas que médicales, mais aussi de police et administratives : transport de matériel, de médicaments, contrôle de la circulation, interventions sur le lac en cas de naufrage, photo aérienne, étude de nouvelles voix de circulation, recherche de véhicules, etc.. L’hélicoptère acquis est un Hughes 500 (HB-XCW) de 4 places, le meilleur marché d’alors, qui est encore trop petit pour permettre de donner des soins à bord et donc surtout utilisé pour le transport d’un patient lors de missions médicales. Le patient est transporté dans la largeur de l’appareil, débordant de chaque côté et protégé par 2 sortes d’ouies vitrées. Sans treuil, l’appareil est équipé de 2 gros flotteurs en caoutchouc pour pouvoir se poser sur le lac. Flotteurs et ouies pénalisent les performances de cet appareil de 300 CV. J.Baer est entre temps devenu le chef pilote et l’instructeur de la BH.

Un combat administratif perdu d’avance, durant 5 ans, va concerner le lieu où doit résider l’hélicoptère. Le monde politique se bat pour Bernex, siège de la PC, quitte à réduire les heures de vol et l’emploi du Hughes pour ne pas incommoder la population et quitte à construire un héliport spécial (pas de vol nocturne et 1 seul vol par jour !). La population locale utilise pétitions et Tribunal fédéral pour voir l’appareil s’installer ailleurs. L’aéroport et les pilotes souhaitent qu’il reste à Cointrin où il est accessible 24H sur 24 au chemin H.C.Forestier (Meyrin). Finalement, la BH ne quittera jamais l’aéroport de Cointrin. Utilisant d’abord le hangar de l’Aéro-club et un petit local du SSA, la BH obtiendra finalement ses propres bureaux et un hangar pouvant abriter 2 appareils

Entre temps, en mars 1972, lors d’un exercice, l’appareil subit un accident en montagne (un blessé léger), nécessitant de lourdes réparations et retourne en fonction à la fin août. Occasionnellement, lors de périodes de gros entretien, on loue pour quelques jours un Bell-47 ou une Alouette III à Heliswiss.. En 1974, la BH comptera quelque 180 missions de tous types dont 66 de transport de patients (37%).

La véritable activité sanitaire héliportée débute avec le Bell 206

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J.Baer et G.Castella transportent un prématuré en couveuse avec le Bell 206, oct.1976 (photo BH).

Un hélicoptère Agusta-Bell 206 Jet-Ranger-2 (HB-XEP) est acheté d’occasion 450.000F par la PC et utilisé dès mai 1975 jusqu’à avril 1983. Avec 5 places, deux pour les pilotes, il permet un chargement très aisé de la civière et dégage un espace suffisant pour un traitement médical à bord. L’activité peut commencer à ressembler à celle de la REGA tout en conservant des missions administratives genevoises. Le Bell n’est pas encore équipé d’un treuil, mais possède une capacité de levage via un câble fixe de 20m : "l’assiette". Quant au Hughes, il est revendu en Allemagne.

Un exemple de sauvetage spectaculaire concerne un skieur qui a chuté de 150m à la Dôle et dans un brouillard épais. Au retour, le trafic civil a été interrompu sur l’aérodrome de Cointrin et des véhicules, phares allumés, ont constitué un carré au sein duquel l’hélicoptère réussit finalement à se poser (nov.1975).

A noter que dès 1971, la BH est en relation avec la REGA, sans être l’une de ses bases et c’est en 1983 qu’une première convention partielle est signée avec elle. Le service peut dès lors étendre ses interventions de sauvetage, ainsi que des transports médicalisés de patients. Des volontaires du SSA forment le 3ème passager, avec le pilote et le médecin, embryons des futurs "assistants de vol" ou sauveteurs brevetés qui seront officialisés en 1987.

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G. Raemy et G. Castella aux commandes d’une Alouette-III (photo BH).

Après le départ de Jean Baer (1976), entre en scène François Gindre, pilote expérimenté, qui va diriger la BH de 1979 à 2005. Le Bell va nécessiter un très gros entretien technique lié à son ancienneté. Les finances cantonales sont favorables et vont permettre de s’équiper d’un appareil plus puissant et neuf, un Ecureuil AS.350B (HB-XBC) qui entre en fonction en mars 1983. Egalement plus silencieux, il est équipé d’un véritable treuil. En avril, un arrangement régional avec le département de la Haute-Savoie est signé dans le but de coordonner et d’améliorer le sauvetage et le transport des blessés et des malades dans la France voisine. En 1987, la BH intégrera le réseau des bases d’hélicoptères de la REGA, comme 15ème base, du groupe avec 3 équipages de 3 personnes. (voir Récit).

Parmi les missions non médicales

Citons quelques exemples de missions non médicales des années 80s : Parmi les missions de police : un plongeur à bord, équipé, saute en vol de plusieurs mètres pour une intervention. Le Groupe d’Action police s’entraîne à descendre en groupe le long de cordes, depuis l’hélicoptère, pour une intervention de type raid. Des maîtres-chiens embarquent leurs animaux et sont déposés sur site. Des "observateurs" étudient circulation ou manifestations. Quelques missions rapportent de l’argent : certains dimanches soir, à la fin des matchs de football, on rapporte d’urgence la bobine de film et le caméraman aux studios pour pouvoir montrer des images au journal TV de 19h30, etc.

Personnel (1971-1986)I EntréeI DépartI RemarquesI
Baer, Jean, pilote (1923-2004) I 04.1971I 1976 ?I Chef pilote et instructeur de la BaseI
Castella, Georges, pilote (1933-2018) I 04.1971I 01.1989I Adjoint de J.BaerI
Raemy, Georges, pilote (1938-viv.) I 04.1971I 06.1990I I
Gaille, Marcel, pilote (1937-2017) I 04.1971I 08.1989I Sous-directeur Prot.Civile, remplaçantI
Gindre, François, pilote (1946-2015) I 06.1979I 12.2005I Remplace J.BaerI

 

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Le pilote Georges Castella et son passager Jean-Pierre Jobin, l’un des directeurs de Genève-Cointrin (Photo : Genève aéroport).
Par : Jean-Claude Cailliez
Le :  lundi 29 août 2005
  • Pour plus d’informations, voir le site Internet de la Base hélicoptère
  • Hughes-269B HB-XRC en vol, 1970 (vidéo, couleur, sonore, 2’, ≈70 Mo), reportage : Autrefois Genève, David Charrier, Jean-Claude Brussino. Nécessite le plugin QuickTime 7.1.3. minimum.
    La base hélico Rega-15 de 1968 à nos jours (vidéo couleur, sonore, 02’57’’, 60Mo).

     
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